Mais comment peuvent-ils croire de telles foutaises?
C'est la question que je me pose à chaque fois que je suis confronté à des croyances religieuses, pseudo-scientifiques, ou pseudo-médicales. Résurrection, voyance, terre plate, psychanalyse, homéopathie, et bien d'autres... Mais comment peuvent-ils croire de telles foutaises?
Cette question me vient à l'esprit à chaque fois, immédiatement, spontanément, tel un réflexe. Ce n'est qu'après quelques secondes supplémentaires que me revient la réponse, que je connais pourtant depuis longtemps.
Cette réponse a été formulée de manière particulièrement concise et élégante par Daniel Willingham dans un billet récent sur son blog. Je la recopie donc telle quelle:
"People hold beliefs for multiple reasons. One—but only one—reason people believe things is in an effort to make their beliefs coordinate with reality, to be in line with the objective truth about the world.
People also hold beliefs to belong to a group, to maintain social ties. They believe things to regulate emotions. They believe things to promote and maintain their self-image. The believe things to protect values they consider important."
Traduction:
"Les gens entretiennent des croyances pour de multiples raisons. Une, et une seule, des raisons pour lesquelles les gens croient des choses résulte d'un effort d'ajuster leurs croyances à la réalité, d'aligner leur croyances avec la vérité objective sur le monde.
Les gens ont aussi des croyances pour appartenir à un groupe, pour maintenir des liens sociaux. Ils croient des choses pour réguler leurs émotions. Ils croient des choses pour promouvoir et préserver leur image de soi. Ils croient des choses pour protéger des valeurs qu'ils considèrent importantes."
Tout est dit. Si l'humain avait été bien conçu, seule la réalité objective devrait influencer nos croyances, et celles-ci devraient donc inexorablement coïncider toujours plus avec la réalité. Les débats d'idées, se nourrissant de faits et d'arguments à propos de la réalité, devraient inévitablement conduire certains participants à modifier leurs croyances dans la bonne direction. Mais l'humain n'a pas été bien conçu. Il n'a pas été conçu du tout, il a évolué. Et les hasards de son évolution l'ont doté de mécanismes de raisonnement et de fixation des croyances qui n'accomplissent qu'imparfaitement la fonction que nous leur imaginons*.
En bref, à chaque fois que les croyances des autres nous paraissent aberrantes et que cela nous étonne, souvenons-nous ces croyances peuvent avoir été adoptées pour bien d'autres raisons que l'adéquation avec la réalité objective.
*Pour ceux qui voudraient en savoir plus, voir notamment la théorie argumentative du raisonnement d'Hugo Mercier et Dan Sperber. Voici le résumé en anglais par Hugo Mercier, un résumé en français par Stéphane Debove, et un autre par Hubert Guillaud.
Je signale également le livre "L'ironie de l'évolution" de Thomas Durand, qui explique comme notre évolution a prédisposé le cerveau humain à adopter des croyances irrationnelles.
Remarquablement exprimé, mais il me semble que l'une des raisons evolutionnistes de l'attachement aux croyances, c'est que des croyances justifient le renoncement à l'effort couteux de superviser ses heuristiques de traitement de l'information ...
Article intéressant. Peut-être faire le lien avec le "Je suis spécial donc je crois" de la Menace théoriste pour compléter ?
Je suis régulièrement confronté à ce que l'on peut appeler une "fracture d'avec le réel", là où vous parler d'adéquation avec la réalité objective. Cependant, force fut de constater que l'un des problèmes est déjà la perte de repère de certains par rapport à ce réel. Cela peut être la remise en cause des autorités, du consensus scientifique. Mais j'ai eu affaire avec un autre niveau : des personnes qui pratiquaient un relativisme quasi-absolu. Si pour les premiers, on peut avoir un débat d'idée et une remise en question des croyances, dans le second cas, ce n'est pas possible.
Le fait de ne pas hiérarchiser les informations est un problèmes également que l'on peut retrouver dans les croyances. "Une, et une seule, des raisons pour lesquelles les gens croient des choses résulte d'un effort d'ajuster leurs croyances à la réalité, " : quid du moment où il n'y a plus de réalité ?
L'entretien épistémique ne semble pas fonctionner.
