Et mourir de plaisir : histoire d’un suicide reproductif
Michel Sardou a chanté Et mourir de plaisir en 1970, une chanson qui fut n° 1 du Hit parade (l’ancêtre du Top 50 pour les plus jeunes). Faites vous plaisir…
Pour les amateurs de références plus pointues, « Et mourir de plaisir » est aussi ce que dit Camille (la maîtresse de Curiace et sœur de Horace), dans Horace, de Pierre Corneille, à la fin de la scène 5 de l’acte IV. Plusieurs films portent également ce titre. Et enfin, c’est ce que subissent… les bestioles du jour ! De fait, chez plusieurs mammifères, les mâles meurent après s’être accouplés, de façon synchronisée : une sorte de suicide passionnel collectif ! C’est le cas de ce marsupial :
Les biologistes distinguent la sémelparité de l’itéroparité. Dans le premier cas, les individus ne se reproduisent qu’une seule fois avant de mourir, alors que dans le second, ils ont l’occasion de s’adonner à plusieurs reprises aux joies de l’amour et de la parentalité. Les exemples de sémelparité (on parle même de « reproduction Big Bang ») sont nombreux : la plupart des saumons du Pacifique, l’éperlan, des papillons, les cigales, les éphémères, les plantes dites annuelles, ainsi que l’agave et le bambou.

Des saumons rouges Oncorhynchus nerka en route vers les affres de l’amour et… de la mort. © WWF-Canon / M. Roggo
Le phénomène est plus rare chez les animaux supérieurs et seuls quatre genres de marsupiaux insectivores (Antechinus, Phascogale, Dasykaluta et Parantechinus) obéissent à la règle « l’amour, puis la mort ». Les espèces concernées représentent un cinquième des espèces de marsupiaux insectivores connues. Comment expliquer ce comportement au regard de l’évolution ? Une hypothèse qui a longtemps prévalu a été l’altruisme ou la sélection de parentèle : en disparaissant, les mâles libèrent des ressources pour leur descendance qui, néanmoins, restent porteurs des gènes paternels. Ce n’est pas tout à fait ça, à en croire Diana Fisher, de l’Université du Queensland, en Australie, qui s’est penchée sur la question avec son équipe. Ils se sont intéressés à ces marsupiaux de la taille d’une souris.
Chez les mâles, au moment de l’accouplement, un mécanisme de régulation des corticoïdes est rompu, ce qui entraîne une augmentation dramatique du taux d’hormone du stress dans le sang des animaux. Il s’en suit des dérèglements immunitaires, des hémorragies, des infections qui se traduisent, au final, par une mort rapide après l’accouplement.
De plus, chez 14 espèces du genre Antechenius, les mâles, à l’âge de 11 mois, arrêtent de produire des spermatozoïdes : leurs testicules s’atrophient et les gamètes restent accumulés dans un tube enroulé (l’épididyme). La course contre la montre commence alors, car les spermatozoïdes sont progressivement évacués par l’urine. C’est l’heure des accouplements frénétiques. Notons que l’on n’observe aucun combat entre mâles.
Ainsi, outre le suicide collectif, les biologistes avaient de nombreuses questions à soumettre à leur sagacité : pourquoi les mâles ne se battent-ils pas ? Pourquoi la production de spermatozoïdes s’arrête-t-elle avant la période d’accouplement ? Pourquoi ce comportement est-il plutôt fréquent chez les marsupiaux insectivores et seulement chez eux ? Les réponses à ces différentes questions sont liées et ont notamment trait au phénomène de compétition spermatique, dont nous avons déjà parlé dans un post précédent.
Le facteur clef est la disponibilité en nourriture. Ici, les espèces étudiées vivent dans des milieux tempérés où l’abondance des proies (les insectes) connaît un pic chaque année. Les femelles s’y sont adaptées et donnent naissance à leurs petits au moment de cette profusion prévisible. Il en résulte une courte période de reproduction synchronisée pour toutes les femelles. Ce phénomène a exercé une pression de sélection sur les mâles qui, en quelque sorte, mettent toutes leurs forces dans la conquête d’une femelle et la transmission de leurs gènes.
Les biologistes ont observé que, parmi les espèces étudiées, plus les mâles ont une durée de vie brève après l’accouplement, voire dans les cas extrêmes meurent, plus la taille des testicules est importante et plus la durée de l’accouplement est longue, ce qui plaide pour une compétition spermatique. L’arrêt de la production de spermatozoïdes, octroierait un surplus d’énergie aux mâles, un atout dans la compétition qu’ils se livrent. De même, les combats seraient une perte d’énergie.
Le suicide collectif des mâles ne serait donc pas un pur altruisme, mais plutôt le résultat évolutif du comportement des femelles, une sorte de Maladie d’amour… n° 1 au Hit parade en 1973 !
Pour en savoir plus :
- D. Fisher et al., Sperm competition drives the evolution of suicidal reproduction in mammals, PNAS, prépublication en ligne, 2013.
- Tous les n°1 du Hit parade dans les années 1970.
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