Le marketing de la peur, nouveau filon des marques
Avez-vous remarqué que certaines marques n'hésitent pas à vous faire peur ou à vous rendre triste dans leurs publicités? Un effet très intéressant vient d'être découvert par des chercheurs américains. Lorsque nous ressentons des émotions négatives comme la peur ou la tristesse, nous aurions inconsciemment tendance à nous attacher aux produits commerciaux ou aux marques à portée de vue ou de main.
Des pubs intelligentes qui manipulent l'affect
Avant de détailler cette découverte, voyons concrètement comment elle opère. Depuis peu circule sur Internet et à la télévision une publicité pour une marque de soda qui alterne les séquences anxiogènes et les séquences de publicité pour la marque. Regardez.
Un balancier émotionnel
Le principe de ce clip est simple : à chaque stimulation négative (peur, tristesse, préoccupation) succède une émotion positive dans laquelle l'affect se réfugie. Et cette émotion positive va se reporter sur le produit dont il est question. Quand on lit l'étude qui vient de paraître dans le Journal of Consumer Research sur ce mécanisme, on peut franchement se demander si Coca Cola n'a pas construit sa pub d'après le phénomène mis au jour.
Que dit cette recherche scientifique? On place des sujets dans une situation angoissante, en leur faisant visionner des vidéos effrayantes ou attristantes. Pendant la durée du visionnage, une bouteille de soda d'une marque qu'ils ne connaissent pas, est posée à proximité de l'écran. A l'issue du visionnage, on leur distribue des questionnaires mesurant leur lien affectif à la marque. Les résultats sont très nets : par rapport à des personnes n'ayant pas visionné des vidéos anxiogènes, ils éprouvent plus de proximité affective vis-à-vis de la marque.
La marque, un "ami" de substitution
L'explication proposée par les psychologues est que le réflexe humain, lorsque l'on a peur, est de se rapprocher des autres, si possible des amis, de créer des liens dits "d'affiliation". Lorsque aucun ami n'est présent, nous aurions le réflexe de créer un lien d'affiliation fictif avec un produit doté d'un symbole avec lequel nous pouvons nous identifier.

Les émotions négatives devant l'écran déclenchent un réflexe de lien émotionnel avec la marque d'un soda, de chips ou de tout autre produit rassurant à proximité.
Simple conjecture? Les scientifiques l'ont testée: une partie des participants étaient placés, avant l'expérience, dans une situation où ils pouvaient renforcer leurs liens d'affiliation avec des amis, par exemple en communiquant avec eux. Dans ce cas, le phénomène d'affiliation à la marque disparaissait. Les auteurs de cette recherche en concluent que ces mécanismes de transformation de la peur en lien affectif avec une marque fonctionnent très bien auprès des personnes seules ou marginalisées.
Moralité: pour vendre, ciblez des personnes solitaires dont le cerveau va chercher dans la marque un ami de substitution dans des moments de peur ou de tristesse. Et vous pouvez le croire, ça marche.
Je n'ai pas l'étude sous les yeux mais il faut tout de même se méfier surtout en psychologie des études à la puissance statistique faible.
Pierre Barthélémy reprenait le 14 Avril 2013 une étude américano-britannique publiée le 10 avril par Nature Reviews Neuroscience qui dénoncer ce phénomène.
http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2013/04/14/doutes-sur-la-fiabilite-des-neurosciences/
L'étude est en lien, en texte intégral.
Oups! désolé je n'avais pas vu;
Merci 🙂
Ceci étant l'étude sur la puissance statistique insuffisante de beaucoup d'études en neuroscience sème le trouble.
Je ne parle évidemment pas des travaux de Stanislas Dehaene et de son équipe dont je suis un fervent admirateur.
86 participants dans l'étude 1 partagés en 4 groupes d'à peu près 20 participants, c'est pas un échantillon très important.
cependant il semble bien (p<=0.01) que les émotions recherchées étaient réellement perçues par les sujets.
Cependant lorsqu'on lit un peu plus loin "Specifically, a 95% bootstrapped
confidence interval for the indirect effect (.0563, .8279) was obtained, indicating a significant mediation effect at the p< .05", on ne peut s'empêcher de penser à l'étude du statisticien américain Valen Johnson qui remet en cause ce seuil de 0,05.
Peut-on donc vraiment affirmer comme le font les auteurs de l'étude :
"The results of study 1 provided experimental evidence that fear can facilitate the
formation of emotional brand attachment"?
La seconde étude qui porte sur 68 participants répartis en 2 groupe et le résultat annoncé semble lui aussi s'appuyait sur un p<.05.
http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2013/11/13/une-etude-ebranle-un-pan-de-la-methode-scientifique/
Bonjour,
L'étude que vous mentionner plus haut m’intéresse cependant le lien n'est plus disponible ... Pourriez vous y remédier ?
Rebonjour,
je viens également de me rendre compte que votre vidéo youtube n'était pas disponible ...
pourriez vous la rendre accessible ou m'en communiquer un lien fonctionnant ?
Merci d'avance