La remise en cause des autorités ou du consensus scientifique n'a rien à voir avec le concept de croyance, contrairement à l'idée reçue que je perçois dans ce post. Il ne peut en effet jamais y avoir d'adhésion réelle et/ou sincère à une autorité ou au consensus scientifique s'il n'y a pas préalablement une reflexion visant à établir sous quelles conditions il est pertinent d'adhérer à une autorité ou à un consensus scientifique. Un doute éduqué vaudra toujours mieux qu'une adhésion aveugle pour la simple et bonne raison que ce n'est pas intrinsèquement ce que l'on "croit" qui est important, comparativement à la façon et à la méthode qu'on s'impose individuellement pour arriver aux conclusions auxquelles on croit ou desquelles on doute.
Quand au relativisme quasi-absolu, j'ai eu beau chercher dans la réalité vraie des gens vrais (i.e. pas sur Internet où par construction on peut trouver tout et son contraire), et je n'ai jamais jamais jamais trouvé de réels relativistes avec lesquels toute référence à la réalité serait forclose. Le plus près que je sois parvenu à approcher le relativisme le plus dur, ce sont chez certains psychanalystes et juristes pour qui il n'y a pas de réalité mais seulement des interprétations. En résumé, je n'ai rencontré de réel relativisme que comme produit d'une déformation professionnelle, mais jamais dans les interactions avec l'écrasante majorité des gens.
Vous avez probablement raison sur le fait que personne ne peut être un relativiste total, car dans ce cas il n'y a aucune motivation à entretenir la survie même de l'individu.
Néanmoins, quand on lit, en commentaire de ce blog comme sur les réseaux sociaux, le nombre de commentaires qui se gaussent de la notion de "réalité objective", on mesure à quel point les déconstructionnistes et autres relativistes ont perverti l'esprit de nos contemporains.
"on mesure à quel point les déconstructionnistes et autres relativistes ont perverti l'esprit de nos contemporains."
Il y a deux points. (1) Des commentaires qui se gaussent de la "réalité objective" et (2) l'attribution d'une causalité dont les représentants du post-modernisme serait les agents.
En ce qui concerne le point (1), je me rappelle d'une petite histoire. Un chat se ballade derrière un mur percé d'une fente. À chaque qu'il passe devant la fente, on observe d'abord l'apparition de la tête, puis celle de la queue. On infère de ces observations que la tête est la cause de la queue. Transposé au problème du QI et de commentaires que j'imagine vous visez qui nieraient la "réalité objective" du QI, nous obtiendrions l'affirmation que le QI serait une mesure qui ferait écran à la réalité sous-jacente des processus intellectuels ainsi mesurés.
(Je n'aime pas discuter de "relativisme" dans l'abstrait, et je préfèrerais avoir un post de blog bien précis pour discuter le cas d'espèce, mais en absence de cela, j'ai pris la discussion sur le QI comme point de référence).
Ce type de critique n'est pas neuve, et attribuer cela au "post-modernisme", au "déconstructionisme" ou au "relativisme" en général, cela me paraît aller vite en besogne (ce qui nous amène au point (2)). D'autant plus qu'on a une opposition souvent factice entre des traditions philosophiques au sujet du relativisme. Hume était un relativiste moral qui s'en cachait. Spinoza était paradoxalement un relativiste épistémologique pour plusieurs raisons, l'une d'entre elle étant qu'il reconnaissait qu'une erreur était non pas un représentant du faux, mais surtout un début de connaissance. De plus, historiquement, le relativisme fut une accusation régulièrement portée par l'Eglise contre les Lumières (je pense à l'article de Diderot sur les éthiopiens dans l'Encyclopédie, par exemple, à Montaigne aussi qui fut un des premiers à exhiber des tendances relativistes, aux lettres persannes de Montesquieu) et je regrette qu'on qualifie actuellement le postmodernisme de relativiste.
Je cite: "Une source fréquemment citée pour le relativisme philosophique postmoderne est un fragment d’un texte de Nietszche, -Vérité et Mensonge. On inclut souvent derrière cette appellation les philosophies de Foucault, Deleuze et de Derrida mais aussi d’Althusser, Castoriadis, Baudrillard, Guattari, Irigaray, Badiou, Nancy, Lacoue-Labarthe, Julia Kristeva en France ; Feyerabend, Cavell, Rorty, Jameson, Butler, Ronell aux Etats-Unis et quelques autres, qui ont en commun une posture de critique et de méfiance, de liberté voire de rupture vis-à-vis des traditions idéologiques de la modernité en Occident."
http://sophia-cholet.over-blog.com/le-relativisme-de-protagoras-aux-postmodernes-par-jean-fran%C3%A7ois-boyer
Ayant lu certains de ces auteurs accusés de représenter le relativisme, j'y vois souvent tout le contraire en les lisant. Peut-être sont-ils mal interprétés, mais je ne peux pas me résoudre de les qualifier de relativistes. Et leur pensée n'est clairement pas celle à l'origine des commentaires sur les blogs.
