H. sapiens a pénétré le Proche Orient bien avant H. neanderthalensis

J'avais raison de douter.

Depuis longtemps, je vous entretiens de mes doutes quant à l'histoire de la dispersion de notre espèce à la surface de la planète. Et voilà qu'une grande découverte prouve platement que j'avais plus que raison de soupçonner une sortie d'Afrique de Homo sapiens bien avant les 80000 ou 60000 ans avant le présent du discours scientifique de consensus qui a dominé au cours des derniers 30 ans! Cette découverte, celle d'un demi maxillaire d'âge compris entre 177 000 et 194 000 ans dans la grotte de Misliya sur le Mont Carmel en Israël montre que j'avais raison de douter, mais que je me suis trompé dans mes estimations: H. Sapiens, ou du moins des sapiens archaïques semble-t-il, avait déjà quitté l'Afrique il y a plus de 200000 ans (lire à ce propos l'actualité de Pour la science : L'Homme moderne a précédé de loin l'Homme de Néandertal au Levant). Cela, alors qu'il y a quelques années encore, avant l'attribution des fossiles vieux de plus de 300000 ans de Jebel Ihroud au Maroc à Homo sapiens (lire à ce propos l'article d'actualité de Pour la science Homo sapiens vieillit d'au moins 100 000 ans), notre espèce était censée avoir évolué que depuis 200000 ans seulement!

Misliya 1 est un hémi-maxillaire gauche aux caractéristiques dentaires sapiens. Toutes les dents sont présentes à l'exception d'une incisive. (C: Israel Hershkovitz, université de Tel Aviv.)

Donc, oui, j'ai eu raison, et voici quand:

En effet, dans le billet Et si des H. sapiens archaïques comptaient parmi les ancêtres des Néandertaliens?, je vous disais récemment  lancer la conjecture  que s'il se confirme que des H. sapiens archaïques vivaient dans toute l'Afrique il y a plus de 300000 ans, alors quelques uns sont peut-être passés en Eurasie bien plus tôt que ce que l'on pensait, assez tôt pour compter parmi les ancêtres des Néandertaliens. ; quelques jours plus tard, dans le billet Les Néandertaliens sont-ils des Homo Sapiens particuliers et réciproquement?, je rapportais que les Néandertaliens avaient des gènes mitochondriaux (transmis seulement par la mère) plus proches de ceux des sapiens que de ceux de leur ancêtre H. heidelbergensis et rappelais les événements de métissage Néandertalien-Sapiens avérés, remarquant qu'il semble que des vaguelettes africaines (pré)sapiens n'ont cessé de venir enrichir le pangénome eurasien, à toutes les époques nous révèlent de plus en plus de signes!.

Plus anciennement, dans Quand Homo sapiens est-il vraiment sorti d’Afrique?, je m'étais déjà posé la question de la véritable de la sortie d'Afrique de H. sapiens. J'y accumulais divers arguments chronologiques, géographiques et archéologiques pour démontrer que les hommes dits «anatomiquement modernes» (pourquoi au fait seraient-ils particulièrement modernes? ) n'avaient pu sortir d'Afrique il y a seulement 70000 ans. J'écrivais :Selon le consensus scientifique, les «hommes anatomiquement modernes» (comprendre Homo sapiens en novlangue politiquement correcte) sont vraiment sortis d'Afrique il y 70000 ans et occupaient toutes les terres atteignables, hors l'Amérique, vers 40000 ans ; l'Amérique suivra 25000 ans plus tard. 30000 ans seulement pour conquérir l'Eurasie et l'Australie, c'est explosif! Est-ce plausible? Pas pour moi. Je pense que la dispersion de l'espèce Homo sapiens a commencé plus de 50000 ans avant la date de -70000 ans.

