Benzema, héros ou sale gosse? Comment l’opinion bascule
Il n'y a pas si longtemps, Karim Benzema (l'attaquant de l'équipe de France de football) traînait l'image d'un sale gosse capricieux, surpayé et mal élevé, au demeurant inefficace devant le but. Mais voilà, depuis quelques jours c'est un héros à cause de ses deux buts marqués contre le Honduras:
De l'ombre à la lumière
Les foules ont toujours brûlé ce qu'elles ont adoré et porté au pinacle ceux qu'elles conspuaient. Il n'y a pas de juste milieu. C'est tout ou rien. Ange ou démon. Héros ou sale gosse.
Pourquoi cette loi du retournement total?
Parce que les émotions s'emballent quand elles sont partagées. Les peuples agissent comme des caisses de résonance des affects, tout sentiment positif devient hystérique et toute humeur sombre se mue en haine féroce.

Le psychologue Bernard Rimé a mis en évidence un phénomène de partage social des émotions qui conduit à leur amplification.
Le partage social des émotions
La faute à un phénomène de résonance collective que l'on nomme partage social des émotions. Pionnier de ce concept, le psychologue belge Bernard Rimé, de l'Université de Louvain, a montré depuis des années que lorsque nous vivons une émotion forte, nous éprouvons un besoin irrépressible de la partager avec nos amis, nos voisins, notre entourage, n'importe qui. Et l'émotion augmente alors de façon exponentielle.

Les réseaux sociaux comme twitter ou Facebook suscitent des phénomènes de contagion émotionnelle très rapide, comme l'a montré une étude de l'Université de Princeton.
Contagion sur Twitter et Facebook
Mais voici ce qu'ajoute le contexte des médias et des réseaux sociaux, extrêmement mobilisés autour de cet événement planétaire qu'est la coupe du monde de foot. Lorsque des émotions positives circulent sur les réseaux sociaux, par exemple, il se produit un phénomène de contagion très rapide. Tout récemment, des scientifiques de l'Université de Princeton ont montré sur 700 000 internautes sur Facebook que le fait d'augmenter le nombre de mots à connotation positive dans le "fil d'actualité" des pages Facebook d'utilisateurs se traduisait par une hausse fulgurante des affects positifs vécus par les autres utilisateurs, lesquels relaient et propagent cette humeur positive en augmentant eux-mêmes la proportion de termes optimistes dans leur fil d'actualité. C'est une traînée de poudre qui constitue l'équivalent numérique du partage social des émotions décrit par Bernard Rimé.
N'ayons pas la mémoire courte
Lorsque la toile s'enflamme, impossible d'en rester aux évaluations tièdes. Et du coup, un individu jusque là tapi dans l'ombre se trouve d'un coup propulsé en pleine lumière, par ce courant de frissons collectifs qu'offrent les réseaux sociaux. Cette fois, c'est tombé sur Benzema. Mais n'ayons pas la mémoire courte. Rappelons-nous ce que nous pensions de lui il n'y a pas si longtemps. Les réseaux sociaux ne doivent pas occulter notre mémoire.
Cet article est très intéressant (comme d'habitude 🙂 ), mais il ne s'applique pas à benzema.
D'une part il n'a jamais été considéré comme un sale gosse (d'autres joueurs oui, mais pas lui), d'autre part il n'est pas (encore) considéré comme un héros, puisque ce qu'il a fait dimanche dernier aurait pût être réalisé par n'importe quel footballeur moyen...
Quel commentaire avisé ! Il est vrai que Benzema (B majuscule SVP !) ne joue "qu'au" Réal de Madrid.