Prenons rapidement le cas de Nietzsche. D'un côté, il a écrit Vérité et Mesonge au sens extra-moral, qui est accusé d'être une pière de touche historique du relativisme. Lisez-le, et vous verrez que sa critique du vrai est assez proche du propos de votre propre article dans l'examen des raisons pour lesquelles les gens se fourvoient.
https://en.wikipedia.org/wiki/On_Truth_and_Lies_in_a_Nonmoral_Sense
D'un autre côté, c'est le premier a reconnaitre que "les convictions sont des ennemies de la vérité plus dangereuses que des mensonges". Nous sommes ici, paradoxalement, plus proche de la démarche scientifique que du relativisme épistémologique tant critiqués.
In fine, je ne comprends toujours pas d'où vient cette critique du relativisme, que je ne rencontre jamais vraiment. Sauf dans les critiques d'un souverain pontife...
On peut rapprocher cela des théories sur l’intérêt des stéréotypes en psychologie sociale:
- appartenance à un groupe
- sentiment de compréhension du monde
- facilitation de l'action
Il y a plus étonnant encore : comment peut-on être aussi péremptoire et se prétendre scientifique ? Pourquoi n'annoncez-vous pas que l'atome est la plus petite particule, pendant qu'on y est ? Vérité à l'instant T, erreur plus tard.
L'humain est trop complexe pour se réduire à un assemblage de rationalités, 'est ce qui le rendre indépassablement inventif (bien que, malheureusement, l'ignorance et la superstition soient la cause de bien des petitesses, ou pire, de la part de certains individus...)
Vivez et vous comprendrez...
C'est précisément ce que disent Willingham, Sperber, Mercier et bien d'autres: l'être humain n'est pas rationnel et n'adopte pas la plupart de ses croyances par rationnalité.
Je ne vois pas ce qui justifie cette confusion entre irrationalité et créativité. Il n'y a pas de lien.
L'explication se mord la queue :
"Les gens croient pour aligner leur croyance à la réalité" (tautologie, la cause de la croyance se trouve dans cet ajustement d'une réalité subjective, donc... cette croyance par définition questionnée)
"Ils croient des choses pour protéger des valeurs qu'ils considèrent importantes" (tautologie aussi, ce qui est important pour un croyant n'est-il pas protégé par un non croyant ? Si non, les valeurs en soi font partie elles-mêmes de la croyance. Si oui, ces valeurs à protéger n'en sont pas les raisons (idem pour l'image de soi ou l'émotion)
"Les gens croient pour appartenir à un groupe". Un groupe... de croyants. ça explique seulement le caractère collectif et construit (donc acquis) de cette croyance, pas son pourquoi fondamental pour un scientifique (si c'est ce que vous entendez par "comment peuvent-ils").
"Si l'être humain avait été bien conçu"... donc la croyance est une malfaçon ontologique de sortie d'usine ou une dysgénie (s'il n'y a pas de sortie d'usine). Dire que cette croyance n'a pas lieu d'être ne répond pas à son pourquoi.
"seule la réalité objective devrait influencer nos croyances" (la croyance ne devrait pas influencer la croyance, or celle-ci est toujours téléologique, la science n'accédant au "pourquoi" que par le "comment", affirmer le non lieu élude la question... un peu comme se demander pourquoi la température existe et dire que les thermomètres ne devraient pas exister).
"les hasards de son évolution l'ont doté de mécanismes de raisonnement et de fixation des croyances qui n'accomplissent qu'imparfaitement la fonction que nous leur imaginons". Ce qu'imagine l'homme de science est une autre croyance... ou alors ils accomplissent parfaitement la fonction que nous ne leur imaginons pas ?
