Le FN, d’extrême droite ? Ce que dit la science.

04.10.2013 | par Sébastien Bohler | Non classé

Marine Le Pen opère ici un changement de cap et demande en quelque sorte le blanchiment de son parti de l’accusation d’extrême droite.

(la question est posée à 5'51'')

Que penser ?

Plutôt que d’entrer dans des débats idéologiques, pourquoi ne pas poser la question sur un plan scientifique? Au cœur du concept d’extrême droite se trouve celui « d’autoritarisme d’extrême droite », un trait de personnalité codifié au moyen d’échelles de mesure en 1981 par le psychologue américan-canadien Bob Altemeyer, père du questionnaire RWA (Right-Wing Authoritarianism) qui constitue aujourd’hui la principale mesure de ce trait de personnalité. Ce questionnaire comporte généralement une vingtaine de questions. Le sujet autoritariste se caractérise, dans ses grandes lignes, par :

  • des croyances conventionnelles sur le bien et le mal
  • le respect pour la soumission à une autorité reconnue
  • l'acceptation de recourir à la violence et à l’agression envers ceux qui ne souscrivent pas à la pensée conventionnelle, ou qui sont différents (minorités)
  • un besoin de leadership fort, paré des signes d’un pouvoir clair et sans concession
  • la croyance dans des réponses simples et des problématiques caricaturales ("les médias nous contrôlent", "la perte de valeurs morales est le problème fondamental aujourd’hui")
  • une résistance aux idées dangereuses et créatives. Une tendance à voir le monde en noir et blanc
  • la tendance à reporter ses propres sentiments de peur ou de tension sur un groupe stigmatisé.

Chacun pourra se repasser les discours et prises de position du Front National au cours de son histoire à la lumière de ce questionnaire d’autoritarisme (RWA), et se faire sa propre opinion.

Passons à l'étape suivante

Que révèle l’autoritarisme sur les tendances politiques du moment ? Fondamentalement, les psychologues rapportent ce profil à une intolérance à l’incertitude. En un mot, l’individu autoritariste combat une angoisse de l’indéfini, de la nouveauté, de l’inconnu. Il y réagit par un état de stress et d’anxiété, qu’il combat par le recours à un ordre social inflexible. Nulle surprise si la vision du monde d’extrême droite et autoritariste fleurit en période de grande incertitude sur l’avenir : climat, mondialisation, crise économique, chômage. La précarité existentielle crée le besoin de structures hautement rigides.

Brain-ACCactivation

Notre cerveau gère l’incertitude à l’aide d’une structure nommée cortex cingulaire antérieur (ACC, en abrégé, voir ci-dessus). Cette zone constitue une sorte de détecteur qui s’allume à chaque fois que les événements ne se produisent pas comme nous les avions prévus. Les personnes ayant une forte tolérance à l’incertitude font beaucoup fonctionner leur cortex cingulaire antérieur : elles mettent à jour continument leurs visions du monde, intègrent les points de vue contradictoires. Les personnes intolérantes à l’incertitude préfèrent se reposer sur des visions du monde strictes qui excluent les événements anormaux, déviants (ces structures sont à chercher dans l'autoritarisme idéologique, mais aussi dans le fanatisme religieux). Les personnes intolérantes à l'incertitude font moins fonctionner leur cortex cingulaire antérieur.

En 2011, une étude a montré que les électeurs conservateurs américains avaient un cortex cingulaire antérieur moins actif que les libéraux, confirmant que les visions du monde hiérarchisées, strictes et immuables, ont un effet protecteur sur la perception de l’incertitude. Logiquement, on pourrait s’attendre à ce que le cortex cingulaire antérieur d’un électeur d’extrême droite autoritariste soit totalement éteint.

On fait passer une IRM aux intéressés ?


5 commentaires pour “Le FN, d’extrême droite ? Ce que dit la science.”

  1. swinkelss Répondre | Permalink

    bien entendu cette étude ne concerne que le parti d'extrême droite bande d'hypocrites... Je signale tout de même que je suis un ex sympathisant de gauche. Du temps où la relative " subtilité" se faisait sous miterrand et la création d'un certain parti nécessaire pour discréditer la droite ( désolé j'ai lu machiavel moi aussi ). heureusement que vous êtes là pour nous le faire savoir, qui sont ces gentils et ces méchants. votre science objective est là pour nous...

  2. penserEnMoins2sec Répondre | Permalink

    Si on postule que les conservateurs sont rigides,on postule donc que les démocrates sont flexibles,chez une personne rigide,ça signifie "influençable",donc indigne de confiance.

  3. patricedusud Répondre | Permalink

    "Les faits ne pénètrent pas dans le monde où vivent nos croyances" Marcel Proust
    et les croyances aujourd'hui sont la base de tous les extrémismes simplificateurs pour combler l'inquiétude née de l'impuissance et le manque de souffle des politiques.
    Quand un ministre dit de "gauche" en vient à stigmatiser des minorités, il fait le jeu des extrémismes en croyant "capter" des électeurs qu'ils renforcent en fait dans leurs convictions xénophobes!

  4. Rigidité Inverse Répondre | Permalink

    Oui je suis d'accord il y a une anxieté generalisé chez la droite. Il faut classifier ce nouveau syndrome sous les troubles psychiatriques de l'anxiété. Par contre la solution est de fair l'exposition à l'ambiance anxiogène pour desensitisé cette reactions.

  5. fred Répondre | Permalink

    bonjour selon une étude américaine de teste d intéligence , les personnes d extréme droite aurai une intéligence de q i semblable au autre .
    mais sur le teste d intéligence psycho sociale (intéligence vrai ) ils aurai une defaillance sévére .
    90% d entre eux aurai eu une note de 2/20 a l intéligence psycho social.
    et si l extreme droite serai une maladie mental ?

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