Une tragédie pompéienne qui fait rire et pleurer N°1

Il avait 30 ans, était blessé à la jambe et n’était pas pauvre. Il n’a pu fuir à temps. Deux mille ans plus tard la scène de sa mort fait rire. Est-elle vraiment drôle ? (C: Parco archeologico di Pompei)

À Pompéi, un boiteux avait échappé au pire de l’éruption caché au premier étage d’une maison. Quand, finalement, il a tenté de fuir, un flux pyroclastique a précipité un énorme bloc sur sa tête.

Cette catastrophe personnelle en a précédé une autre de 2000 ans : Pompéi s’effondre. Pour y remédier, le ministère de la culture italien a lancé avec le concours de l’Union européenne le Grand Projet de Pompéi. Des fouilles ont été lancées dans le secteur V afin de rendre possible une consolidation générale des fronts de fouilles. C’est dans ce contexte qu’une victime de l’éruption vient d’être retrouvée à l’intersection de la rue des noces d’argent (Vicolo delle Nozze d'Argento) et de la rue des balcons (Vicolo dei Balconi) récemment fouillée.  L’image créée par son squelette absurdement écrasé par un énorme bloc rectangulaire ressemble à une drolatique mise en scène de bande dessinée : le corps semble orienté par sa tentative désespérée de fuir la fureur éruptive en cours juste avant l’arrivée d’un énorme bloc rectangulaire – un jambage de porte sans doute. Celui-ci écrase la tête et le torse et abrège les souffrances de l’infortunée Pompéien, instantanément enterré dans les lapili brûlants…

Sophie Hay de l'université de Southampton et Massimo Osanna, le directeur du Parc archéologique de Pompéi en train de discuter la découverte. (C: Parco archeologico di Pompei )

Quelque deux mille plus tard, Sophie Hay de l’université de Southhampton le retrouvera au premier étage d’une maison, où sans doute il s’était caché. Selon les premières constatations anthropologiques, il s’agirait d’un homme d’une trentaine d’années. L’un de ses tibias portent les traces d’une infection osseuse, qui lui rendait sans doute la marche extrêmement pénible, de sorte qu’il n’avait pu fuir dès les premiers signes d’aggravation de l’éruption comme la plus grande partie de la population de la ville.

Les restes de cuir de la bourse et une première pierre apparaissent à la fouille. (C/ Parco archeologico di Pompei)

Détail plus touchant encore, cet homme blessé tentait d’assurer son avenir en emportant avec lui sa bourse. Elle contenait d’après les premières constatations 20 pièces d'argent et deux de bronze datant principalement du IIe siècle avant notre ère avant notre ère et incluaient un denier de Marc Antoine, un denier d'Auguste et deux deniers de Vespasien.

Les restes de la bourse présentés sur le gant d'un archéologue. (C/ Parco archeologico di Pompei)

La découverte n'est pas sans rappeler d'autre régulièrement faites depuis le XVIIIe siècle, avec chaque fois la mise au jour d'un squelette exprimant encore les efforts désespérées accomplis par les derniers habitants de la ville présent pour s'échapper à temps.

Charles III de Bourbon-Parme en train de visiter Pompéi au XIXe siècle.

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