Les débats d'idées, se nourrissant de faits et d'arguments à propos de la réalité, devraient inévitablement conduire certains participants à modifier leurs croyances dans la bonne direction (inévitablement ? débattre peut aussi conduire dans la mauvaise direction, notamment pour des questions de parcimonie, de positivisme, de limite paradigmatique. Et alors le plus engagé des débatteurs serait alors aussi le plus croyant)
Selon F Ramus (je pense) les croyances sont une forme de rationalité elementaire visant a donner du sens global a tout ce " qu'il y a " d une maniere aisement et rapidement partageable, lequel sens doit etre suffisamment global et ( donc) vague et inverifiable donc infalsifiable (pour eviter d etre en flagrante contradiction avec les faits cf Karl Popper) pour maintenir l espoir que tout se termine bien. C est une rationalité extremement efficace comme on le voit aujourd hui sous des formes differentes ( moins optimistes) avec certaines ideologies type psychanalyse et marxisme. Mais une rationalité qui n incite justement pas toujours a developper un esprit critique adaptatif : c est bien de rassurer les gens par l esperance d un futur joyeux, mais parfois il y a des remedes moins specukatifs a nos soucis pressants.
Extrait de De la Démocratie en Amérique, par Alexis de Tocqueville:
« Si l'homme était forçé de se prouver à lui-même toutes les vérités dont il se sert chaque jour, il n'en finirait point; il s'épuiserait en démonstrations préliminaires sans avancer; comme il n'a pas le temps, à cause des bornes de son esprit, d'en agir ainsi, il est réduit à tenir pour assurés une foule de faits et d'opinions qu'il n'a eu ni le loisir ni le pouvoir d'examiner et de vérifier par lui-même, mais que de plus habiles ont trouvés ou que la foule adopte. C'est sur ce premier fondement qu'il élève lui-même l'édifice des ses propres pensées. Ce n'est pas sa volonté qui l'amène à procéder de cette manière; la loi inflexible de sa condition l'y contraint.
Il n'y a pas de si grand philosophe dans le monde qui ne croie un million de choses sur la foi d'autrui, et qui ne suppose beaucoup plus de vérités qu'il n'en établit.
Ceci est non seulement nécessaire mais désirable. Un homme qui entreprendrait d'examiner tout par lui-même ne pourrait accorder que peu de temps et d'attention à chaque chose; ce travail tiendrait son esprit dans une agitation perpétuelle qui l'empêcherait de pénétrer profondément dans aucune vérité et de se fixer avec solidité dans aucune certitude. Son intelligence serait tout à la fois indépendante et débile. Il faut donc que, parmi les divers objets des opinions humaines, il fasse un choix et qu'il adopte beaucoup de croyances sans les discuter, afin d'en mieux approfondir un petit nombre dont il s'est réservé l'examen.
Il est vrai que tout homme qui reçoit une opinion sur la parole d'autrui met son esprit en esclavage; mais c'est une servitude salutaire qui permet de faire un bon usage de la liberté.»
Du coup, la question se décale au fait de savoir quels sont les critères utilisés par les humains pour choisir à qui faire plus ou moins confiance comme source d'information.
Je me demande si un humain "bien conçu" aurait la vérité pour principal critère dans la constitution de ses connaissances/ croyances.
En effet, il me semble plutôt que lorsqu'on conçoit un système, les critères qui guident les choix de construction sont essentiellement pragmatiques, et rejoignent donc souvent les critères de sélection de l'évolution.
La conception doit ainsi prendre en compte le fait que système puisse répondre aux besoins, sans nécessiter trop de ressources (parce qu'elles sont limitées, ou parce qu'elles sont mieux employées ailleurs). Et il n'a généralement pas besoin de produire des résultats parfaits, juste des résultats qui sont un bon compromis entre leur utilité pratique et leur coût de production.
Pour un système de prédiction (par exemple un système de prédiction météo, ou un cerveau humain), au-delà d'un certain degré de précision, le coût d'amélioration de la prédiction devient rédhibitoire et il est contre-productif d'investir plus. Au-delà de cette notion de degré de conformité à la réalité, on imagine facilement de nombreux cas où l'intérêt maximal n'est pas de produire un connaissance conforme à la réalité, mais la connaissance la plus utile à l'organisme dans un contexte socio-culturel donné, comme les utilités listées par Daniel Willingham.
Si l'on transpose ces critères de l'individu à l'espèce dans son ensemble, il me semble également plus adapté pour l'espèce de ne pas consacrer toutes ses ressources (i.e. tous ses individus) à la recherche de connaissances exactes sur le monde, mais seulement une petite partie, et seulement quand les ressources permettent cet investissement. Investissement au retour d'autant plus tardif et incertain que la recherche s'éloignera de l'application pour aller vers le fondamental.
