Dix raisons de profiter des Journées nationales de l’archéologie les 17, 18 et 19 juin 2016
Il n'y a pas que la fête de la musique! Depuis 2010, un grand évènement culturel a lieu chaque année : les Journées nationales de l'archéologie ou JNA, et tout ce que notre République fait pour créer et rendre utile cette incroyable richesse que sauve l'archéologie est impressionnant (voir le site dédié à cet évènement).
Alors, voici 10 raisons de profiter des JNA 2016.
1/ Parce que les archéologues sont jolies.
C'est vrai qu'elles le sont, mais comme toutes les femmes, elles ne font pas que çà : en plus de travailler comme des zommes sur les chantiers, elles offrent de précieux enfants à l'humanité, lesquels il faut préparer à faire quelque chose d'utile pour l'avenir. De l'archéologie par exemple! Alors, emmenez vos enfants découvrir l'archéologie, ce métier si utile pour préparer l'avenir en sauvant le passé. Voilà le programme des JNA!
2/ Parce que les JNA, c'est vite vu?
Non, pas du tout : il y aura plus de 1000 manifestations organisées en plus de 600 endroits différents en France. On accueillera les enfants des écoles, ceux des familles aussi, et même leurs parents. Les portes seront ouvertes dans les centres de recherche archéologique et dans les maisons du patrimoine, et les fosses seront ouvertes dans certains chantiers de fouilles... Les archéologues de l'Unité d'archéologie de Saint-Denis, par exemple, sont appelés dès qu'on fait un trou en banlieue, et ils trouvent de tout, de vieilles tuiles médiévales, des rivières oubliées, des sarcophages francs, des Pépins francs et des pépins de raisin… Si vous habitez la Guadeloupe, profitez des JNA pour revoir l'exposition du musée Edgar Clerc, consacré aux cultures caraïbes, donc peut-être à celles de certains de vos ancêtres, qui en tout cas ont certainement contribué à votre culture guadeloupéenne d'aujourd'hui. Si, en revanche, vous habitez les terres plutôt basses des Hauts de France, ne manquez pas l'éminente cité du passé qu'est Vermand, dont le nom provient des Gaulois véromanduens, qui s'illustrèrent contre les légions romaines. Alors, n'oubliez pas, les 19, 20 et 21 juin 2016, un chemin mène au musée de Vermand et tous les autres à Rome aux JNA, dont voici le programme.
3/ Parce que nos ancêtres étaient les Gaulois?
Pas que, mais les Gaulois en représentent sûrement une bonne partie. La partie bonne aussi? Non plus, mais pas si mauvaise, puisque, grâce à cela, les Français ont souvent la gaule. Et c'est d'ailleurs ce qu'expliquent sûrement les animatrices et les animateurs du village gaulois reconstitué de La Chaussée. Du reste, vous pourrez bien vous rendre compte du fait que les Gaulois n'étaient pas toujours des saints en allant visiter l'amphithéâtre de Saintes, où très tôt, ils allèrent assister aux spectacles barbares importés par les Italiens dans les Gaules : jeux de gladiateurs et autres tueries gratuites de pauvres fauves.
Alors, les Romains étaient-ils des Barbares? Ben oui, du point de vue gaulois, mais, techniquement, c'était les Gaulois les barbares. Moi qui croit à mes origines gauloises (entre autres), cela m'étonne. Comme le montre bien le film consacrés aux rituels terrifiants des Gaulois de David Geoffroy, montré à l'occasion des JNA dans le cadre des rencontres du film archéologue organisées par le Musée archéologique de Jublains: les Gaulois étaient en fait bien plus civilisés que les Romains. Un point que le film Quand les Gaulois perdaient la tête, projeté pendant ces rencontres établit clairement:
Et vous pourrez vous rendre compte en toute objectivité (comme moi, qui me croit d'origine gauloise) du très haut degré de civilisation des Gaulois en allant voir les autres gauloiseries (évènements consacrés aux Gaulois), des JNA, dont voici le programme.
4/ Parce que l'archéologie, c'est joyeux?
Heu....
