Infos et intox sur l’intelligence

Conférence donnée à Paris le 4/02/2020 pour l'AFIS Ile-de-France. Diffusée en vidéo en 8 épisodes.

1. L'intelligence, qu'est-ce que c'est?

Pour en savoir plus:

L'intelligence humaine, dans tous ses états, fév. 2012.

2. Peut-on réduire l'être humain à un chiffre?

Pour en savoir plus:

Le QI, « c’est n’importe quoi ». Oui, mais encore?, 11/06/2015.

3. Le QI c’est n’importe quoi?

Pour en savoir plus:

Le QI, « c’est n’importe quoi ». Oui, mais encore?, 11/06/2015.

La course au QI – Réponses complètes, 16/09/2019.

4. Les surdoués sont-ils des ratés?

Pour en savoir plus:

La pseudoscience des surdoués, 3/02/2017.

Les surdoués ont-ils un fonctionnement cérébral qualitativement différent?, 16/08/2018.

5. L’intelligence est-elle génétique?

Pour en savoir plus:

Au-delà de l’inné et de l’acquis, 27/12/2013.

Pourquoi les progressistes devraient prendre en compte la génétique de l’éducation, 14/07/2019.

Que les enfants sauvages nous ont-ils appris sur la nature humaine? 22/08/2019.

6. L’intelligence est-elle acquise?

Pour en savoir plus:

Au-delà de l’inné et de l’acquis, 27/12/2013.

Pourquoi les progressistes devraient prendre en compte la génétique de l’éducation, 14/07/2019.

Que les enfants sauvages nous ont-ils appris sur la nature humaine? 22/08/2019.

7. Demain, tous crétins?

ERRATUM: A 1:15, je me mélange les pinceaux. Il n'est évidemment pas vrai qu'en 60 ans, le seuil de la précocité intellectuelle (130) soit devenu le seuil de la déficience intellectuelle (70). A raison de 3 points par décennie, il faudrait 200 ans pour observer une telle évolution! J'aurais dû dire: "En l'espace de 100 ans, les scores ont progressé de 30 points, soit l'équivalent de la différence entre le QI moyen et la précocité intellectuelle."

Pour en savoir plus:

Demain, tous crétins ? Ou pas. 11/05/2018.

Réponse à Stéphane Foucart sur la baisse présumée du QI, 12/07/2018.

Les écrans ont-ils un effet causal sur le développement cognitif des enfants? 29/10/2019.

8. Les peuples humains sont-ils inégaux en intelligence?

Suivi de 15 minutes de questions du public.

Pour en savoir plus:

La carte mondiale des QI – explications complètes, 14/11/2019.


42 commentaires pour “Infos et intox sur l’intelligence”

  1. severine Répondre | Permalink

    Merci pour cette présentation très claire. Par contre, je ne comprend pas pourquoi le coefficient de correlation n'est pas à 1 sur la diagonale du tableau de Spearman ?

    • Franck Ramus Répondre | Permalink

      Bonne question!
      En retournant à l'article de Spearman, il n'y a malheureusement pas de légende concernant cette table. Mais en fouillant dans les méthodes, on comprend qu'il dispose, pour chaque matière, de plusieurs séries de notes (sauf pour la musique et la discrimination de pitch). Les corrélations sur la diagonale représentent donc les corrélations entre deux séries de notes dans la même matière. Ce qui représente donc la fiabilité test-retest, c'est donc plus juste que de mettre la corrélation à 1.

  2. LG Répondre | Permalink

    Bonjour M. Ramus,
    C'est dommage, le son est mauvais, noyé dans la réverbération.
    Dans la série des questions politiquement incorrectes, quel est aujourd'hui le consensus scientifique concernant la différence d'écart type et de Q.I moyen entre hommes et femmes?

    LG

    • Franck Ramus Répondre | Permalink

      Le consensus est qu'il y a des différences fiables entre hommes et femmes sur certains tests, dans les deux sens, mais qu'il n'y a pas de différence notable sur le facteur g, représenté par le QI total.

      La question se pose de savoir dans quelle mesure ce consensus est réellement fondé sur l'état de l'art des connaissances, et dans quelle mesure il est dû au fait que la plupart des chercheurs préfèrent ne pas le remettre en cause (car ce serait politiquement incorrect).

      Honnêtement, j'ai du mal à le savoir. Vous savez sans doute que le principal défenseur d'une différence de QI entre hommes et femmes (qu'il estime à 4 points en faveur des hommes) est Richard Lynn. Vous pouvez trouver la dernière synthèse de sa position dans cet article:
      Lynn, R. (2017). Sex Differences in Intelligence : The Developmental Theory. MANKIND QUARTERLY, 148. https://pdfs.semanticscholar.org/ce98/21ffc7e90d764e5e173967904bfe6cf680dd.pdf
      Dans le même numéro de revue, on peut trouver différentes réponses, certaines allant dans le même sens, d'autres plus critiques:
      https://www.questia.com/library/p436308/mankind-quarterly/i4400385/vol-58-no-1-fall
      La réponse de James Flynn (critique) est assez intéressante, je trouve:
      Flynn, J. R. (2017). Male and Female Balance Sheet. Mankind Quarterly, 58(1), 43. https://mycore.core-cloud.net/index.php/s/vEOtBQ04BHqvYdq
      A la fin il y a une réponse de Lynn: https://www.questia.com/read/1P4-1952357135/sex-differences-in-intelligence-reply-to-comments

      Je n'ai pas tout lu, mais la dernière fois que j'avais regardé, ce n'était pas évident de se faire un avis définitif. Il y a beaucoup de limites et d'interprétations multiples possibles des données sur lesquelles s'appuie Lynn. Notamment, ses études s'appuient beaucoup sur des tests uniques (comme les matrices de Raven), plutôt que sur une batterie de tests complète dont on extrairait un facteur g. Ca peut changer beaucoup de choses, en fonction du test qui est choisi. Il s'agit aussi souvent de populations non représentatives d'hommes et de femmes, ce qui soulève la question des biais de sélection possibles. En même temps, ces limites ne suffisent pas nécessairement à rejeter tout ce qu'il dit, et les critiques qui lui sont faites ne sont pas toujours meilleures.

