Dix raisons de profiter des Journées nationales de l’archéologie les 19, 20 et 21 juin

Il n'y a pas que la fête de la musique! Depuis 2010, un grand évènement culturel a lieu chaque année : les Journées nationales de l'archéologie ou JNA, et tout ce que notre République fait pour créer et rendre utile cette incroyable richesse que sauve l'archéologie est impressionnant (voir le site du Ministère de la culture dédié à cet évènement).

 

Alors, voici 10 raisons de profiter des JNA!

 

1/ Parce que les archéologues sont jolies.

C'est vrai qu'elles le sont, mais j'ai un copain journaliste, qui à chaque retour d'une visite de fouille de l'Institut national de recherche archéologique préventive (INRAP) passe son temps à discuter de la beauté du chef de chantier avec l'attachée de presse. Alors les archéologues (masculins) sont jolis aussi. Donc, les archéologues sont beaux, mais, franchement, est-ce une raison d'aller aux JNA? Non : il faut y aller parce que nous sommes tous beaux, surtout quand nous sommes intelligents en essayant de saisir le passé de notre pays. Alors, voila le programme des JNA!

 

2/ Parce que les JNA, c'est vite vu?

Non, pas du tout : il y aura 1050 manifestations produites par plus de 500 organisateurs en France dans près de 570 lieux, et 61 portes ouvertes sur des chantiers (résumé plus fourni par l'INRAP ici). Tout cela, c'est sans parler des «villages de l'archéologie» que l'on ouvre un peu partout et de tout ce que les musées d'archéologie offrent, sans parler des nombreux guides culturels qui sont sur le pied de guerre pour faire le pied de grue avec vous devant des monuments que nous ne voyons pas tout en passant devant tous les jours, mais qui auraient beaucoup à dire si nous savions les lire. Et puis, il y en a aussi pour les enfants (ici), puisque le 19 juin, vous verrez des classes visiter des chantiers et s'initier aux métiers très divers de l'archéologie un peu partout en France.

 

3/ Parce que tous les Français sont gaulois?

Non, pas du tout! L'archéologie illustre surtout  1/ que beaucoup de lignées humaines, la plupart des lignées humaines peut-être, sont restées sur place à travers le temps et les changements culturels, changeant de langue et de culture quand il fallait : donc, oui beaucoup d'entre nous descendent de Gaulois, mais Gaulois, qui étais-tu? ; ainsi, les Français ont aussi parmi leurs ancêtres des «Sarrasins», qui sont souvent juifs, tandis que tous les Juifs n'étaient pas sarrasins (voir le Webdomumentaire de l'INRAP nos ancêtres sarrasins). 2/ que beaucoup de gens se sont déplacés, et qu'ils ont alors apporté des gènes et des traits culturels, mais davantage adopté ceux des gens avec qui ils sont venus vivre (Voir cet article de l'archéologue Vincent Carpentier dans Pour la Science établissant que les Viking de la Seine sont venus sans femmes et donc qu'ils ont été très vite assimilés dans leur nouvelle Mère-Patrie y créant la culture normande si puissante au Moyen-Âge : Gaulois, rassure-toi, elle était avant tout française, surtout en Angleterre). La diversité des thèmes couverts par les JNA illustre ces phénomènes en France.

 

4/ Parce que l'archéologie, c'est joyeux?

 

L'archéologie est l'étude des traces matérielles du passé. Une énorme partie de ces traces provient des nécropoles, de sorte que, oui, on peut penser que les archéologues vont déranger les morts dans leur retraite éternelle, même quand celle-ci se trouve dans les caves d'un Monoprix (voir l'article Les pestilentielles fosses de la Trinité sur le site de Pour la Science). Toutefois, ils ne le font qu'en professionnels, c'est-à-dire seulement quand c'est nécessaire et en respectant les règles et les usages de la manipulation de restes mortels, ce qui implique que c'est toujours avec respect pour ceux qui sont morts, récemment parfois. Du reste, depuis quelques années, les archéologues du Nord de la France ont établi l'archéologie de la Grande Guerre, qui leur a plusieurs fois donné l'occasion de rendre quelqu'un à sa famille (Voir le livre L'archéologie de la Grande guerre, par un archéologue au nom prédestiné, Yves Desfossés et ses camarades du régiment inrapien des territoriaux picards). Les JNA, notamment en Picardie, sont aussi l'occasion découvrir ces nouvelles archéologies.

 

5/ Parce que l'archéologie, çà marche au vin rouge?

 Oui, mais pas que! L'archéologie, cela marche au vin rouge, parce que la céramologie, la science des poteries du passé est énormément concernée par les amphores à vin présumé rouge que les cultures méditerranéennes du passé ont répandu partout (loin) autour de la Méditerranée. L'archéologie, cela marche au vin rouge parce que les archéologues ont besoin de libérer leurs imaginations pour ressentir toutes les pistes à explorer lorsqu'ils interprètent un site : et selon la tradition, ils le font souvent le soir après les fouilles en buvant du rouge. L'archéologie, par ailleurs, cela ne marche pas qu'au vin rouge, car il arrive aux archéologues de trouver des traces de la consommation d'autres vins : voir cet article dans Pour la Science sur le goût du Champagne au XIX^e siècle, d'après l'analyse d'une cargaison de bouteilles retrouvée par des archéologues sous-marins dans la mer Baltique. Alors, un conseil, si vous voulez mieux profiter de vos JNA, prévoyez de vous inspirer en buvant un verre de vin rouge à midi : en plus ce sera bon pour l'économie du pays.

