Si binaire m’était conté
Le blog Binaire est un blog invité du journal Le Monde depuis 2014. Il est intéressant de raconter comment cela a démarré, parce qu’en fait, ça a démarré avec la Société Informatique de France, la SIF. À l’époque, je venais d’être nommé président du conseil scientifique de la SIF, et un copain, David Larousserie, journaliste au Monde, est venu me voir en me disant : « On ne parle pas assez de la science informatique au Monde : est-ce que tu n’as pas envie de faire un blog invité sur ce thème ? » J’ai eu envie de répondre : « Non, merci, j’ai déjà trop de choses à faire, je ne peux pas ». Mais, je me suis dit : « Moi non, mais peut-être que le conseil scientifique de la SIF, oui ? ». En fait, cela ne s’est pas fait avec le conseil scientifique de la SIF, mais avec un groupe d’amis. Vous en connaissez sûrement certains, comme Thierry Viéville, Marie-Agnès Enard, Pierre Paradinas, Charlotte Truchet, qui étaient là hier, et d’autres. Je vais rater des gens si j’essaie de lister tout le monde, donc je vais m’arrêter au noyau initial. Donc, une bande de copains décide de réaliser ce blog ; on assume : on n’a pas d’organisation, on est assez bordéliques, mais on fonctionne.
Nos rapports avec Le Monde étaient très bons avec les journalistes, moins avec l’administration, parce qu’on a décidé de manière autoritaire que le journal serait en licence Creative Commons. Tous les articles peuvent donc être reproduits par qui veut à condition de nous citer. Le Monde est gentiment venu me dire : « On vous donne 50% des royalties sur la publicité, signez, en bas de cette page ! » Mais, dans le contrat, il était marqué que j’abandonnais la propriété des articles au Monde, alors j’ai dit : « Je ne peux pas vous abandonner quelque chose que je ne possède pas, c’est en Creative Commons ». Ils m’ont dit : « C’est quoi ça? On va voir avec le service juridique ». Au bout de quatre ans, ils sont revenus me voir en me disant : « Mais comment ça se fait que vous n’ayez toujours pas signé le contrat ? ». J’ai proposé de signer le contrat sauf quelques articles que je ne pouvais pas signer. Ils m’ont dit : « On va voir avec les services juridiques ». On en est là. Le bon côté, c’est qu’on est toujours en Creative Commons, le côté négatif, c’est qu’on n’a jamais touché un centime.
Notre sujet, c’est l’informatique. Je vais vous la lire notre mission : « L’informatique participe au changement profond du monde dans lequel nous vivons, mais qu’est-ce que l’informatique, quels sont ses progrès, ses dangers, ses questionnements, ses impacts, ses enjeux, ses métiers et son enseignement ? » C’est à cela qu’on répond. On a créé des liens. Avec )I(nterstices (on est des fans d’Interstices), de temps en temps, on partage des articles avec eux. Avec 1024 évidemment, et avec la médiation dans la fondation Blaise Pascal... Il existe tout un écosystème sur la médiation
en France dont on tient à être partie avec notre particularité qui est d’être un blog grand public. Notre but dans la vie, c’est que les lecteurs du Monde nous lisent régulièrement, tous les lecteurs du Monde.
Vous allez me demander : « Combien de lecteurs du Monde vous lisent ? » Pas tous. Ça se compte en quelques milliers pour l’article de base. Pour un article plus flashy comme « Les algorithmes et la sexualité », vous passez à plusieurs dizaines de milliers. C’est un très bel article de Christos Papadimitriou. On est aussi repris ; le fait d’être Creative Commons, ça a un avantage, c’est que les gens peuvent vous reprendre. Il y a des journaux avec qui on a des affinités, comme The Conversation, que vous connaissez, qui nous reprennent régulièrement, et puis il y en a d’autres qui, des fois, nous reprennent sans nous le dire. De temps en temps, vous découvrez que vous avez été repris dans un journal X ou Y. Bon, nous, on aime ça, parce que le but, ce n’est pas notre ego, c’est qu’on parle d’informatique.
Alors, de quoi parle-t-on ? Notre sujet fétiche, ce n’est pas surprenant, c’est la science et les techniques informatiques. Et puis, la médiation, notre but, c’est de faire comprendre ce que c’est qu’un vote électronique, ce que c’est que l’IA, ce que c’est que la 5G... Tous ces trucs-là, les expliquer dans des termes que tout le monde comprend. Régulièrement, Marie-Agnès Enard revient en nous disant : « Cet article, tu n’y es pas du tout, personne ne va comprendre ». Elle nous engueule mais c’est comme ça qu’on fonctionne. On a des rubriques culte, comme « Il était une fois ma thèse », qui reprend en particulier les prix de thèses de Gilles Kahn où on demande aux étudiants d’écrire ; « les Entretiens de Binaire », dont je vais reparler...