      Il n'est même pas clair s'il peut y avoir une réponse totalement objective à la question, dans la mesure où le facteur g dépend des tests qu'on utilise pour le calculer, et donc de la sélection de tests que l'on fait, parmi certains qui sont à l'avantage des hommes, et d'autres à l'avantage des femmes. Si vous faites une batterie avec beaucoup de tests impliquant des compétences visuo-spatiales, et une autre avec moins de ces tests et en ajoutant des tests de cognition sociale (si on en avait de suffisamment bons), il y a fort à parier que les facteurs g extraits de ces deux batteries vous donneraient des réponses différentes.

      • LG Répondre | Permalink

        Je vous remercie pour votre réponse et les références conseillées.
        J'avais effectivement Lynn en tête en posant ma question mais, dans la controverse qui l'entoure, il est assez compliqué pour le profane de distinguer les critiques sérieuses des assauts pavloviens des défenseurs du politiquement correct.
        Finalement, peu de temps après avoir posté ma question ici même, je me suis fait une réflexion qui fait écho à votre conclusion : cette question n'a pas vraiment de sens tant qu'on ne définit pas clairement ce pourquoi un test de Q.I est élaboré, la finalité poursuivie qui guide cette élaboration (dans la composition de la batterie) et ce qui permet de juger de sa validité/pertinence dans l'absolu (dans la "vraie vie", oserais-je dire).
        Qu'est ce qui guide le choix de ceux qui fabriquent ces tests s'agissant des sous-catégories qui les composent (visuo-spatial, verbal, mémoire, logique, etc...) et surtout du poids qui est attribué à chacune d'entre elles dans la construction de cet indicateur synthétique qu'on appelle "Q.I"? Que cherche t-on concrètement à "mimer" avec ce simple nombre?
        Ou dit autrement: il existe plusieurs tests de Q.I. (ce qui pose déjà question sur la validité du concept). Pourquoi une batterie de tests serait-elle meilleure qu'une autre? A l'aune de quoi leur validité est-elle jugée?

      • lavigne Répondre | Permalink

        Cette question, fort intéressante, sur la différence éventuelle de QIT entre hommes et femmes me fait penser à deux choses, bien différentes:
        - il y a également une réponse donnée par analyse des échantillons servant aux batteries Wechsler. Dans son dernier ouvrage sur le Wisc V Français, Jacques Grégoire pose à nouveau cette question sur la variabilité du QIT entre garçons et filles (entre 6 et 16 ans). Il remarque que cette variabilité était différente de zéro dans les versions précédentes du WISC (R, puis III puis IV) et nulle aujourd'hui dans la version V et attribue cette évolution à l'augmentation du taux de scolarisation des filles sur ces dernières décennies, autrement dit à un facteur environnemental à l'intelligence générale.
        - une analogie avec la construction de la théorie "E/S" de S. Baron Cohen sur les TSA. Cette théorie se propose de regarder l'analyse factorielle entre deux grandes variables issues de scores à deux questionnaires, l'un observant un comportement régi par la pensée par système ("S") et l'autre observant un comportement régi par l'empathie cognitive ("E"). Ce professeur s'est rendu compte dans ses premières études que le premier questionnaire sur "S" rapportait un biais entre hommes et femmes qui n'était pas "effacé" par le biais opposé sur le questionnaire "E" dans l'analyse factorielle. Or, son postulat ici était qu'il n'y avait pas de différences " a priori" entre hommes et femmes dans les capacités de réponses sauf celles induites par la structure des questionnaires. Cela converge avec l'idée d'une différence de QI basée sur la structure des tests et non sur des capacités cognitives différentes proprement dites ET cela converge aussi avec l'idée que c'est un postulat et un arbitraire posé a priori. Baron Cohen a refait son questionnaire de telle manière que le biais existant entre hommes et femmes puisse être compensé exactement par le biais inverse de l'autre questionnaire. Dans cette dernière théorie, le sujet d'étude n'était pas la répartition de la population générale parmi ces deux variables mais la répartition des sujets autistes : + d'hommes avec des scores très importants en "S" et très faibles en "E". On pourrait donc interpréter la volonté du chercheur de postuler une égalité de capacités de réponses entre hommes et femmes dans la population générale sans TSA comme une manière de vérifier sa théorie concernant les autistes, en effet, avec le premier biais non compensé, les hommes autistes ont des scores encore plus hauts en "S" et il est alors légitime de se demander si la variabilité mesurée pour les personnes autistes est due au genre ou bien au trouble diagnostiqué. En rétablissant l'égalité a priori entre homme et femme, Baron Cohen efface une cause de variabilité et peut attribuer alors cette dernière uniquement au trouble étudié.

        Partant de cette histoire, je me demande alors si de postuler a priori l'égalité de QIT entre hommes et femmes, par la construction des tests, n'est pas une façon de supprimer ce biais du genre dans les écarts "anormaux" du QI, aussi bien en dessous de 70 qu'au dessus de 130, pour éclairer plus facilement d'autres variables ?

  3. PsyEN Répondre | Permalink

    Merci de cette troisième vidéo !
    Une interrogation cependant : afin de justifier le manque de fiabilité des mesures d'un QE (hypothétique) vous affirmez que ces mesures sont basées sur des questionnaires. Cependant, juste après, vous affirmez que les mesures de personnalité, qui sont pourtant également basées sur des questionnaires (cf. NEO PI-3), seraient, elles, fiables. Pouvez-vous m'expliquer cette (apparente) contradiction ?

    • Franck Ramus Répondre | Permalink

      Bonne remarque. Les mesures de personnalité sont effectivement basées sur des questionnaires. Elles présentent donc les limites connues des auto-questionnaires: ils reflètent une perception subjective de la personne par elle-même (plutôt que des caractéristiques objectives), ils peuvent être biaisés par les limites de l'introspection et par la désirabilité sociale de certaines réponses. Moyennant ces limites, le NEO-PI est certainement le questionnaire existant ayant la plus grande fiabilité.

      Le questionnaire de QE de Goleman pourrait à la limite être aussi bon que le NEO-PI, ce n'est pas le problème. Ce que je lui reproche surtout, c'est de se présenter comme une mesure d'intelligence émotionnelle, autrement dit comme un instrument mesurant une performance objective, comparable aux batteries de test d'intelligence générale! De ce point de vue, il y a tromperie sur la marchandise. De fait, la plupart des gens qui parlent de QE sont très étonnés quand on leur explique qu'il s'agit d'un simple auto-questionnaire.

