Remaniement ministériel : l’astuce qui berne notre cerveau
Quand les choses vont mal, on change de tête. C'est vieux comme le monde. Et ça marche.
Chouette, un nouveau!
Exit Ayrault, vive Manuel Valls. Et alors? est-ce que cela va faire reculer le chômage? Est-ce que cela va restaurer la compétitivité des entreprises? Mettre fin aux affaires? Résoudre la pollution dans les grandes villes? Combler la dette publique?
Peu importe. Cela donne à l'opinion de quoi s'occuper. Car cela joue sur un des ressorts les plus primitifs de notre cerveau.
Le cerveau aime le changement
Quand on nous montre une nouvelle tête, nous sommes contents. C'est presque mécanique. A l'Université de Londres, en 2006, des scientifiques ont fait une expérience qui l'établit. Ils ont montré à des volontaires des images de visage présentés sous différents angles. Plusieurs photos qui défilaient pendant un certain temps, et qu'ils devaient observer pendant qu'un scanner enregistrait l'activité de leur cerveau.
De temps en temps, ils intercalaient dans la série de photographies un visage nouveau. Ils observaient alors que certaines structures clé du cerveau s'activaient. Ces structures font partie du circuit de la récompense (notamment, l'aire tegmentale ventrale impliquée dans la sensation de plaisir et le désir d'exploration). On voyait aussi s'activer une zone du cerveau importante pour la mémoire et le repérage spatial: l'hippocampe.

Les trois aires cérébrales sensibles à la nouveauté sont la VTA (aire tegmentale ventrale), la substance noire (Substantia Nigra) et l'hippocampe (Hippocampus).
Le changement provoque le plaisir
Les scientifiques en concluent que la simple nouveauté d'un stimulus met en branle une boucle neuronale dédiée à la motivation pour explorer la nouveauté, et au plaisir qui en résulte. Peu importe le caractère émotionnel intrinsèque de cette nouveauté (visage beau, attrayant, souriant): ce qui stimule notre cerveau, c'est le changement. La découverte était suffisamment importante pour que le journal Neuron y consacre un commentaire spécial sur le caractère intrinsèquement attirant de la nouveauté.
Les limites du remaniement
Alors, cela signifie-t-il qu'il suffit de changer de premier ministre pour donner du spectacle à l'opinion et la distraire en la faisant patienter? C'est possible. Il y a toutefois des limites à cette stratégie. Le changement répété finit aussi par entraîner une lassitude. A utiliser avec modération, donc. Et sans vider le remaniement de son sens politique: aux analystes spécialisés de nous dire ce que signifie un "gouvernement de combat". Mais ce n'est plus mon domaine.
Le problème c'est que pour le moment la tête d'Emmanuel Valls on l'a plutôt trop vu que pas assez....
Dans un combat les armes comptent beaucoup et dans ce domaine où est le changement?
Va-t-on d'un coup de baguette magique restaurer la compétitivité des entreprises?
Depuis que des ministres et notamment Emmanuel Valls ont des discours "virils" sur la sécurité, a-t-on vu une même légère amélioration?
Bien sûr un nouveau gouvernement peut avoir quelques temps le bénéfice du doute mais cela ne peut pas durer très longtemps et en ce moment la tête des français ressemble plus au Blobfish que nous présente Loïc Mangin qu'à celle d'un gagnant du loto....