Plus anciennement encore, dans le billet Un métis européen aux gènes paléo-chinois suggère une histoire du métissage néandertalien-sapiensje tentais d'interpréter la découverte d'un métis Néandertalien-Sapiens en Roumanie, que ses gènes semblait rapprocher davantage des Chinois que des Européens. J'expliquais cette bizarrerie par la complexité des métissages successifs Néandertaliens-Sapiens, que j'ai même essayé dans ma grande naïveté de représenter par une carte, distinguant en fonction des aires géographiques des phases de métissage M1, M2, M3, M4 et M5 :

L'histoire du métissage Néandertalien-Sapiens
(C: François Savatier)

J'ignorais à l'époque de cette tentative hardie d'interpréter un peu mieux le peu de données sont nous disposons, que – détails d'une importance majeure, qui passe étrangement inaperçu – on découvrirait l'indice de l'existence passée de «Néandertaliens extrêmes orientaux», c'est-à-dire d'une forme humaine extrêmement néandertaloïde qui vivait en plein centre de ce qui allait devenir la Chine il y a 100000 ans:

Les crânes découverts en 2010 à Lingjing en Chine frappent de par leur traits néandertaliens. (C: Zhan-Yang Li et coll.)

Ces fossiles de «Néandertaliens chinois» sont peut-être ceux de l'énigmatique espèce humaine des Denisoviens, ou peut-être pas? Quoi qu'il en soit, tant le «métisse aux gènes paléochinois» évoqué plus haut que l'existence de cette forme néandertaloïde suggère que le processus de la «néandertalisation» – la sélection progressive des traits typiquement néandertaliens à partir de la forme Homo heidelbergensis – pourrait bien être un phénomène pan-eurasien lié au froid, plutôt qu'un phénomène purement européen, comme on le pense généralement (à ce propos lire l'actualité de Pour la Science Une nouvelle forme humaine ancienne découverte en Chine). Ce phénomène étrange d'hyper encéphalisation qui a produit les Néandertaliens et les Néandertaloïdes paléochinois, je l'attribue avant tout à la vie dans les climats froids caractérisant les latitudes de la bande steppique eurasienne, qui pour moi est à la fois l'autoroute des gènes du passé et doit avoir été le lieu médian de la spéciation humaine eurasienne au Pléistocène moyen (−781 000 et −126 000 ans):

L'Eurasie est traversée d'est en ouest par une bande steppique, qui pendant le Paléolithique était couverte de troupeaux d'herbivores. Un paradis de chasseur! (C: Cerambyxcerdo)

Donc, j'avais bien raison de douter, mais d'autres avaient déjà tout vu il y 40 ans!

Alors, oui, j'ai eu raison, mais mon petit moment ridicule de gloriole passé, est-ce important? Non, d'autant plus qu'avec bien moins de données, des esprits étonnamment clairvoyants avaient manifestement déjà tout compris il y a des décennies. Expliquons, et pour cela, il nous faut commencer par détailler la découverte du demi maxillaire de Misliya 1.

Ce précieux fossile a été découvert dans la grotte de Misliya sur le Mont Carmel en Israël:

La grotte de Misliya sur le Mont Carmel en Israël (C: Israel Hershkovitz, université de Tel Aviv).

Plus précisément, il l'a été dans la partie supérieure du carré 9 de l’unité stratigraphique 6 de cette grotte:

Le carré de fouille d'où provient le fossile dans la grotte de Misliya. le point blanc indique l'endroit précis de la découverte. (C: Israel Hershkovitz, université de Tel Aviv)

Il a été mis au jour et étudié par une équipe internationale dirigée par Mima Weinstein-Evron, de l’université d’Haïfa, et Israel Hershkovitz, de l’université de Tel Aviv . Pour le dater, ces chercheurs ont commissionné trois laboratoires simultanément, qui ont appliqué différentes techniques : la datation par résonance de spin électronique fossile (une méthode qui révèle le temps qu’un élément minéral a passé enfoui), la datation par thermoluminescence et la radiochronologie (datation par l’uranium-thorium). Ces méthodes ont été appliquées sur une série de neuf silex trouvés en proche association avec le fossile, à la croûte le recouvrant, à l’émail dentaire et, finalement, pour exclure l’influence d’une intrusion de sédiments récents, à la dentine (la partie interne de la dent). À l’exception inexpliquée d’une date sur la dizaine obtenue, les estimations amènent à placer l’âge de Misliya-1 entre il y a 177 000 et 194 000 ans, avec une probabilité de 97,9%.