      Pour être complet, le test d'intelligence émotionnelle de Salovey & Mayer, est, lui, bien un test, pas un questionnaire. Mais pour l'avoir examiné, j'ai été sidéré par sa faible qualité psychométrique. Certains tests ne semblent pas du tout mesurer ce qu'ils sont censés mesurer. Beaucoup de stimuli et de réponses sont ambigus, on a du mal à se convaincre que les réponses censées être bonnes sont vraiment les bonnes. A tel point que les auteurs ont proposé une double cotation, soit normative basée sur les "bonnes" réponses, soit basée sur le consensus d'une population de référence (qui n'a pas toujours donné les "bonnes" réponses). Et le tout est coté par leur logiciel de manière totalement opaque. Bref, pour moi ça ne vaut pas grand-chose. Mais c'est certainement dans cette direction qu'il faudrait poursuivre, celle de construire de véritables tests de cognition sociale et émotionnelle.

  4. Le Spectre Répondre | Permalink

    « On ne saurait distinguer l'intelligence de ses opérations » d'après la formule d'Émile Jalley résumant « Principes de psychologie appliquée » (1930) d'Henri Wallon.

    À la lumière d'Henri Wallon, d'un point de vue de la psychologie et de la pédagogie, les « modes opératoires naturels » (MoON) mis à jour sur le terrain (humains et nature) par le sémiologue et anthropologue Yves Richez (ISTE, 2017), ainsi que sa théorie C.U.P. (configuration, utilité, potentiel) sur le « Talent, l'émergence et l'actualisation des potentiels » sont très enrichissants.

    Ça dépasse largement les visions de Pearsman (« groupe d'activité ») et de Gardner (« intelligences multiples »). Ça met encore plus à mal le cultisme sur le QI et la sur-douance. Ça rend caduque le QI comme moyen de sélection/hiérarchique dans un cadre pédagogique et professionnel bien qu'utile essentiellement dans la mise en lumière de problèmes biologiques ou psychologiques comme le cas de Josiane (René Zazzo, 1946).

    Ce qui est amusant sans le savoir c'est que le cadre d'étude d'Yves est dans le dernier « domaine du savoir dont doit être composée la théorie de la connaissance et la dialectique » (Lénine, « cahiers philosophiques ») : Soit dans « l'Histoire du langage » juste après l'« Histoire du développement intellectuel de l'enfant, des animaux » (Wallon, Piaget).

    La connaissance est conçue comme un processus et non comme un état.

    Il est sans le savoir dans - ce que je nomme - une démarche dialectique.

    A contrario, Franck est dans une démarche empirique (réalisme ingénierique) et les chercheurs sur le trait de « personnalité » et de « caractère », puis les « QE » sont dans une démarche ontologique (rationalisme intuitif). Comme tel dans le domaine public ça tombe radicalement pour les uns dans le scientisme et les autres dans l'intellectualisme. Et comme on est en distanciation physique - pas très dialectique - les antagonistes sont dans l'incapacité de s'embrasser mutuellement afin de former une unité matérialiste.

    D'où l'intérêt de l'appréhension d'Henri Wallon sur l'émotion « énergie tonus », le « caractère l'intelligence », puis d'Yves Richez sur les modes opératoires, le talent, le potentiel afin de sortir la notion d'intelligence de sa gangue idéaliste et techno-scientiste.

    • Franck Ramus Répondre | Permalink

      Merci de nous ramener 70 ans en arrière, mais on y comprend toujours rien à votre dialectique, laissez tomber.

  5. verdurin Répondre | Permalink

    J'ai posé une question sous la vidéo YouTube qui est resté sans réponse, mais je me doute bien que vous n'avez pas le temps de lire tous les commentaires.
    Je me permet de la reposer ici.

    Quelle est la précision de la mesure du QI ?

    En d'autres termes : la corrélation, assez faible de mon point de vue, entre des mesures du QI à deux instants vient-elle principalement des erreurs de mesures ou d'une évolution réelle ?

    Merci d'avance pour toute référence.
    Même en anglais 🙁

    • Franck Ramus Répondre | Permalink

      Je n'ai pas les manuels des batteries de Wechsler sous la main pour vérifier les intervalles de confiance, mais les études de test-retest à quelques semaines d'intervalle qui y sont rapportées montrent des variations de +/- 2-3 points (pour un écart-type de 15). On considère donc que c'est ça la précision du test, même si on ne peut exclure qu'il y ait du vrai signal et pas seulement du bruit dans ces variations.

      Évidemment, plus l'intervalle entre deux mesures augmente, plus il y a de chances que des différences de scores reflètent de réels changements cognitifs chez la personne. La vie n'est pas un état stationnaire! Dans ce contexte, trouver une corrélation de 0.6 ou 0.7 à 69 ans d'intervalle, est-ce peu, est-ce beaucoup? A chacun de juger. Quelle autre mesure intéressante d'un être humain ferait plus, à part la taille?

  6. verdurin Répondre | Permalink

    Merci pour la réponse.
    Il s'agit donc d'une mesure assez précise.
    Je me permet une remarque : une variation de 3 points, soit 0,2 fois l'écart-type de la distribution, n'a pas du tout le même sens quand on est près de la moyenne que quand on est loin de la moyenne.
    La précision devrait-être plus grande au voisinage de la moyenne que loin de la moyenne.

    • Franck Ramus Répondre | Permalink

      Vous avez tout à fait raison. Je ne sais pas si vous y voyez une nécessité mathématique. Pour moi cela résulte d'un choix méthodologique délibéré.
      Je n'ai pas les normes sous les yeux pour donner des chiffres précis, mais pour donner un ordre d'idée, un écart entre 100 et 103, cela peut correspondre à 5 réponses justes de plus, alors qu'un écart entre 145 et 148, cela peut correspondre à une seule réponse juste de plus.
      La précision des tests de QI est plus faible dans les scores extrêmes, mais ce n'est pas une fatalité. Cela résulte d'un compromis stratégique. Tout test vise à apporter l'information la plus utile possible en le moins de temps possible. Pour cette raison, les concepteurs de tests concentrent généralement les questions sur les niveaux où il y a le plus de gens à départager. Ils incluent peu de questions très faciles et très difficiles dans chaque test, car ces questions ne servent qu'à départager qu'un petit nombre de personnes.
      Mais bien évidemment, si l'on veut par exemple faire un test capable de départager des personnes à très haut QI, rien n'empêche d'ajouter des questions très difficiles.