Et je veux finir cette première partie sur Binaire en disant qu’essentiellement, on est une émanation de la SIF donc n’hésitez pas à nous aider. Le conseil scientifique fait beaucoup ; on a des gens qui publient régulièrement dans Binaire : Claire Mathieu, Anne-Marie Kermarrec... Nous sommes aussi des éditeurs, les petites mains. Quand on n’écrit pas, on prend les articles des autres et on les met sur le logiciel du Monde... Un logiciel qui n’est pas terrible. Il y a le travail de réécriture, de discussion avec les auteurs. Si vous avez des idées d’articles, allez-y, écrivez-nous, proposez-nous des sujets, écrivez des articles. Une autre façon de contribuer qu’on aime bien, c’est de dénoncer vos collègues : « Je partage le bureau avec Machine et elle a fait un truc super, elle aimerait bien en parler mais elle n’ose pas, elle hésite. » Balancez-la !
On aimerait bien toucher plus de monde... Alors, je vais faire des vœux pieux : on aimerait bien avoir un public plus jeune, on ne sait pas comment faire, donc on n’hésite pas à inviter des étudiants, des lycéens à écrire. C’est rare, on ne sait pas comment les toucher. Si vous avez un moyen de nous faire rajeunir, venez. On aimerait bien aussi toucher plus de profs de collège et de lycée, une manne de personnes au contact avec beaucoup de monde, en contact avec la vraie vie. On est déçus qu’ils n’écrivent pas plus. Donc si vous pouvez nous relayer...
Et puis, il y a des choses qu’on aimerait bien faire depuis longtemps et qu’on fait de façon homéopathique comme des podcasts. Si vous avez envie de faire un podcast régulier, venez, rejoignez-nous, lâchez-vous. Si vous voulez faire des vidéos, pourquoi pas ?
Ça, c’était le premier sujet, Binaire, j’espère que vous avez tous compris qu’on est extrêmement demandeurs du soutien franc et massif de la communauté SIF pour écrire dans Binaire et, évidemment, pour nous lire, pour nous relayer sur les réseaux sociaux, nous faire connaître. Allez-y, faites ça, on a besoin de votre soutien !
Les entretiens de Binaire...
Les Entretiens de Binaire ont commencé pratiquement au tout début de Binaire. Le conseil scientifique a écrit un texte qui était « L’informatique : la science au cœur du numérique ». On était contents de notre texte, on l’a publié sur Binaire et on aurait pu s’arrêter là. Mais, en relisant le texte, on s’est aperçus que ce n’était pas que cela, l’informatique. C’était super bien, mais c’était l’informatique décrite de l’intérieur, comme les informaticiens la voient. C’était très large, très général, avec des frontières qui englobaient la robotique, le traitement du signal... On dirait aujourd’hui : la « science du numérique », pour faire moderne, même si je préfère le mot informatique. Et puis on s’est dit : « L’informatique, c’est aussi ses liens avec les autres disciplines », ce dont a parlé Antoine Petit. On s’est demandé comment raconter ce lien avec les autres disciplines. Et on a lancé les Entretiens autour de l’informatique. Cela consiste à s’entretenir avec des gens qui travaillent avec l’informatique mais qui ne sont pas forcément des informaticiens : une chimiste, un biologiste, un physicien, une philosophe, des gens qui connaissent bien l’informatique mais qui ne sont pas informaticiens. On les interviewe et on leur demande de raconter les liens entre ce qu’ils font et l’informatique. Donc c’est une description un peu impressionniste de l’informatique, au lieu d’être de l’intérieur, on est un peu loin, on fait ça par petites touches, et ces touches, il y en a une quarantaine maintenant, depuis 2014. C’est des touches qui, à mon avis, décrivent l’informatique autrement mais de façon au moins aussi intéressante que le texte qu’on avait écrit entre informaticiens. Par exemple, il y a un entretien avec François Houllier, qui était le président de l’INRA, qui nous raconte ce que c’est que l’informatique en agronomie, et moi, je trouve ça passionnant. Voilà, les Entretiens de Binaire.
Et ensuite...
Que s’est-il passé ensuite ? Un jour, Hervé Le Crosnier qui a été professeur d’informatique dans une vie antérieure, est venu dîner à la maison ; on papotait, on avait peut-être picolé un peu trop, et il m’a dit : « Dans ma maison d’édition, C&F Éditions, je te propose de publier des Entretiens de Binaire ». J’ai répondu : « Super idée, ça me fait plaisir parce que je suis fana de ces entretiens, ça va leur donner une deuxième vie, ça va les faire lire par un autre public ». Mais je me suis aussi dit : « Une fois qu’il sera rentré chez lui, il aura oublié ».