 

6/ Parce qu'en allant au JNA, vous deviendrez riches en apprenant où trouver des trésors?

Non, pas souvent, car les trésors monétaires appartiennent seulement pour moitié au propriétaire du terrain (le plus souvent la nation) et pour moitié à leur découvreur (article 716 du code civil). Or le plus souvent, les monnaies anciennes que l'on retrouve dans le sol ont moins de valeur que les informations qu'elles représentent, et la loi prévoit la protection de ce patrimoine intellectuel. Aussi ne jouez pas du détecteur magnétique, car cela ferait de vous un ennemi du bien public (si vous voulez vous rendre compte du massacre, lisez cet article sur un vol sur un chantier de fouille et cet autre article mentionnant le pillage dévastateur fait par des amateurs de la poêle magnétique en Normandie). Et en allant aux JNA, pensez que ce que vous voyez est seulement ce que l'on a sauvé, tandis que des égoïstes en ont volé beaucoup qui nous renseignerait tant...

 

7/ Parce qu'au JNA, vous verrez comment les archéologues sculptent petit à petit le paysage français?

 

Non, pas du tout, car s'il leur arrive de faire de grands trous (comme sur ce site à néandertaliens à Havrincourt), ils les rebouchent toujours après les fouilles! En fait, la plupart des données produites en archéologie aujourd'hui proviennent de l'archéologie préventive, c'est-à-dire de fouilles prescrites par les Directions des affaires culturelles de chaque région française (voir par exemple le site de la DRAC d'Île de France). Selon la loi, le coût des fouilles est payé par les «personnes publiques ou privées » organisant les travaux  (loi du 17 janvier 2001 relative à l'archéologie préventive). Les fouilles sont ensuite réalisées par des opérateurs agréés (voir la liste du ministère de la culture) qui envoient des archéologues spécialisés dans le sauvetage prélever les données archéologiques aussi vite que possible afin de ne pas trop retarder les travaux. Le premier de ces opérateurs en France est naturellement l'Institut national d'archéologie préventive. Tout ce que vous verrez aux JNA provient de ce gigantesque mouvement qui ne s'arrête jamais. S'agissant d'archéologie préventive, notre pays est à la point mondiale !

 

8/ Parce que l'archéologie et tout ce que vous verrez aux JNA, c'est propre?

Non, pas du tout, et si vous saviez par quoi les archéologues-sauveteurs de données en passent, vous seriez éperdus d'admiration pour eux! Ainsi, par exemple, cette extraordinaire fouille d'une boucherie néandertalienne à Quincieux, qui malgré ses difficultés pratiques a donné beaucoup d'informations précieuses. Pour autant, si vous avez leur courage, allez aider les archéologues de la fouille programmée, qui embauchent à tour de bras l'été (et paient essentiellement en vin rouge) et pour cela consultez cette liste du ministère de la culture des chantiers archéologiques ouverts aux bénévoles sur le territoire national. Et avant cela, préparez vous psychologiquement en allant aux JNA, bien-sûr!

 

9/ Parce que l'archéologie çà fait sourire et ce n'est pas une prise de tête?

 

Non, pas vraiment: l'archéologie, cela peut être une sacrée prise de tête. Pensez : toute la Terre et toutes les époques, voilà son sujet d'étude! Alors, oui, cela peut-être une vraie prise de tête, tellement les détails y sont nombreux et essentiels et les variations des modes de vie et des comportements humains ont créé de restes divers et difficiles à interpréter. Toutefois, petit à petit, on y arrive, et cela, çà fait vraiment sourire! Ci-dessus, par exemple, les archéologues de l'INRAP ont montré qu'une habitude hunnique était pratiquée au sein d'une population mérovingienne. Bon, alors, si vous voulez comprendre toutes les époques au moins dans notre pays, allez au JNA!
10/ Parce que si vous allez aux JNA, cela fera plaisir à Dominique et à François?

Alors là, franchement oui! François, c'est votre serviteur, qui a eu l'honneur d'interviewer pour vous Dominique Garcia, le président actuel de l'Institut national de recherches archéologiques préventives, c'est-à-dire l'INRAP. Je lui ai demandé de décrire où en est la précieuse organisation qu'il a été appelé à diriger :  Il l'a fait, et dans la Partie 1, il m'a expliqué pourquoi et comment «l'ensemble du territoire national est devenu un site archéologique.», avant, dans la Partie 2,  de m'expliquer que «la France, ce ne sont pas uniquement les Gaulois.», puis de me parler dans la Partie 3 de l'INRAP lui-même et des gens qui le font, et finalement, dans la Partie 4, de discuter avec moi de la question de l'interprétation des découvertes archéologiques. Alors, si François et Dominique se décarcassent pour causer de tout çà devant vous, c'est pour que vous alliez aux JNA. (voir le programme de l'INRAP lié à l'évènement et au-delà)