      • verdurin Répondre | Permalink

        Avec toutes mes excuses pour une réponse aussi tardive, et mes remerciements pour la vôtre, bien que je la crois fausse.
        Sans aucune garantie, c'est juste une intuition,mais que je crois pouvoir démontrer ( ce que je n'ai pas fait ).
        Je ne crois pas qu'il s'agisse que d'un problème de méthodologie.
        En supposant l'existence du QI et en supposant qu'il suive une loi normale on se retrouve face à un problème de trop petits échantillons pour les valeurs extrêmes.

        De plus le QI ne suit certainement pas exactement une loi normale.
        Pour les valeurs entre plus ou moins deux écart-types ça ne pose sans doute pas de problèmes et l'approximation par une loi normale fonctionne vraisemblablement bien.
        Au delà ( moins de 70 ou plus de 130 ) j'ai vraiment des doutes sur la possibilité d'une mesure ayant un sens.

        • Franck Ramus Répondre | Permalink

          Vous avez raison, l'échantillonnage est un autre problème: la population de référence à partir de laquelle on construit la norme a une distribution proche de la normale, ce qui fait que les extrêmes sont peu représentés. La norme aux extrêmes est donc moins précise que la norme proche de la moyenne. C'est un problème que l'on pourrait résoudre en sur-échantillonnant la population de référence aux extrêmes, mais en pratique ce serait compliqué.
          Ce problème s'ajoute à celui que j'évoquais concernant la précision des tests aux performances extrêmes.
          Et il est vrai que la distribution empirique des scores de QI n'est pas tout à fait normale, elle est plus aplatie*. Les extrêmes y sont donc un peu plus fréquents que les 2,2% attendus dans une distribution normale, ce qui atténue un peu le problème ci-dessus, mais très marginalement.
          Ces problèmes affectent la précision des scores aux extrêmes, de là à dire que ces scores n'auraient pas de sens, je ne vois pas pourquoi. Ils ont juste un intervalle de confiance plus grand.

          *Burt, C. (1963). Is intelligence distributed normally? British Journal of Statistical Psychology, 16, 175‑190.

  7. QI1000 Répondre | Permalink

    On sent la politique et la propagande pointer le bout de leur nez dès qu'on touche à des sujets sensibles, voir les titres de chapitre: QI , n'importe quoi!, Surdoués ratés, l'intelligence est-elle génétique? Bientôt il faudra faire aussi attention au transhumanisme que dénonce déjà des chercheurs comme P Guillemant.

    • Franck Ramus Répondre | Permalink

      Oui, mais encore? Quelle politique? Quelle propagande?

      Ayant l'habitude d'être considéré comme un eugéniste nazi par certains, et comme un extrémiste de gauche par d'autres, j'ai du mal à saisir où vous me situez.
      Et au fait, vous ne lisez que les titres pour vous faire un avis?

  8. MonsieurMartini Répondre | Permalink

    Merci pour ces interventions de grande qualité.

    L'un des arguments utilisé pour critiquer les présupposés des études sur les jumeaux est que les jumeaux monozygotes évoluent en moyenne dans un environnement intra-utérin plus semblable que les jumeaux dizygotes. Est-ce un argument bien solide ? A-t-on de bonnes raisons de croire que cette disparité d'environnement intra-utérins aura des conséquences considérables sur l'intelligence à l'âge adulte ? Existe-t-il par exemple des études comparant la corrélation de QI entre jumeaux monozygotes monochorioniques et des jumeaux monozygotes dichorioniques ?

    Une autre façon de jeter le discrédit sur ces études est de citer l'affaire Cyril Burt, qui aurait trafiqué ses données pour confirmer son parti-pris héréditarien et influencer la politique d'éducation du Royaume-Uni. Son élève Jensen ainsi que le sulfureux Rushton ont tenté de le défendre, en disant que ses données ne sont pas extravagantes par rapport à ce qu'on sait maintenant, alors est-ce que cette falsification est bien établie ? J'ai du mal à m'y retrouver là-dedans.

    Les données de Bouchard et McGue que vous citez sont-elles totalement indépendantes des données de Cyril Burt ou est-ce une meta-analyse reposant en partie sur les données de Burt ?

    • Franck Ramus Répondre | Permalink

      Pour commencer par le 2ème point, l'article de Bouchard & McGue (1981) mentionne explicitement le discrédit des études de Burt, et indique que leur méta-analyse des jumeaux MZ élevés séparément exclut ses données. Sur la base de trois autres études, ils en déduisent que la corrélation du QI entre jumeaux MZ élevés séparément est 0.72, là où Burt rapportait 0.77. Bref, que Burt ait inventé ses données ou pas, qu'on les inclue ou pas, ça ne change pas grand-chose au résultat.
      Depuis, de nouvelles études ont porté sur les jumeaux MZ élevés séparément, et ont donné les mêmes résultats (Bouchard et al. 1990).
      Enfin, notez que les études de jumeaux MZ élevés séparément apportent une pièce cohérente de plus à l'estimation de l'héritabilité du QI, mais en en fait celles-ci n'en dépendent pas crucialement, car les autres paires d'apparentés suffisent largement.

      Les articles originaux valent bien la peine d'être lus, car ils montrent que la plupart des critiques qu'on nous ressort encore aujourd'hui sont très anciennes et avaient déjà été largement prises en compte il y a 40 ans...
      Bouchard, T. J., & McGue, M. (1981). Familial studies of intelligence : A review. Science, 212, 1055‑1059. https://www.gwern.net/docs/iq/1981-bouchard.pdf
      Bouchard, T. J., Lykken, D. T., McGue, M., Segal, N. L., & Tellegen, A. (1990). Sources of human psychological differences : The Minnesota study of twins reared apart. Science, 250(4978), 223‑228. http://bernard.pitzer.edu/~dmoore/psych199s03articles/Bouchard.pdf
      Human Intelligence : The Cyril Burt Affair. Consulté 17 juin 2020, à l’adresse https://intelltheory.com/burtaffair.shtml

    • Franck Ramus Répondre | Permalink

      Merci pour votre question sur la chorionicité, qui est très importante et que je vais donc expliciter pour que tout le monde comprenne.