C’est vrai qu’il ne s’est rien passé pendant un certain temps. Et puis, je vais faire un exposé à Caen, et je tombe sur une maître de conférences, Elsa Jaubert, qui me dit : « Hervé m’a demandé de regarder les entretiens pour en publier dans un bouquin ». Et puis, il se passe encore du temps et la COVID, et Hervé me présente Coralie Mondissa qui était en train d’éditer le bouquin. C’était devenu une réalité. Donc, la bonne nouvelle, la voici : un certain nombre d’entretiens autour de l’informatique, une quinzaine, vont être publiés par C&F Éditions, une maison d’édition citoyenne.
Je vais quand même expliquer ce que ça veut dire « une maison d’édition citoyenne ». D’abord, en voyant la liste de gens qu’ils publient, vous allez peut-être comprendre un petit peu : ils publient des gens comme Stéphane Bortzmeyer, Dana Boyd, Tristan Nitot, ou Fred Turner. Bon, ils ne publient pas Mark Zuckerberg. Leur idée, c’est de parler de culture numérique, et pas pour dire : « C’est génial, la culture numérique », mais pour en parler d’un point de vue critique, et militant. Ils ont une certaine façon de prendre des valeurs et de les défendre. Nous, ça nous va bien parce que les valeurs qu’ils défendent, ont un overlap énorme avec les valeurs que défend Binaire. Pour ceux qui lisent Binaire, vous avez dû comprendre que la science, pour nous, c’est une valeur qu’il faut défendre, la culture scientifique, c’est une valeur qu’il faut défendre, qui est un peu, de temps en temps, mise sous le tapis, et c’est quelque chose, avec la médiation, qu’il fait vraiment pousser, mais il y a d’autres valeurs, comme la parité : on a énormément d’articles là-dessus, les liens entre démocratie et numérique, etc.
L’informatique doit servir à améliorer le monde dans lequel on vit, et ça, c’est
une valeur que Binaire partage avec C&F Éditions, et c’est pour ça qu’on est très contents d’avoir ce bouquin qui paraît chez eux. Mais, la vraie bonne nouvelle, c’est que la SIF, dans sa grande générosité, offre un livre à chacune des personnes dans la salle. Merci la SIF. Est-ce que vous avez des questions ?
Vous avez le droit de poser une question sur Binaire à la seule condition que vous vous engagiez à rédiger un article ou à dénoncer quelqu’un qui ferait un article. C’est comme cela que ça marche dans Binaire ! On est les rois de la délation.
C’est une question très difficile. J’aurais tendance à parler des rubriques, parce que ce sont des lieux ou des rencontres régulières. On est très fiers de la rubrique sur les thèses. À titre personnel, ce n’est pas pour vendre ma sauce, j’ai pris un plaisir considérable à faire les Entretiens de Binaire. Il y a d’autres rubriques, comme Petit Binaire, qui explique aux enfants ce que sont certaines notions d’informatique, donc il y a un grand nombre d’articles que j’adore dans les articles de Binaire. Mais revenons sur les entretiens... Ces entretiens, j’ai quand même baigné dedans depuis plusieurs années, et je les ai vécus avec beaucoup de plaisir, mais le regard de C&F Éditions dessus était tout à fait autre. Moi, ce que je voyais là-dedans, c’était comment expliquer ce que c’est que l’informatique avec ce côté impressionniste. La façon dont Hervé l’a lu est complètement différente : « Ces gens-là ont une passion et ils partagent leur passion de l’informatique ». Cela m’a fait porter un autre regard sur ces entretiens. C’est vrai que c’est ce qui transparait, c’est la passion. Par exemple, Arshia Cont parle de musique, mais aussi d’informatique qu’il découvre et qui le passionne. En fait, ce qui est vraiment très visible dans ces articles, c’est la passion que ces gens ont pour l’informatique et pour leur discipline, que ce soit la chimie, la biologie ou autre. Les scientifiques sont des gens passionnés, c’est ce qu’on voit bien, ils ont la passion de la science. Donc finalement ce qui est mémorable, ce qui m’a marqué, c’est leur passion.
Voilà, c’est ce que je voulais raconter, je vous remercie de votre attention.
Serge Abiteboul, Inria et ENS
Je veux partager avec vous tous comment un homme bon avec un lanceur de sorts a restauré mon mariage après 1 an de rupture, je le voulais si désespérément. Un de mes amis m'a parlé de ce puissant lanceur de sorts qui l'a aidée dans le passé sur Instagram. Je l'ai contacté et il a promis de me rendre mon ex. Fidèle à ses pouvoirs spirituels, il a ramené Mon Mari. Mon mari est venu me voir et s'est excusé pour les torts qu'il a commis et a promis de ne plus jamais le refaire. +12018346111