Il restait bien entendu à prouver qu'il s’agit bien d’un maxillaire sapiens. Pour cela, les chercheurs se sont livrés à une étude morphométrique, c’est-à-dire qu’ils ont soigneusement mesuré tous les détails visibles de la forme du maxillaire et des dents afin de les comparer à ceux des formes archaïques d'H. sapiens et d'autres espèces. Il en ressort qu’il s’agit d’un maxillaire sapiens «sans aucun trait squelettique ou dentaire néandertalien».

Un point essentiel est le fait que toutes les unités stratigraphiques de la grotte de Misliya, y compris l’unité 6, sont mêlés d’artefacts relevant de ce que les chercheurs nomment le Moustérien levantin précoce, une industrie lithique caractérisée par un débitage d’éclats dit Levallois (notamment des éclats triangulaires pouvant servir de pointe). Or ce type de moustérien est traditionnellement associé en Eurasie aux Néandertaliens, dont il constitue un marqueur. Pour autant, on sait depuis longtemps, qu'au Proche-Orient, il est associé sur certains sites à des fossiles néandertaliens et sur d'autres – les sites de Qafzeh et de Shkul – à des fossiles sapiens. En outre, il se rencontre aussi dans toute l’Afrique du Nord, notamment à Jebel Ihroud au Maroc, où a été récemment identifié le plus ancien H. sapiens archaïque connu (300 000 ans), mais aussi en Afrique de l’est à Kulkuletti en Éthiopie (279 000 ans) à Kapthurin au Kenya (285 000 ans) et même plus anciennement encore – il y a quelque 500 000 ans avant l’apparition d’H. sapiens –  à Kathu Pan en Afrique du Sud (bien que ce soit étonnant et donc discutable). Jusqu'à présent on continuait à lier le moustérien avant tout à H. neanderthalensis, mais la date fournie par Misliya 1 suggère que l’apparition du débitage Levallois en Eurasie pourrait  être, comme l’écrivent les chercheurs, «associée avec l’apparition des H. sapiens» au Levant. Cette évolution de notre point de vue sur le Moustérien est une nouvelle de grande importance en paléoanthropologie, puisque cette industrie lithique – longtemps considérée comme l'apanage des Néandertaliens d'Europe – semble de plus en plus être une évolution de l'Acheuléen (l'industrie lithique du Paléolithique inférieur) ou du moins l'étape qui suit l'Acheuléen, qui s'est propagée en Eurasie à partir de l'Afrique il y a quelque 400000 ans ou plus, avec notamment les ancêtres des Néandertaliens. Cette date approximative est corroborée par la découverte récente d'un débitage Levallois – une technique de production multiple d'éclats coupants associé au Moustérien – sur le site d'Attirampakkam en Inde du Sud, qui daterait de 385000 ans.

Pour les auteurs de la découverte du maxillaire de Misliya 1, la propagation en Eurasie du Moustérien associé au débitage Lavallois pourrait résulter de l'arrivée sur le grand continent d'H. sapiens archaïques. Quand? Il y a plus de 200000 ans, cela semble logique étant donné l'âge du fossile Misliya 1. Avant? Sans doute et cela apparaît dès lors d’autant plus probable que cette hypothèse rejoint les conclusions d'une autre étude. Une équipe constituée autour de Cosimo Posth, à l’Institut Max-Planck pour l’histoire humaine de Tübingen, en Allemagne, a analysé des gènes mitochondriaux contenus dans le tibia néandertalien HST trouvé dans la grotte de Hohenstein-Stadel, dans le Jura souabe. Comme tous ceux des Néandertaliens, ces gènes sont plus proches de ceux de son cousin sapiens que de ceux de leur ancêtre commun (Homo heidelbergensis). Dès lors, des calculs d’horloge génétique suggèrent que la diversité des gènes mitochondriaux néandertaliens constatée grâce à HST ne peut s’expliquer que si une migration d’H. sapiens archaïques est venu d’Afrique apporter au Néandertaliens leurs gènes mitochondriaux il y a entre 470 000 et 220 000 ans.