      De manière générale, le modèle statistique ACE utilisé pour quantifier les parts de variance génétique et environnementale à partir des études de jumeaux fait l'hypothèse de travail que les paires de jumeaux monozygotes (MZ) et dizygotes (DZ) ne diffèrent que par leur similarité génétique, et pas par leur similarité environnementale. C'est l'hypothèse dite "d'environnements également similaires".
      Cette hypothèse est la cible principale des détracteurs des études de jumeaux, qui arguent qu'il est évident que les environnements des jumeaux MZ sont plus similaires que ceux des jumeaux DZ: par exemple, on imagine aisément que les parents traitent les jumeaux MZ de manière plus similaire que les jumeaux DZ. De même, comme vous le soulevez, l'environnement intra-utérin peut être plus similaire chez les jumeaux MZ, du fait que ces jumeaux partagent souvent le même chorion (2/3 des cas), alors que les jumeaux DZ ont toujours des chorions différents (comme 1/3 des MZ). Pour les explications sur le chorion et les jumeaux mono- et dichorioniques, je renvoie à wikipedia: https://fr.wikipedia.org/wiki/Jumeaux_monozygotes

      Jugeant établi que les environnements sont plus similaires pour les jumeaux MZ que DZ, les détracteurs des études de jumeaux considèrent qu'une hypothèse cruciale du modèle ACE est rejetée, et par conséquent que tous les résultats des études de jumeaux sont bons pour la poubelle. Ce raisonnement pose problème à plusieurs niveaux:
      1) il ne suffit pas d'affirmer que les environnements sont plus similaires chez les MZ que chez les DZ, encore faudrait-il le prouver. Cela fait plus de 40 ans (Plomin et al. 1976 à Conley et al. 2013) que l'on s'efforce de tester cette hypothèse, mais elle n'a globalement pas été remise en cause.
      2) quand bien même les environnements seraient plus similaires chez les MZ que chez les DZ, cela ne suffit pas à balayer d'un revers de main les résultats des études de jumeaux. Il faut alors quantifier cette plus grande similarité, et simplement en tenir compte dans les modèles statistiques pour compléter le modèle ACE et corriger éventuellement les estimations d'héritabilité (c'est-à-dire retirer une part de variance incorrectement attribuée aux facteurs génétiques, et la réattribuer aux facteurs environnementaux). Autant dire qu'à ce stade-là il n'y a plus grand monde (mais voir Felson 2014).

      Sur la question de la chorionicité, cela a été fait! La question est donc: dans quelle mesure la plus grande similarité phénotypique (de QI par exemple) des jumeaux MZ par rapport aux DZ est-elle due, non pas à leur plus grande similarité génétique, mais à leur plus grande similarité intra-utérine, du fait des 2/3 qui partagent le même chorion?
      Au moins une étude (Jacobs et al. 2001) a ainsi comparé la similarité des scores de QI, non seulement entre jumeaux MZ et DZ, mais en subdivisant les jumeaux MZ entre les mono- et dichorioniques (MZ-MC et MZ-DC). Ainsi ces auteurs ont utilisé un modèle statistique plus complet ACE-ch, permettant d'estimer l'impact de la chorionicité sur la similarité phénotypique, en plus des effets génétiques et des autres effets environnementaux. Les résultats sont très clairs: seuls 2 tests sur 12 (arithmétique et vocabulaire) montrent un effet significatif de la chorionicité, et cet effet est faible (10 à 15% de la variance) comparé aux effets génétiques (49 à 72%). Sur les scores de QI verbal, QI de performance et QI total, il n'y a aucun effet significatif de la chorionicité: les jumeaux MZ-MC et MZ-DC ont la même similarité, et une similarité bien supérieure aux jumeaux DZ. Sur ces scores, l'estimation d'héritabilité va de 0.61 à 0.83, et l'effet de chorionicité est nul.
      Bref, l'hypothèse de la plus grande similarité des MZ due à la monochorionicité était plausible, il était important de la vérifier, mais elle s'est avérée fausse ou négligeable. Par conséquent, elle ne permet pas de remettre en cause l'hypothèse des environnements également similaires.

      Conley, D., Rauscher, E., Dawes, C., Magnusson, P. K. E., & Siegal, M. L. (2013). Heritability and the Equal Environments Assumption : Evidence from Multiple Samples of Misclassified Twins. Behavior Genetics, 43(5), 415‑426. https://doi.org/10.1007/s10519-013-9602-1
      Felson, J. (2014). What can we learn from twin studies? A comprehensive evaluation of the equal environments assumption. Social Science Research, 43, 184‑199. https://doi.org/10.1016/j.ssresearch.2013.10.004
      Jacobs, N., Van Gestel, S., Derom, C., Thiery, E., Vernon, P., Derom, R., & Vlietinck, R. (2001). Heritability estimates of intelligence in twins: Effect of chorion type. Behavior genetics, 31(2), 209-217. https://www.researchgate.net/profile/Catherine_Derom/publication/11800827_Heritability_Estimates_of_Intelligence_in_Twins_Effect_of_Chorion_Type/links/55c0c37b08aed621de13e49e/Heritability-Estimates-of-Intelligence-in-Twins-Effect-of-Chorion-Type.pdf
      Plomin, R., Willerman, L., & Loehlin, J. C. (1976). Resemblance in appearance and the equal environments assumption in twin studies of personality traits. Behavior Genetics, 6(1), 43‑52. https://doi.org/10.1007/BF01065677

      • MonsieurMartini Répondre | Permalink

        Merci pour ces réponses extrêmement complètes.

        J'ai remarqué que l'héritabilité estimée par votre seconde étude de référence (Bouchard et al, 1990) est sensiblement plus haute que ce que vous annoncez dans votre vidéo : ~70% contre 50%. Les auteurs de l'étude expliquent ce résultat par le fait que l'héritabilité croît avec l'âge et que leur étude porte sur des adultes, contrairement aux études qui estiment l'héritabilité à ~50%.

        Votre borne supérieure de l'héritabilité de 50% vaut-elle bien à l'âge adulte ?

        Une hypothèse envisagée pour expliquer cette augmentation de l'héritabilité avec l'âge (effet Wilson) est un phénomène d'amplification génétique : au fur et à mesure que les enfants s'émancipent de leur parents, ils auraient plutôt tendance à choisir un environnement plus stimulant s'ils ont déjà un haut QI et inversement.

