Le stress à l’école : quand un suicide remet tout en question
C’est le pire scénario qui pouvait se produire dans une école. Un élève, exclu de la classe pour son mauvais comportement, se pend à un porte-manteau dans le couloir, et décède.
L’institutrice est jugée pour homicide involontaire, et c'est le verdict de ce jugement qui vient de tomber. Elle a été relaxée, la justice estimant qu’il n’y avait pas de sa part "de violation d'une obligation particulière de prudence ou de sécurité", mais "une faute simple" ne relevant pas de la justice.
La situation est dramatique, car cet enfant ne se serait sans doute pas pendu s’il n’avait pas subi cette sanction, mais aussi parce qu'il n’y avait sans doute aucun moyen de prévoir que la sanction entraînerait ce geste.
Cet épisode laisse un sentiment d’impuissance. Que se passe-t-il à l’école ? Pourquoi les élèves sont-ils parfois si désespérés ? En un temps où les abandons d’enfants semblent se multiplier, et où l’on parle même de « burnout parental » (l’équivalent de l’épuisement professionnel, version famille), nous sommes obligés de prendre en compte la possibilité de l’école soit devenu un milieu intrinsèquement stressant.
Il y a quelques années, nous publiions un article sur la phobie de l’école. L’enfant qui va à l’école la boule au ventre, qui ne mange plus, qui vit chaque lever comme un calvaire. Mais il semble que nous soyons en train de vivre une transformation, avec un stress latent qui pèse sur la majorité, et non plus seulement pour prendre des formes extrêmes (phobiques) chez quelques uns.
Un livre paraît ces jours-ci : Le stress à l’école, de la pédopsychiatre Gisèle George. Son auteur nous expliquera d'ailleurs prochainement dans Cerveau & Psycho comment l’école secrète ce fameux stress dès le plus jeune âge. Ce n’est pas la faute à l’institution, explique-t-elle dans cette vidéo.
L'école semble être devenue le réceptacle des stress de la société, qu’il s’agisse du grand monde ou du petit, celui de la famille. Les parents stressés transmettent leur angoisse aux petits, qui se l’échangent en cour de récré, dans les couloirs,à la cantine, dans un jeu de comparaisons sociale permanente. Ce que décrit la psychologue, c’est la peur de l’autre chez l’enfant. Peur du ou des camarades, toujours prêt à vous dévaloriser, à vous ridiculiser. « Les autres vont se moquer de moi » : tous les parents ont entendu cette phrase dans la bouche de leur enfant. Mais, selon G. George, cette phrase n’est plus aujourd’hui occasionnelle : elle devient un leitmotiv. Comparaison vestimentaire, dénigrements, harcèlements, bandes, créent la peur de tous les jours.
Peut-être la justice a-t-elle tenu compte de ce contexte dans l’énoncé de son jugement. Qui saura ce qui a poussé cet élève à commettre l’irréparable ? Une chose est sûre : la meilleure chance que cela n’arrive plus, est que les enfants se sentent bien entre eux, à l’école.