Quand la testostérone monte à l’écran : le métier de commentateur de jeu vidéo

On savait que l’industrie du jeu vidéo avait dépassé celle du disque et du cinéma. On savait qu’en plus de l’activité de jeu en soi, se développe une forme de loisir étonnante : visionner des parties jouées par d’autres, comme on va au cinéma. On apprend maintenant qu’une nouvelle profession voit le jour : commentateur vidéo, tout comme commentateur sportif. De quoi s’agit-il ? Pour le savoir, rien de tel… qu’une vidéo.

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On croit pénétrer dans les arcanes d’un univers underground surréaliste. Les fondateurs de cette entreprise semblent se laver une fois par mois, hurler dans des micros torses nus, et quand ils enfilent une chemise, c’est visiblement sans déodorant. Loin de moi l’idée de critiquer la fonction sudoripare – essentielle à la thermorégulation -, ni le droit à arborer une mine de déterré au fond d’une cave pavée d’écrans à plasma. Mais un détail vient à l'esprit : comment une femme pourrait-elle survivre dans ce chaudron?

De fait, si vous regardez le reportage de bout en bout, vous constaterez bien vite qu’aucun joueur, ni commentateur, n’est de sexe féminin. Ce qui rejoint l’idée - qui fait actuellement son chemin - que cet univers est un véritable noyau de masculinité, volontiers imprégné de sexisme.

Le sommet en la matière est peut-être le jeu GTA V. Ce jeu a réalisé en 24 heures, le jour de son lancement, un milliard d’euros de chiffre d’affaires. On épongerait vite la dette de la France avec ces produits.

Nous avons demandé à Christine Guionnet, spécialiste des questions de genre et auteur d’un ouvrage intitulé Féminins/masculins, sociologie du genre de nous expliquer ce qui fait le succès de ce type de jeu et du secteur « viril » du jeu vidéo. On retrouve son article en intégralité dans Cerveau & Psycho. Je vous préviens : cela secoue. Selon C. Guionnet, la bonne vieille virilité n’a plus droit de cité sur la scène publique, et le discours aujourd’hui accepté est celui qui fait la part belle à l’empathie et à non violence. Pour un certain nombre d’hommes (milliers, millions, milliards ?), la reconfiguration mentale et comportementale est trop dure. Ils se rabattent alors vers des univers de virilité virtuelle, décomplexée, voire enfouie au sens propre dans des souterrains !

Pour devenir commentateur viril, évitez de vous raser, bannissez le déodorant, tombez la chemise, attachez vos ceintures, et surtout, ayez de bons copains pour ces soirées au coin de l’écran.