L'archéologie, c'est l'étude des traces matérielles du passé. Une énorme partie de ces traces provient des nécropoles, de sorte que, oui, on peut penser que les archéologues vont déranger les morts dans leur retraite éternelle. Toutefois, ils ne le font qu'en professionnels, c'est-à-dire seulement quand c'est nécessaire et en respectant les règles et les usages de la manipulation de restes mortels, ce qui implique que c'est toujours avec respect pour ceux qui sont morts, récemment parfois. Ce fut par exemple le cas en 2001, quand les archéologues de l'Inrap (Institut national de recherche archéologique préventive) Gilles Prilaux et Alain Jacques découvrirent vingt soldats du 10e bataillon du Lincolnshire couchés tendrement par leurs camarades, qui les avaient volontairement déposés au coude à coude pour bien montrer leur fraternité:
Si vous avez envie d'en savoir plus sur les nombreuses fois où l'Inrap a eu affaire à des soldats de cette époque, consultez les pages que consacre l'institut sur son site à l'archéologie de la Grande Guerre. Pendant les JNA, vous pourrez aussi aller visiter la cité souterraine de Naours et découvrir les nombreux graffitis de touristes soldats de la Grande Guerre récemment étudiés par l'Inrap. Des touristes des JNA, qui vont lire des graffitis de touristes, même soldats, c'est le comble de la mise en abîme, et découvrir des abîmes ou des restes s'abîment, c'est bien çà l'archéologie. Vous avez la fossette qui se ride? J'en profite pour vous glisser une nouvelle fois le programme des JNA.
5/ Parce qu'en archéologie on recycle?
Vous vous dites sûrement, que ces archéologues sont en train de fouiller une décharge afin de faire de la récup, parce qu'ils ne sont pas assez bien payés. Tout faux! Oui, ils fouillent un dépotoir, mais il s'agit de celui du fossé des anciens remparts de Lyon datant des années 1927-1930... Même si ce dépotoir est récent, c'est une aubaine pour en savoir plus sur la poubelle de votre arrière grand mère. Un sujet scientifique, qui n'avait pas assez progressé ces dernières années. Et qu'ont découvert les archéologues? Des tas d'objets qu'ont disparu parce qu'on les a jetés (ben tiens!) et aussi, que dans les années 1930, on pratiquait le tri sélectif. C'est notre arrière grand-mère qui l'a inventé, donc. Sûrement. En tout cas, après les tombes, le dépotoir est la deuxième grande source d'information des archéologues. Vous en voulez un exemple au JNA? Très simple, vous prenez le train ailé (il n'est pas en grève, celui-là) et vous filez à la Mairie des Anses d'Arlet à la Guadeloupe visiter non seulement la nécropole d'époque coloniale, mais aussi le dépotoir de l'habitat troumassoïde que l'on y a découvert. Les poubelles, c'est aussi dans les JNA, dont voici le programme.
6/ Parce qu'en allant au JNA, vous apprendrez où sont les trésors et comment les chercher?
NON, non, non, non, non et non!
Les JNA, cela ne sert pas à çà, mais au contraire à montrer quel bon usage il est possible de faire du véritable trésor intellectuel que représentent les restes du passé. Même en cas de découverte d'un trésor monétaire, sa valeur est surtout informative, comme le montre bien le cas d'un trésor monétaire qui a été récemment découvert par une taupe en Suisse. Du reste, en France, où la monnaie est plus souvent fausse qu'en Suisse, la moitié du trésor seulement vous reviendra si vous en découvrez un (article 716 du code civil). Or le plus souvent, les monnaies anciennes que l'on retrouve dans le sol ont moins de valeur que les informations qu'elles représentent, et la loi prévoit la protection de ce patrimoine intellectuel. Aussi ne jouez pas du détecteur magnétique, car cela ferait de vous un ennemi du bien public, donc un ennemi public (si vous voulez vous rendre compte du massacre, lisez cet article sur un vol sur un chantier de fouille et cet autre article mentionnant le pillage dévastateur fait par des amateurs de la poêle magnétique en Normandie). Et puis, un trésor, c'est tellement plus beau quand nous pouvons tous en profiter. Aux JNA, vous pourrez en particulier aller voir le trésor d'Eauze, un exceptionnel trésor gallo-romain mis au jour en 1995, et dont nous profitons heureusement aujourd'hui. Alors, voici le programme!
8/ Parce qu'au les JNA, vous redécouvrirez la France?