Mais surtout, il y a l’existence au Levant d’une culture matérielle (silex taillés, artefacts divers, etc.) qui semble intermédiaire entre l’Acheuléen (l’industrie lithique caractéristique du Paléolithique inférieur d’Afrique ou d’ailleurs) et l’industrie moustérienne : la culture acheuléo-yabroudienne, qui prospéra il y a entre entre 350 000 et 200 000 ans. Or un crâne partiel fossile, celui de l’«Homme de Galilée» trouvé sur le site de Mugharet el-Zuttiyeh est associé à cette culture. Découvert dans les années 1920, le crâne de l’Homme de Galilée est d’abord passé pour celui d’un Néandertalien. Toutefois, dans les années 1980, après avoir réétudié tous les fossiles du Levant, le paléoanthropologue français Bernard Vandermeersch avait attiré l’attention sur l'impression qu’il partageait avec nombre de collègues : le crâne de Zuttiyeh se rapproche, en fait, de la morphologie sapiens, mais avec la persistance de traits primitifs – l’importance du relief sus-orbitaire par exemple – qui permet de le placer parmi les Homo sapiens archaïques.

À partir de cela et d’autres observations, notamment le fait qu’aucun fossile néandertalien d’âge comparable à celui de l’homme de Galilée n’est connu au Levant, il proposait qu’une très ancienne population d’H. sapiens archaïques était déjà établie au Proche-Orient, bien avant que le fort réchauffement climatique du Stade isotopique marin 5 (130 000 à 71 000 ans avant le présent) n’ait amené au Proche-Orient une population néandertalienne allochtone, qui s’est ensuite mélangée  avec les habitants sapiens du Proche-Orient, initiant le métissage de H. sapiens et de H. neanderthalensis. Quand cette population d'H. sapiens archaïques, voire  de pré sapiens est-elle sortie d'Afrique? À partir d'il y a 400000 ans peut-être, mais il y a plus de 300000 ans certainement, si les fossiles de Jebel Ihroud au Maroc sont vraiment ceux de H. sapiens archaïques! Qui se laisse convaincre par ces indices et raisonnements, saisit dès lors toute la clairvoyance fondée sur une seule observation paléoanthropologique : 

Le crâne de l'Homme de Galilée, appartenant à l'espèce H. sapiens, d'après Bernard Vandermeersch. Quel est son âge? (C: B. Vandermeersch)

Pour réaliser pleinement la lucidité de Bernard Vandermeersch, le mieux est de la découvrir dans le texte en (re)lisant  Le rôle du Levant dans l'évolution de l'humanité au Pléistocène supérieur. Parce que d’origine francophone, sa déduction avait été peu considérée, voire était passée inaperçue auprès de ses confrères anglophones, qui font la pluie et le beau temps en paléoanthropologie (même s'agissant des Néandertaliens, qui, pourtant, ont peu foulé le territoire qui allait devenir les États-Unis!). Misliya 1 la confirme.

Ainsi, je n'ai fait que me douter à partir des limites du discours scientifique de consensus de ce que d'autres avaient déjà clairement identifié bien avant moi. C'est souvent comme cela en science : une époque découvre ce qu'une précédente savait déjà, mais était incapable de faire admettre au corpus des connaissances scientifiques.

