Ségolène Royal et François Hollande, les « ex » de l’Elysée peuvent-ils s’entendre ?

03.04.2014 | par Sébastien Bohler | Non classé

Travailler sous les ordres de son ex, voilà un des pires scénarios envisageables, et aucun psy ne le recommanderait. Et pourtant, c'est le challenge que va relever Ségolène Royal, numéro trois du nouveau gouvernement, au ministère de l'écologie et du développement durable.

"Pas du tout dans un esprit de revanche." Tant  mieux, songe-t-on. Mieux vaut que le passé soit le passé.

Mais comment travaille-t-on sous les ordres de son ex-mari, qui se trouve être Président de la République ? Ségolène va  devoir courber l'échine en certaines occasions et l'homme à qui elle pouvait tenir tête en privé aura un ascendant institutionnel. Aïe...

Ségolène et la dissonance cognitive

Cette situation pose la question de la dissonance cognitive. La dissonance cognitive est un phénomène psychologique identifié à partir des années 1950 par le psychologue Leon Festinger. Elle désigne ce qui se produit lorsqu'il y a un écart entre ce que nous faisons et ce que nous pensons. L'exemple le plus fréquent de dissonance cognitive est celui d'un citoyen scandalisé par la fraude fiscale et partisan de prélèvements importants sur les plus hauts revenus. Ce citoyen accède à un poste important, voit son revenu augmenter et se trouve dans une situation où il gagne beaucoup d'argent. Il se crée une dissonance cognitive entre sa situation et ses convictions initiales.

festinger

Le psychologue Leon festinger, père de la notion de dissonance cognitive.

Ce qu'a montré Leon Festinger, c'est que dans ces situations, le psychisme s'efforce de réduire la dissonance cognitive en faisant en sorte que les actes et les pensées soient cohérents. Et Festinger a montré que l'individu modifie en général ses pensées pour qu'elles s'alignent sur les actes, et non l'inverse. Autrement dit, la plupart des citoyens qui se mettent à gagner beaucoup d'argent modifient leurs convictions à propos de la fiscalité et développent un discours rationnel pour justifier cette fois une faible fiscalité sur le revenu. Ils entrent dans un processus qualifié de "rationalisation".

Rationalisation à l'Elysée

Mettons que Ségolène Royal soit hostile à l'idée qu'une femme doit obéir à son ex-mari. Soudain, elle se trouve dans une situation présentant certains avantages, mais qui la conduit à obéir à son ex-mari. Le processus de rationalisation veut qu'elle change sa vision des choses pour développer un discours différent, justifiant ce nouveau rapport de forces. C'est tout le danger des ascensions et des coalitions en politique. Comment gérera-t-elle tout cela intérieurement? Elle sera sans doute la seule à le savoir, jusqu'au jour où elle en parlera dans ses Mémoires.

 


Un commentaire pour “Ségolène Royal et François Hollande, les « ex » de l’Elysée peuvent-ils s’entendre ?”

  1. patricedusud Répondre | Permalink

    La dissonance est aussi immense entre le discours de compréhension des préoccupations et de la déception voire la colère des électeurs et l'incroyable stabilité des ministres si on exclut le premier d'entre eux qui m'a paru bien contracté et hors sujet dans son intervention hier soir et peut-être l'arrivée de Ségolène Royal, seul véritable "nouveauté" dans l'équipe. Je ne parle pas de la nomination de Montebourg à l'économie parce que je reste sans voix....

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