La bienveillance en thérapie
Être un thérapeute bienveillant signifie simplement montrer à son patient tout le respect qu'il mérite. Il est essentiel que ce dernier se sente valorisé, et qu’il comprenne que ce qu’il a à dire est important. Une personne qui voit que ses pensées et ses sentiments sont reconnus et compris se livre généralement de manière plus spontanée, et s’implique plus aisément dans le processus thérapeutique.
Communiquer de la bienveillance peut être plus difficile qu'il n'y paraît, surtout si le clinicien a un a priori défavorable concernant le sujet qu’il doit perdre en charge (si si, cela arrive…). C’est d’ailleurs là qu’une supervision a toute son importance : partager ses émotions et/ou ses croyances négatives avec son superviseur peut être pour le soignant un excellent moyen de s’assurer qu’il développe et manifeste malgré tout une véritable considération positive à l’encontre du soigné.
Et la notion de bienveillance en passe aussi par l'engagement que le thérapeute prend vis-à-vis de son patient : cela signifie qu’il s’engage à travailler avec celui-ci sur les difficultés soulevées au cours de la thérapie, mais aussi être à l'heure, éviter d'annuler régulièrement les rendez-vous de consultation et mettre en œuvre tous les efforts nécessaires pour aider le sujet à résoudre ses problèmes.
Il est essentiel de privilégier une approche sans jugement des pensées, des sentiments et des actions de la personne : il est tout à fait possible d'accepter et de comprendre une position sans forcément la valider.
Enfin, le praticien doit faire preuve d’empathie afin d’optimiser la qualité de la relation thérapeutique : cela peut se traduire par le ton de la voix, les expressions faciales et les postures corporelles, voire la prévenance des réponses apportées. Dans ce cadre l’écoute active a toute sa place. C’est d’ailleurs le fondement de toute approche thérapeutique, qui comporte trois étapes :
1/ recevoir un message,
2/ le traiter,
3/ effectuer un feedback.
Le soignant doit donc essayer de rester attentif à tous les messages du soigné (verbaux et non verbaux), et les traiter de manière adaptée. Sachant qu’à partir du moment où il communique avec son propre cadre de référence, ses propos ne sont pas obligatoirement perçus correctement. La clarification est alors un outil utile et nécessaire, qui peut être mis en œuvre pour préciser les allégations du patient ou pour confirmer l'exactitude de ce que le thérapeute pense avoir compris.
- Franck : Je n'ai plus envie de me battre… - Thérapeute : Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? - Franck : J’ai juste envie d’abandonner. - Thérapeute : Vous voulez dire que vous souhaitez abandonner vos études, ou bien vous faites allusion à quelque chose de plus radical, comme renoncer à la vie ou éventuellement vous faire du mal ? - Franck : Je ne pense pas au suicide, si c'est ce que vous voulez dire… Mais je me sens vraiment déprimé. Chaque jour est pour moi une lutte, j'ai souvent envie de rester au lit. Quand j’envisage d’abandonner, je fais référence au fait de ne pas pouvoir affronter toutes les difficultés que je rencontre dans ma vie quotidienne... mon travail universitaire, mes problèmes financiers, mes relations affectives, etc. |
Notez que dans l’exemple ci-dessus l’approche consistant à énoncer clairement la question et à clarifier la réponse aide le thérapeute et Franck à explorer plus en détails les émotions et les pensées de ce dernier. Compte tenu des informations recueillies, le praticien est plus à même de définir précisément les préoccupations du patient et de mettre en œuvre des stratégies adaptées.
La reformulation est également une technique intéressante dans ce cadre : elle implique de reprendre les allégations du patient d'une manière différente et ainsi de refléter ses émotions pour gagner en précision et en collaboration (la personne perçoit que le praticien l’écoute et qu’on la comprend).
- Audrey : Depuis la mort de mon fiancé, j'ai l'impression que chaque jour est un combat et je me demande souvent si ma vie s'améliorera dans l’avenir. Il me manque tellement… Je pense constamment à lui. Je ne sais pas quoi faire, la douleur est vraiment trop intense. - Thérapeute : Vous éprouvez des difficultés à surmonter ce drame, et votre douleur vient du chagrin lié à la perte de votre fiancé. Vous vous demandez peut-être même si cette douleur disparaîtra un jour, tant elle est ingérable. C’est ça ? - Audrey : Oui c'est correct. Mais je ne veux pas que vous pensiez que c’est uniquement la douleur liée à son absence physique qui m’obsède. La détresse que je ressens vient aussi d'une sensation intense d’abandon affectif, elle est associée à tout ce qu’il représentait pour moi, à tous ces instants partagés, à tout ce qu’il m’a apporté. |
Dans cet exemple de reformulation, le thérapeute renvoie à Audrey ce qu'il a entendu et ce qu’il a compris, ce qui lui permet d’exprimer les choses avec ses propres mots et de stimuler des précisions plus détaillées.
La bienveillance est commune à toutes les psychothérapies, et constitue en quelque sorte le socle de l’amélioration clinique. On peut l'associer aux grands principes de la communication. Fondamentale en début de thérapie, elle reste importante à tous les stades de la prise en charge. Elle permet d’obtenir un engagement du patient dans la dynamique de soin, et renforce l’impact des stratégies thérapeutiques utilisées. Les sujets qui perçoivent la relation thérapeutique comme étant collaborative, rassurante et bienveillante sont ceux qui sont les plus enclins à profiter de l’approche proposée, qui sont les moins résistants aux stratégies mises en œuvre et qui sont les plus ouverts à l'exploration et au changement. Au fur et à mesure que la thérapie progresse, la relation thérapeutique s’intensifie, ce qui permet au soignant et au soigné d'aborder progressivement ensemble des difficultés plus complexes et plus significatives.
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