        Mais cet effet Wilson pourrait aussi s'expliquer par une activation retardée de certains gènes à la puberté, l'augmentation de l'héritabilité avec l'âge étant un phénomène courant en génétique comportementale et pas seulement chez les hommes.

        Quelle explication vous semble la plus probante ?

        https://www.cambridge.org/core/journals/twin-research-and-human-genetics/article/wilson-effect-the-increase-in-heritability-of-iq-with-age/FF406CC4CF286D78AF72C9E7EF9B5E3F/core-reader

  9. PsyEN Répondre | Permalink

    Bonjour,
    Avez-vous des références d'études concernant l'importance du rang dans la fratrie ? Cet effet est-il à interpréter uniquement en termes génétiques ? Le hasard de la roulette génétique serait-il biaisé ? Et par quoi ?
    Par ailleurs, cela ne s'expliquerait-il pas aussi (surtout) par des facteurs environnementaux ? L'aîné a passé plus de temps avec toute l'attention de ses parents pour lui tout seul par exemple. Des facteurs culturels ? Traditionnellement, l'aîné est l'héritier, celui qui va reprendre l'activité professionnelle de papa. Il bénéficierait ainsi de plus de stimulations afin d'assurer une certaine permanence du groupe familial (marqué par le nom) au fil des générations.
    De ce point de vue, dans un système encore très patriarcal, où le nom de famille se transmet majoritairement par le père, constate-t-on les mêmes effets s'il s'agit d'un aîné ou d'une aînée ?
    Plus généralement, constate-t-on plus de réussite professionnelle chez les aînés que chez leurs frères et sœurs ?

    • Franck Ramus Répondre | Permalink

      Il existe de nombreuses études qui trouvent un effet de rang dans la fratrie sur le développement cognitif, car c'est une variable qui est enregistrée de manière systématique dans de nombreuses cohortes. Il n'y a aucune raison que ce soit un effet génétique, et toutes les raisons de penser qu'il s'agit d'un effet environnemental: par nécessité, les parents accordent plus de temps, d'attention, et de ressources aux premiers nés qu'aux suivants. On peut penser que les aînés peuvent compenser ce manque, mais de toute évidence, l'environnement qu'ils fournissent à leurs petits frères et soeurs n'est pas de même qualité que celui fourni par les parents.
      Il existait une autre hypothèse impliquant des effets gestationnels liés aux grossesses successives, mais elle a été réfutée par l'étude de Kristensen & Bjerkedal (2007).
      Mes collègues et moi-même avons récemment répliqué ces effets dans la cohorte française Eden (Havron et al. 2019): dans les familles à 2 enfants, les seconds-nés avaient un niveau de langage légèrement inférieur aux premiers-nés. De plus, nous avons montré que cela ne se produisait que lorsque le premier-né était un garçon. Lorsque l'aîné est une fille, il n'y a pas de désavantage pour le second-né, ce qui suggère que peut-être les filles entrent moins en compétition avec leurs petits frères/soeurs pour l'attention et les ressources parentales, et/ou qu'elles leur fournissent un environnement plus propice que les grands frères. Nous n'avons pas les éléments pour élucider le mécanisme.

      Havron, N., Ramus, F., Heude, B., Forhan, A., Cristia, A., & Peyre, H. (2019). The Effect of Older Siblings on Language Development as a Function of Age Difference and Sex. Psychological Science, 30(9), 1333‑1343. https://doi.org/10.1177/0956797619861436
      Kristensen, P., & Bjerkedal, T. (2007). Explaining the relation between birth order and intelligence. Science, 316, 1717. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/17588924/

  10. PsyEN Répondre | Permalink

    Cela fait donc des pistes de recherches intéressantes... Merci beaucoup de votre réponse !

  11. LG Répondre | Permalink

    Bonjour,
    Concernant la 8eme vidéo, s'agissant de distinguer la part de génétique versus environnement dans les différences de Q.I. constatées entre les peuples humains, vous ne parlez pas de l'approche GCTA évoquée plus haut. Pourquoi?
    Dans la séance de questions/réponses, vous affirmez ne pas bien voir l’intérêt d'un dépistage systématique du Q.I. des élèves. Réponse qui peu paraître surprenante. Ce dépistage ne permettrait-il pas à minima d'éviter que des enfants à hauts potentiels s'ennuient pendant que d'autres à faibles potentiels échouent sur un même programme qui n'est finalement taillé ni pour les uns ni pour les autres ?(puisqu'il est à priori calibré pour une moyenne). Autrement dit, connaître le potentiel intellectuel d'un enfant ne permettrait-il pas d'améliorer l'efficacité de son apprentissage en sélectionnant le programme et la pédagogie adaptés à son profil? (je ne parle pas de la faisabilité en pratique)
    Merci...

    • Franck Ramus Répondre | Permalink

      L'approche GCTA permet de fournir une estimation moléculaire de l'héritabilité d'un phénotype au sein d'une population. Elle ne permet pas d'estimer la part de facteurs génétiques responsables de différences entre populations.
      Vous pensez sans doute plutôt à l'usage de scores polygéniques (pour le QI), moyennés sur une population, que certains ont tenté de corréler avec les QI moyens des populations. Le problème est que ces scores polygéniques ont été établis sur une population donnée, ils prédisent le phénotype au sein de cette population, mais pas nécessairement au sein d'une autre, et l'interprétation des différences entre populations est de ce fait impossible. Je donne quelques références dans ce commentaire plus ancien.

    • Franck Ramus Répondre | Permalink

      Concernant l’intérêt d'un dépistage systématique du Q.I. des élèves, ce que je dis, c'est que si le but est de prédire la réussite scolaire future, alors le meilleur prédicteur est la réussite scolaire actuelle, pas le QI. Et faire passer des tests scolaires est bien plus facile que des tests de QI.
      De même, si le but est de détecter les élèves qui s'ennuient, alors le meilleur moyen est de tester directement l'ennui, par exemple en questionnant ou en observant les élèves. On peut alors essayer de comprendre pourquoi certains élèves s'ennuient et tenter d'y remédier, y compris en fournissant des contenus ou des pédagogies plus attrayants et mieux adaptés au niveau des élèves. Il y a de nombreuses causes d'ennui à l'école, le haut QI n'est que l'une d'entre elles (probablement très minoritaire). Là encore, un test systématique de QI ne serait pas un dispositif efficace de prévention de l'ennui.
      Je pourrais répéter le même raisonnement pour les troubles du comportement, ou pour tout autre problème scolaire, il sera toujours plus efficace de détecter directement le problème, que le haut QI supposé être à l'origine du problème dans un petit nombre de cas.