 


14 commentaires pour “H. sapiens a pénétré le Proche Orient bien avant H. neanderthalensis

  1. Jean-Luc Kokel Répondre | Permalink

    Bonjour,
    La saga des Homos qui n’en finit pas, cela conforte la théorie de Bruno Maureille (et d’autres) qui propose l’existante d’une seule espèce depuis environ 1 million d’années. Les différences sur lesquelles on se base pour identifier les espèces pouvant relever de la variabilité des caractéristiques physiques au sein d’une même espèce.
    Cette théorie est vraiment séduisante, mais viendrait bousculer tous les découvreurs de nouvelles espèces dont ils tirent un prestige qu’ils ne seront probablement pas près d’accepter avec entrain !
    http://www.vezere-info24.fr/bruno-maureille-bouleverse-la-classification-de-nos-ancetres/

  2. François Savatier Répondre | Permalink

    Je suis entièrement d'accord avec vous Jean-Luc.

    Je ne connais pas en détail la théorie de Bruno Maureille, mais elle me semble la plus simple et la plus évidente au sens du peigne d'Ockham.

    Pour moi, l'Afrique est comme un sac de cornemuse, qui, mis sous pression, laisse échapper de l'air (des groupes humains) par deux tuyaux : le tuyau Sinaï-Levant (toujours ouvert) et le tuyau Détroit de Bab el Mandeb- Arabie du sud - Détroit d'Ormuz (quand l'océan mondial est assez bas). Ce dernier tuyau n'est pas toujours ouvert, mais à l'échelle géologique, il l'a souvent été, comme le prouve bien le fait que les faunes d'Asie du sud et celle d'Afrique sont comparables et spécialisées sur le même genre de biotope (éléphants, grands chats, grands herbivores en masse, singes, serpents tropicaux, etc.). Donc, ce qui pour moi s'est passé, c'est que lorsque l'Afrique montait en pression (sa population humaine augmentait assez), les débits des deux tuyaux suscités augmentait.

    D'après ce que nous savons, la pression (la densité démographique en Afrique) permettant des flux a été atteinte il y a quelque deux millions d'années, quand des Homo ergaster (avant Homo erectus africains) ont quitté l'Afrique pour devenir des Homo erectus (avant des Homo erectu eurasiens). Toutefois, ils l'ont fait je suppose avant le perfectionnement suffisant des techniques de chasse, donc à une époque où les humains étaient encore largement des charognards opportunistes. Pour moi, la chasse par armes de jets et épieux et coordination intelligente a évolué il y a environ un million d'années ou un peu plus, soit à quelque chose près 1,5 d'années après la sélection du genre Homo parmi les australopithèques. Je pense que cette transition vers une forme de prédation de viande plus efficace aura pu faire augmenter la population nord et est africaine, l'aura inféodé aux grands herbivores, provoquant une lente montée en puissance des flux par les tuyaux définis plus haut, parce que les humains suivaient les grands herbivores ou du moins exploraient tous les territoires en faisant vivre. Comme il y a en moyenne une sorte de biotope commun depuis la Corne de l'Afrique jusqu'en Inde, il y a une sorte d'unité composée par tous les territoires comparables sur le plan écologique de ce qui deviendra le «Croissant fertile», qui comprend l'Égypte, il ne faut pas l'oublier.

    En Europe, nous avons quelques fossiles de un million d'années, des traces sur une plage anglaise à 800000 et il est aussi clair d'après les fossiles hispaniques de quelque 400000 ans, qu'il y a un demi million d'années, il y avait en Europe d'autre gens que des pré Néandertaliens seulement. Cela va aussi dans le sens de Bruno Maureille.

    Il semble de plus en plus évident que des gens sortent régulièrement d'Afrique depuis plus de 500000 ans et colonisent l'Eurasie en se mélangeant allègrement avec tous ceux qu'ils rencontrent, ce qui leur permet de recueillir les bon gènes pour résister aux maladies locales et affronter le froid...

