Pourquoi le champagne apparaît-il vert sous une lampe UV ? Du ludique à l’œnologie

03.01.2020 | par Bernard Valeur | Couleur et vin

Le champagne est la boisson la plus prisée pour célébrer les évènements marquants : le passage à la nouvelle année, les anniversaires, les inaugurations en tout genre…et la parution de ce 50e billet du blog “Questions de couleurs” ! Alors, que peut-on dire du champagne en termes de couleur ? A priori rien de bien original : il arbore la couleur jaune pâle typique des vins blancs. Mais, sous une lampe UV, oh ! surprise, sa couleur apparaît d’un beau vert émeraude (Fig. 1), propriété qui se manifeste pour les vins blancs en général. Ainsi, lors d’un évènement fêté au champagne, vous pouvez étonner les participants en éclairant votre flûte de champagne avec une torche UV, après avoir éteint les lumières. D’où vient cette lumière verte ?

Fig. 1. Flûte de champagne vue en lumière blanche (à gauche) et sous une torche UV (à droite) placée au-dessus du verre. © Bernard Valeur

Un grand nombre de composés fluorescents ont été identifiés dans divers vins blancs, dont le champagne. Une attention particulière a été portée à certains acides phénoliques, notamment les acides vanillique, gallique, caféique, paracoumarique et caftarique.1,2 Quels sont ceux qui contribuent à la fluorescence verte observée avec le champagne (Fig. 1) ? Écartons les deux premiers dont la fluorescence se situe dans l’UV et est donc invisible à l’œil. Les trois autres émettent dans le visible : les maxima d’émission se situent vers 440 nanomètres (acide paracoumarique), 460 (acide caféique), et 490 (acide caftarique), c'est-à-dire respectivement dans le bleu, le bleu cyan et le bleu-vert.

Une torche UV est généralement équipée de LED UV émettant autour de 390 nm (avec une largeur à mi-hauteur du pic d’émission de 10 nm environ), c’est-à-dire à des longueurs d’onde où l’acide paracoumarique n’absorbe pas et donc ne fluoresce pas. En revanche, avec une telle torche, on provoque les émissions de l’acide caféique et de l’acide caftarique, d’où la fluorescence globale observée d’une couleur verte tirant sur le bleu (Fig. 1). On ne peut évidemment pas exclure la contribution d’autres composés fluorescents présents dans le vin.

La caractérisation quantitative de la fluorescence des vins s’avère utile en œnologie. Un billet lui sera dédié.

Références

1C. Roullier-Gall et al., « Sulfites and the wine metabolome », Food Chemistry, vol. 237, pp. 106–113, 2017.

2J. S. Laštincová, « Evaluation of phenolic acids in the white wines from slovakian “Malokarpatský” region »,  Advances in Analytical Chemistry, vol. 9(1), pp. 8-11, 2019.

Pour en savoir plus sur la fluorescence

B. Valeur, Lumière et luminescence. Ces phénomènes lumineux qui nous entourent, Belin, 2017 (2e éd.).

Billet du 17.11.2018, Du gilet jaune aux baskets flashy : le fluo, c’est le filon !

 

 

 

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