      • LG Répondre | Permalink

        Merci.
        Je parlais bien de l'approche GCTA puisque, si j'ai bien compris, vous annoncez dans la vidéo #5 que "maintenant [grâce à cette méthode] on trouve des gènes associés à l'intelligence" .
        Faut-il comprendre de votre réponse que les gènes associés à l'intelligence ne sont pas les mêmes pour toutes les populations humaines?
        Concernant le dépistage systématique du Q.I des élèves, je pensais en priorité au problème de ceux qui étaient sensiblement moins intelligents que la moyenne, et qui avaient toutes le chances de baisser les bras rapidement face à un programme hors de leur portée (ce qui est nettement plus embêtant qu'un haut Q.I qui s'ennuie en classe).
        Sauf si l'on admet que ce n'est pas un problème puisque le système scolaire est notamment un outil de sélection de l'intelligence...

        • Franck Ramus Répondre | Permalink

          Oui la méthode GCTA fournit de longues listes de gènes associés à l'intelligence. Mais comme chaque variant génétique a un effet tout petit sur le QI, on les compile dans des scores polygéniques, pour mesurer leurs effets agrégés.
          Ces gènes, identifiés dans une population essentiellement d'origine européenne, ne sont pas nécessairement (tous) les mêmes que les gènes associés à l'intelligence dans une autre population. Cela peut sembler bizarre, mais ce n'est pas propre à l'intelligence, c'est vrai aussi pour d'autres phénotypes, comme le diabète par exemple. Pour l'instant on n'a pas d'études conduites sur des populations suffisamment grandes et diversifiées pour y voir plus clair.

        • Franck Ramus Répondre | Permalink

          Bien sûr les élèves en difficulté scolaire sont une priorité du système. Mais à nouveau, le constat de la difficulté scolaire suffit à les détecter, et à leur apporter une réponse pédagogique adaptée, au moins en première intention. Un test de QI (ainsi que d'autres tests) peut aider en seconde intention à mieux comprendre la nature de la difficulté scolaire, s'il y a besoin. Mais la valeur ajoutée de faire des tests de QI à priori pour détecter ceux qui se révèleront en difficulté ne me semble pas établie.

  12. Laurent Répondre | Permalink

    Bonjour,
    Merci pour votre conférence à l'AFIS sur le QI particulièrement instructive.
    Quelle est la validité scientifique des méthodologies MBTI ou Process Communication Model largement répandues dans le monde de l'entreprise et de la formation professionnelle ?

    • Franck Ramus Répondre | Permalink

      Je ne connais que le MBTI, et en tant que test de personnalité, sa validité scientifique est faible. Aujourd'hui, le consensus scientifique est que les traits de personnalité sont continus, au nombre de 5 (Big Five), voire 6 selon les variantes (HEXACO). Le MBTI en 4, pourquoi pas. Mais son insistance à vouloir faire rentrer chaque personne dans un "type" de personnalité entre en conflit avec l'observation selon laquelle les traits sont distribués normalement. Les catégories du MBTI reviennent à couper la distribution normale en son milieu, ce qui pose des gros problèmes de validité et de stabilité des catégories. (c'est comme si on divisait la population entre les gens "bêtes" et "intelligents" en coupant à QI=100; la plupart des gens seraient près du seuil et risqueraient de passer d'une catégorie à l'autre en fonction de la météo ou de l'humeur du jour!)
      Pour creuser un peu, la page Wikipédia anglaise a une bonne section sur les critiques faites au MBTI. Remarquez que la page Wikipédia française ne fait, elle, preuve d'aucun recul critique...

  13. Jackson Répondre | Permalink

    Bonjour monsieur, excusez-moi de vous déranger et sous un pseudonyme, je souhaite simplement vous posez des questions sur le QI, j'ai lu un petit bout de la littérature scientifique sur le sujet mais j'avoue être un peu perdu sur quelques points

    Premièrement, avez-vous entendu parler de l'effet Jensen ? Je n'ai pas très bien compris la démarche de cet effet mais pour faire simple il est corrélé avec l'importance du facteur g dans les taches des tests de QI

    Deuxièmement, je ne comprends pas pourquoi des articles parlent d'une héritabilité de 50% du QI et d'autre parle d'une héritabilité à 80% à partir de l'adolescence, je pense que je n'ai pas bien compris une partie des résultats et du coup je suis très confus sur le sujet

    Et dernièrement, j'ai lu des méta-analyses qui semblent indiquer qu'en Europe, le statut socio-economique des parents adoptant un enfant n'avait plus d'effet sur le QI des enfants adoptés

    Je vous remercie par avance de m'avoir lu, je comprendrais si vous ne souhaitiez pas répondre par manque de temps ou autre

    Cordialement

    • Franck Ramus Répondre | Permalink

      L'effet Jensen peut faire référence à différents résultats. Pour moi, il désigne principalement la corrélation entre le poids qu'un test a sur le facteur g dans l'analyse factorielle (g-loading), et l'héritabilité de ce test. Certains l'interprètent comme montrant la nature intrinsèquement génétique du facteur g. Pour moi cet argument ne tient pas. L'héritabilité du facteur g est ce qu'elle est, l'effet Jensen n'ajoute rien à cela.
      Une autre interprétation de l'effet Jensen (qui est une simple corrélation, différente de 1, sur une dizaine de tests) est simplement que les g-loadings reflètent dans quelle mesure un test est influencé par de nombreux facteurs (dont génétiques mais pas seulement). C'est ce qui découle du modèle émergent du facteur g que je défends notamment dans cet article. Dans cette interprétation, les g-loadings n'ont pas tout l'intérêt théorique qu'on leur porte.

    • Franck Ramus Répondre | Permalink

      L'héritabilité n'est pas une caractéristique intrinsèque d'un trait qui serait vraie une fois pour toute en tous lieux et en tous temps. Toute personne qui s'arqueboute sur une valeur d'héritabilité jugée "plus vraie" qu'une autre n'a de toute évidence qu'une compréhension superficielle du sujet.