    Dès lors ne parler que d'une seule espèce est possible, mais qu'est-ce que cela veut dire à l'heure de la cladistique et de la taxonomique. Comme la définir exactement? Question profonde.

  3. TOURNAIRE Répondre | Permalink

    Bonjour
    Un article très intéressant pour la compréhension de l'histoire humaine, et de sa diversification, au fil du temps. Pourtant je ne vois pas de référence sur l'adn ancestral, qui me semble tout aussi pointu que la théorie que vous proposez.
    C'est surtout en raison de l'adn mitochondriale que cela est intéressant, parce qu'elle précède toujours l'adn Y, de 1000 ans voire même de plusieurs dizaines de milliers d'années.
    Ainsi cela pourrait expliquer des "chassés croisés" d'origines qui autrement feraient croire au voyage dans le temps, à chaque fois.

    Très cordialement.

    • François Savatier Répondre | Permalink

      En réponse à La Chirurgie esthétique en Tunisie.

      Bonjour. Je ne suis pas vraiment d'accord avec vous, car tout dépend de la définition que l'on donne à la notion d'espèce. Pour les paléoanthropologues, qui raisonnent à partir des fossiles, une espèce est une forme de vie ayant des caractéristiques qui lui sont propres. C'est la définition que j'emploie ici, et les néandertaliens avaient nombre de caractères propres que leurs cousins sapiens n'ont pas, à commencer par leur crâne en ballon de rugby à cerveau – semble-t-il – plus volumineux que le notre.

      Pour Carl von Linné (1707-1778), le père de la première classification du vivant, la notion d'espèce est définie par la fécondité : tous les individus interféconds. Alors, selon cette définition, semble-t-il, l'âne et le cheval feraient partie de la même espèce, car ils sont interféconds. Nous savons bien qu'un âne et un cheval, ce n'est pas la même espèce. Remarquons cependant que leurs rejetons communs sont stériles, ce qui atteste d'une distance génétique entre eux, la distance induite par une séparation de leurs populations il y a des dizaines de millions d'années.

      Dans le cas des néandertaliens et des sapiens, la situation est comparable au cas de l'âne et du cheval. Ces deux formes humaines étaient interfécondes, puisque tous les Eurasiens sont des métis néandertaliens-sapiens, mais il semble pour des raisons génétiques qu'une femmes sapiens avait de grande chances de faire une fausse couche quand son partenaire était néandertalien, ce qui n'était pas vrai pour une néandertalienne quand son partenaire était un homme sapiens. Ainsi, nous voyons que l'«espèce néandertalienne» et l'«espèce sapiens» étaient séparées biologiquement, un peu comme l'âne et le cheval, même si leur dernier ancêtre commun, aurait vécu il y a de 500000 à 600000 ans d'après les calculs d'horloge génétique et d'après le registre fossile.

      Entre ces deux définitions, choisissez. Les biologistes de l'évolution, eux, ont choisi de ne plus utiliser la notion d'espèce, trop difficile à définir, mais celle de taxon...

      Mais cela est une autre histoire...

  4. La Chirurgie esthétique en Tunisie Répondre | Permalink

    Un article très intéressant et qui explique en détails l'histoire de la diversification humaine sauf que votre théorie confronte toutes celles des autres qui ont montré, en se basant sur des analyses scientifiques des ADN, l’existence d'une seule espèce.

  5. anto desouza Répondre | Permalink

    Hey ,

    Je vois le site http://www.scilogs.fr et son impressionnant. Je me demande si le contenu ou les bannières des options de publicité disponibles sur votre site?

    Quel sera le prix si nous souhaitons mettre un article sur votre site?

    Note: L'article ne doit pas être un texte comme sponsorisé ou faire de la publicité ou comme ça

    À votre santé
    anto desouza

  6. Farida Répondre | Permalink

    J'invite les jeunes à abandonner les jeux sur tablettes et les banalités qu'on diffuse sur Facebook pour lire des contenus instructifs comme cet article.

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