Depardieu menace un journaliste en direct : pourquoi a-t-il perdu le contrôle?
Hier matin, Gérard Depardieu était interviewé en direct de Cannes par le présentateur Thomas Sotto sur Europe 1. L'interview, après avoir commencé dans la bonne humeur, voit rapidement l'acteur perdre son sang-froid, tutoyer l'animateur et menacer de venir "l'allumer" dans les locaux de sa radio.
Questions gênantes
Evidemment, les questions que pose Thomas Sotto sont peu confortables. Au mondial de foot, serez-vous pour la France ou pour la Russie? Ou pour un autre pays? En fonction de vos passeports... Et puis votre ami Poutine, que pensez-vous de son action en Ukraine? Et puis le film où vous jouez le rôle de DSK, vous êtes au courant des accusations d'antisémitisme...
Depardieu cerné
Et l'on comprend bien ce qui se passe dans la tête de Depardieu. Il est coincé. Que peut-il répondre? "Evidemment, je suis pour la France?" Personne ne le croira, ou en tout cas on se moquera bien de lui, de ce faux patriote, etc. S'il répond qu'il soutient la Russie, il suscitera le rejet et la question suivante sera pire: vous êtes copain avec Poutine qui annexe des états indépendants. Là encore, que dire? Depardieu est dépassé par la situation internationale, il ne peut pas développer un discours rationnel sur l'Ukraine, la Crimée, la Russie, il n'a sans doute pas les éléments, sans compter que sa position serait difficilement défendable. Sur le film Bienvenue à New York, la situation tourne en eau de boudin, avec cette polémique sur la famille d'Anne Sinclair (une fortune sauvée du nazisme, qui devient dans le film une fortune acquise de façon douteuse sous le nazisme): Depardieu ne peut plus rattraper la situation.

L'actrice Jacqueline Bisset joue le rôle de Simone Devereaux dans le film Welcome to New York. Le rapprochement avec Anne Sinclair est inévitable. Or, dans le film, Simone Devereaux a hérité d'une fortune amassée pendant la guerre, avec laquelle elle aide l'état d'Israël. Une thèse insultante au regard de l'histoire de la fortune Sinclair et de ses spoliations pendant la guerre.
Un moment de perte de contrôle
Il est en situation de perte de contrôle. Il ne maîtrise plus rien dans l'Interview. Toutes ces questions sont des impasses, ou des chemins menant vers des problématiques qu'il ne pourra développer de façon cohérente. Son cerveau produit donc une réaction d'agression.

La courbe de gauche (trait gris épais) montre que des enfants tirent de plus en plus souvent sur une cordelette pour faire défiler des images et des sons agréables. Puis, les scientifiques "brisent" ce contrôle en faisant défiler images et sons de façon aléatoire, sans lien avec les tractions sur la corde (phase FR - frustration). Les enfants arrêtent alors de tirer sur la ficelle et des capteurs placés sur leur visage montrent des contractions des muscles faciaux correspondant à l'expression de la colère.
Perte de contrôle et agression: une relation mécanique
Un des premiers facteurs déclencheurs de l'agression est la perte de contrôle. Cela peut s'observer dans des expériences simples, généralement réalisées sur des enfants où la colère est plus prompte à s'exprimer. Dans ces expériences, des enfants peuvent tirer sur une cordelette pour faire défiler des images et des musiques plaisantes sur un écran. Au début de l'expérience, l'enfant a le contrôle du défilement des images et des mélodies: lorsqu'il tire, une nouvelle mélodie et une nouvelle image apparaissent. Puis, ce lien de causalité est affaibli par les expérimentateurs: la traction sur la cordelette ne provoque plus qu'épisodiquement le changement de stimulus. Enfin, le changement de stimulus est complètement indépendant des tractions de l'enfant: il peut continuer à voir le spectacle, mais ne contrôle plus rien.
C'est dans cette situation particulière (et non dans d'autres situations a priori frustrantes comme une diminution progressive de la durée des images et des mélodies, ou de leur caractère plaisant) que les enfants montrent le plus de signes d'énervement et de colère. Ne plus contrôler la situation les met en rage. Selon les psychologues expérimentalistes, le besoin de contrôler son environnement est un des plus basiques de l'être humain.

Le lendemain de l'altercation, Thomas Sotto déclarait à l'antenne que si Depardieu rentrait à Paris, il irait à Cannes.
Tu veux que je t'allume?
"Tu veux que je t'allume" est une façon de reprendre le contrôle de la situation. Si Depardieu casse la figure à Thomas Sotto, il aura trouvé un moyen simple de le faire taire. Il est comme l'enfant qui tire très fort sur la cordelette parce que celle-ci ne répond plus à ses attentes, et il est prêt à tout détruire. Rappelons-nous toujours que, lorsque nous nous énervons, nous révélons aux autres que nous ne contrôlons plus la situation. La meilleure attitude dans ce contexte? Faire sienne la maxime de Clemenceau: "Quand les événements nous dépassent, feignons d'en être les organisateurs".
Dans cette situation, Depardieu ne se trouve-t-il pas dans une sorte de dissonance cognitive entre ses choix et ce qu'il est « acceptable » de dire ?
J'avais toujours cru que la phrase "Quand les événements nous dépassent, feignons d'en être les organisateurs" était due à Cocteau
Analyse qu'il n'était même pas nécessaire de confier à un psy. Tout le monde sait que la menace est "la force des lâches" qui n'ont plus d'arguments. Mais enfin, toute cette page est très cohérente et le développement du sujet est bien amené.
Très surprenante analyse de la vidéo… Depardieu ne "craque"pas il se paye même le luxe de chambrer le journaliste qui, du coup… s'emmêle les pédales !
Quand aux "commentateurs" il feraient bien de se reporter aux sources, ici la vidéo, et pas au déblatération d'un bloggeur en mal de reconnaissance et fan de suivisme.
On voit surtout un Gérard Depardieu qui essaie d'abord d'éluder les questions gênantes pour finir par ce "tu veux que je t'allumes" avant de tirer sa révérence ce qui à est un terrible aveu de faiblesse.
Quant au film, laissons la justice juger puisque DSK a porté plainte...
A force de jouer en permanence la provocation, Gérard Depardieu finit dans l'inconsistance et la vulgarité, la vraie pas celle des gros mots celle des actes.