      L'héritabilité est une part de variance génétique qui doit être estimée. Il existe différentes méthodes pour cela, et elles donnent des résultats systématiquement différents: typiquement les études de jumeaux donnent les estimations les plus hautes, les études d'adoption des estimations intermédiaires, et les études génomiques des estimations plus faibles. On a une bonne compréhension des avantages et des limites de chaque méthode, et des raisons de ces différences d'estimation.

      Par ailleurs, les estimations d'héritabilité dépendent d'autres facteurs, notamment la variance génétique de la population étudiée, et la variance environnementale (écologique et culturelle) à laquelle cette population est exposée. Par exemple, toutes choses égales par ailleurs, plus l'environnement est hétérogène, plus la variance environnementale augmente, donc plus l'héritabilité diminue (puisque c'est une proportion de la variance totale). C'est ce qui explique l'observation fréquente du fait que l'héritabilité est plus élevée à haut niveau socio-économique (environnement très homogène) qu'à faible niveau socio-économique (environnement plus hétérogène). Autrement dit, l'estimation d'héritabilité dépend de l'environnement (interaction gènes-environnement).
      Il y a également des corrélations gènes-environnement qui affectent les estimations d'héritabilité. Par exemple, au fur et à mesure qu'ils avancent dans la vie adulte, les individus ont tendance à sélectionner activement (et à être sélectionnés par) des environnements qui renforcent leurs prédispositions génétiques. C'est ce qui explique l'observation fréquente selon laquelle l'héritabilité des traits cognitifs augmente avec l'âge (de 40 à 80% selon certaines études de jumeaux).

      En résumé, une estimation d'héritabilité n'est qu'une estimation, dépendante d'une méthode, de l'ensemble des génomes de la population étudiée, et de l'ensemble des environnements auxquels cette population est exposée. On a une assez bonne compréhension de la manière dont ces différents facteurs affectent les estimations d'héritabilité, et expliquent les divergences apparentes entre études.

    • Franck Ramus Répondre | Permalink

      Sur le 3ème point, je voudrais bien voir les méta-analyses en question.
      Ce qui est exact, c'est que le QI des enfants adoptés dépend plus du QI (ou du SES) de leurs parents biologiques que de celui de leurs parents adoptifs. De là à dire que celui des parents adoptifs n'aurait aucun impact, ce n'est pas conforme aux études que je connais.
      Il y a juste une étude que je connais qui va dans ce sens, qui a été publiée très récemment. Elle montre que lorsque les enfants adoptés sont suivis sur le très-long terme (30 ans), la corrélation des scores de QI subsiste avec les parents biologiques, mais disparait avec les parents adoptifs.
      Mais ce n'est qu'une étude (celle du Minnesota) à répliquer, pas une méta-analyse:
      Willoughby, E. A., McGue, M., Iacono, W. G., & Lee, J. J. (2021). Genetic and environmental contributions to IQ in adoptive and biological families with 30-year-old offspring. Intelligence, 88, 101579. https://doi.org/10.1016/j.intell.2021.101579

      Voici l'image qui résume les résultats de cette étude:
      https://mycore.core-cloud.net/index.php/s/AFGQDUX11omwe5o

      • Jackson Répondre | Permalink

        Voici la méta-analyse qui m'avait troublé:

        Tucker-Drob, E. M., & Bates, T. C. (2016). Large cross-national differences in gene× socioeconomic status interaction on intelligence. Psychological science, 27(2), 138-149.

        Mais en la relisant elle supporte la théorie que vous défendez mais la méta analyse semble indiqué que l'effet est très discuté Avec beaucoup d'article pour et beaucoup d'article contre la présence d'un effet

        Cette question, l'hypothèse de Scarr-Rowe, semble très débatu ou il y a-t-il un concensus que je ne perçoit pas ?

      • Jackson Répondre | Permalink

        J'ai finalement retrouvé des études qui m'ont amené à d'autree question,

        te Nijenhuis, J., Jongeneel-Grimen, B., & Armstrong, E. L. (2015). Are adoption gains on the g factor? A meta-analysis. Personality and Individual Differences, 73, 56-60.

        Ici l'auteur soutient que les effets d'adoption ont une correlation de -1 avec l'effet Jensen et serait donc culturel et non sur g qui serait génétique, j'avoue ne pas avoir compris si g est héritable à 100% ou si il est comme les autres facteurs héritables à 50%

        te Nijenhuis, J., & Van Der Flier, H. (2013). Is the Flynn effect on g?: A meta-analysis. Intelligence, 41(6), 802-807.

        Woodley, M. A., te Nijenhuis, J., Must, O., & Must, A. (2014). Controlling for increased guessing enhances the independence of the Flynn effect from g: The return of the Brand effect. Intelligence, 43, 27-34.

        Je ne sais pas non plus quoi penser de cette méta analyse qui semble également imputer les points de QI via l'efffet Flynn comme environnementaux et donc ne concernant pas g qui serait purement génétique

        Comment interprétez-vous ces deux résultats ? Ai-je mal compris leur porter ?

        J'ai l'impression en lisant certain article que deux chercheur Jensen et Rushton essaye de trouver par tous les moyens des différences d'intelligence entre les populations humaines, quand pensez-vous et quel est le consensus parmi les spécialiste sur cette question ?

  14. Jackson Répondre | Permalink

    J'ai retrouvé deux études sur lesquelles je voulais vous posez une question

    te Nijenhuis, J., Jongeneel-Grimen, B., & Armstrong, E. L. (2015). Are adoption gains on the g factor? A meta-analysis. Personality and Individual Differences, 73, 56-60.

    Celle ci montre une corrélation parfaitepent négative (-1) entre les gains de QI lié l'adoption, je ne sais pas trop comment interpréter ce résultat

    te Nijenhuis, J., & Van Der Flier, H. (2013). Is the Flynn effect on g?: A meta-analysis. Intelligence, 41(6), 802-807.
    Woodley, M. A., te Nijenhuis, J., Must, O., & Must, A. (2014).
    Controlling for increased guessing enhances the independence of the Flynn effect from g: The return of the Brand effect. Intelligence, 43, 27-34.

    Pareil pour ce résultat, je ne sais pas comment interpréter la corrélation négative avec l'effet jensen (-1), est ce que cela veut dire que l'effet est purement environnemental ?

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