Oui, et sous mille angles auxquels vous n'avez pu penser. Pour cela, le mieux n'est-il pas de profiter de l'un des dizaines de circuits découvertes que les archéologues ont préparé pour vous? Vous verrez qu'il y en a partout et pour tous les goûts. La France est un pays riche et l'a toujours été, de sorte qu'elle a dû trop souvent subir des guerres et en subit encore, par exemple à propos de (la loi) travail. Néanmoins, contrairement à ce que pensent certains à l'étranger, on a toujours beaucoup travaillé dans notre pays, comme le montrent les démonstrations organisées partout en France pour vous montrer comment tailler des silex, on produisait des tapisseries, du fer, on forgeait, produisait des pots, etc. etc. et bien d'autres choses encore que vous trouverez en lisant le programme des JNA.
7/ Parce qu'avec les JNA, vous redécouvrirez Paris?
Oui, car l'archéologie a beaucoup changé notre vision de Paris. Longtemps, nous avons cherché à Paris l'oppidum des Parisii, ces Gaulois qui ont donné leur nom à la ville, pour le trouver plutôt… à Nanterre. Toutefois, nous n'en sommes pas sûrs et Paris se défend, puisque la Lutèce gallo-romaine, elle, est bien à Paris, de sorte que si vous voulez découvrir Paris en tant que ville antique, vous n'aurez qu'à suivre le chemin indiqué là.Les fouilles qui se sont succédé au cours des années rives gauche, ont révélé de plus en plus l'ancienne Lutèce… romaine. Fut-elle précédée par une agglomération gauloise? On a espéré le découvrir récemment lorsque les fouilles d'une partie des sols de la préfecture de police ont révélé un riche passé médiéval, mais rien de Gaulois n'est sorti finalement (si vous voulez faire le point sur cette question, lisez çà). Pour autant, si je suis bien informé, l'archéologue Venceslas Kruta avait trouvé quelques traces gauloises dans les années 1970. Quoi qu'il en soit, la rue principale de Lutèce – le cardo maximus – traversait l'île de la Cité et passait non loin de ce qui allait devenir la préfecture de Police. Puisque la cité judiciaire va être transportée du côté de la Porte de Clichy, peut-être pourrions nous soulever le Palais de justice pour en savoir plus... ? Et si l'on ne trouve pas, nous n'aurons qu'à nous reporter au Paris d'avant la ville, par exemple au camp des chasseurs néolithiques, qui sont venus camper au 62, rue Henry Farman. Bon bref, l'archéologie a changé la face de Paris, et je vous parie qu'on peut vous en parler aux JNA? Oui et de plein d'autres choses. Alors, voilà le programme des JNA
9/ Parce que l'archéologie, cela cultive?
Alors, là, franchement, oui! Et pour s'en rendre compte aux JNA, le mieux est de profiter de notre grande usine à expositions culturelles, qui a tant de trésors d'origine archéologique à offrir : le musée du Louvre, où beaucoup d'évènements auront lieu ces jours là. ET, sinon, il y a le musée de Cluny dans le 5e arrondissement, où – c'est exceptionnel! – des étudiants de l'école du Louvre montreront les galeries des thermes , sans oublier de l'intérêt de l'exposition de ce musée spécialisé sur la période médiévale, bien-sûr.
10/ Parce que l'archéologie çà fait sourire et ce n'est pas une prise de tête?
Non, et en plus, si vous y allez, cela fait plaisir au père François. C'est qui? C'est moi, celui qui se décarcasse pour agiter sans cesse des idées justes ou fausses, mais en tout cas agitées sur les résultats de l'archéologie, de la paléontologie et plus généralement des sciences de restitution du passé. Et puis, si vous allez aux JNA, cela fera plaisir au quelques 2000 archéologues de l'Institut national d'archéologie préventive, qui, eux, se décarcassent tous les jours de l'année et deviennent plus vieux les jours pluvieux pour sortir du terrain votre passé, le notre. Qu'il pleuvent ou qu'il vente, eux, pendant les JNA, ils seront là pour tout expliquer:
Alors, faites leur plaisir. Allez au JNA, parce que ce que vous y verrez, c'est en grande partie le résultat de leur travail et de celui tous les archéologues et historiens qui travaillent depuis des siècles pour que le passé ne disparaisse par dans l'obscurité, mais au contraire resurgisse pour éclairer notre avenir.