Pleurer à la télévision : l’étonnante confession de Jérôme Lavrilleux, directeur de cabinet de Jean-François Copé
Jérôme Lavrilleux était le directeur adjoint de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012, avant de devenir le directeur de cabinet de Jean-François Copé à la tête de l'UMP. Hier soir, devant les caméras de télévision, en plein scandale de l'affaire Bygmalion, il a livré un moment de vérité peu commun dans les médias. Plusieurs fois au bord des larmes (surtout à la fin de l'interview), il a reconnu que la campagne de 2012 était devenue folle, comme un train incontrôlable et que personne n'avait osé tirer le signal d'alarme.
Quand la vérité éclate
Quand on voit ça, on se dit qu'on aimerait que plus de responsables politiques aient le courage de la vérité. Car celle-ci se reconnaît au premier coup d'oeil. Et que les belles mimiques des grands alligators de la politique sont comme des masques de cire entraînés à tout cacher.
Qu'est-ce qui tranche dans cette intervention? Les silences. La voix étranglée. Le débit lent, incertain, et les larmes. L'émotion qui monte, incontrôlable, le nez congestionné et les yeux rouges. Le corps ne ment pas. Que nous dit-il?

Les larmes sont sécrétées par les glandes lacrymales et évacuées par le canal lacrymal inférieur dans le nez. En cas de forte activation d'un réseau nerveux nommé système parasympathique (par exemple en situation de relâchement de tension nerveuse), elles s'accumulent dans l'oeil et dans le nez - c'est pourquoi on se mouche.
Les larmes, un système d'évacuation nerveux
On pleure quand on a mal, mais aussi quand on ouvre les vannes du stress. Quand, après avoir longtemps supporté la tension, on lâche tout. C'est ce que nous montrent par exemple les études au long cours menés par certains psychologues universitaires. Aux Etats-Unis, la psychologue Margaret Crepeau a ainsi observé que les personnes qui pleurent plus souvent ont moins de maladies liées au stress (ulcères, maladies inflammatoires du colon) et qu'à l'inverse les personnes qui "refusent" de pleurer (sous prétexte que c'est un signe de faiblesse) encaissent plus de stress et en subissent des conséquences à long terme.
Pleurer serait donc un réflexe d'évacuation des tensions nerveuses. Lorsque l'on voit quelqu'un impliqué à un si haut niveau en politique pleurer devant des millions de téléspectateurs, c'est le signe que la tension accumulée est immense. Mais les larmes ne viennent pas tout de suite dans l'interview. Elles sont la conséquence d'un processus de dévoilement qui résulte d'une décision et qui coûte des efforts, comme on s'en aperçoit au début de la séquence. Certains, sous la tension, "rentrent" leur stress et ne libèrent jamais la parole. D'autres comme Lavrilleux prennent une décision qui coûte plus au départ, mais qui leur rapportera certainement beaucoup plus dans leur vie.