Du coup, je trouve plutôt cool que notre espèce en soit arrivée à développer autant ses connaissances et ses activités de recherche.
L'important ce n'est pas "d'y " croire mais de le vivre et de continuer à l'expérimenter pour vérifier que çà continue de marcher.
Même si ce n'est pas encore démontrable officiellement, scientifiquement, c'est reproductible et je la vis tous les jours.
"Cette chose" est devenue ma raison d'exister.
Bonsoir, pour ce qui est des psychanalystes leurs comportements ressemblent à celui d'un endoctrinement. Ils ne sont pas sensibles à la science, j'aimerai bien savoir ce qu'on leur dit à l'université, ou comment on les programme de cette façon.
Bien cordialement.
Ben.... Ne sont-ce pas les scientifiques qui nous ont démontré que le cerveau a horreur de ne pas arriver à trouver du sens à ses perceptions diverses et variées et parfois avariées ? Ne peut-on en conclure que les croyances ont pour fonctions de remplir de sens ce qui n'en a a priori pas ?
Et au -delà de cette absence de sens par méconnaissance des aspects de la réalité que la science n'a pas encore explorés pour les expliquer, n'avez-vous jamais besoin de rêves, d'émerveillements, de poésie pour colorer vos journées ? Avouez quand même que toute légende, même celle des chevaliers de la table ronde revisitée par Alexandre Astier, est bien plus séduisante pour égayer et motiver nos vies que de tout connaitre sur les lois de la libido selon la LHRH, la dopamine, ou la noradrénaline ? Il nous faudrait beaucoup d'imagination créatrice pour chanter nos états amoureux comme Ronsard, Cervantès ou Aragon l'ont fait, si nous n'avions que l'ocytocine pour nous motiver.
Je vois dans le phénomène de la croyance la force de la pensée magique qui "enchante" et colore nos vies. Elle a construit des sociétés autour de mythes depuis l'aube du temps, elle a créé des codes de bien vivre ensemble, tout autant qu'elle a justifié la cruauté que nos cerveaux apeurés ont créée.
La croyance n'est peut-être pas le problème en elle-même mais plutôt ce qu'il en est fait comme s'en servir pour abuser, s'en servir pour asservir.
Vous avez tout à fait raison sur la propension de notre cerveau à vouloir donner du sens à des choses qui n'en ont pas nécessairement.
Après, apprécier les mythes et légendes, c'est une chose; y croire dur comme fer c'en est une autre.
Apprécier la vie en tirant parti de tous les plaisirs qu'elle offre (y compris les belles histoires), d'accord. "Enchanter" la vie en gobant des fariboles, très peu pour moi.
Autrement dit:
L'homme ne poursuit en aucun cas la vérité.Si il la trouve, c'est par hasard, sur le chemin de son propre accomplissement."
La croyance ultime bien evidemment est de croire qu'on possede la verite quand en realite son niveau de connaissances est mediocre. Cette certitude que l'ignorance confere, permet alors de jeter son arrogance sur "les foutaises" des autres, fussent ils plus intelligents et beaucoup plus eduques.
Si j'ai bien compris votre commentaire: "C'est celui qui dit qui y est".
Et que pensez-vous de l'explication des croyances religieuse par la théorie de l'esprit (avec tout les jeux de mots qu'on peut enchainer...) ? ;
voir par exemple :
http://www.charlatans.info/news/Une-theorie-de-l-esprit-pour
http://www.pnas.org/content/106/12/4876
Oui, c'est très plausible. La théorie de l'esprit, le biais d'intentionnalité, conduisent les êtres humains à imaginer un agent, une intention derrière chaque évènement.
Merci pour ce remarquable article.
Moi, ce qui fascine surtout, c'est comment les humains ont cette propension unique à pouvoir s'accomoder, intellectuellement, de dissonances cognitives aussi violentes : comment des grands scientifiques peuvent être "croyants", comment de brillants esprits cultivés peuvent occuper des postes importants dans l'Eglise, comment de simples citoyens peuvent faire exister dans leur cervelle des mythologies et des faits rationnels (là, je pense surtout à mes amis indiens, qui m'expliquent sans broncher, et tel un fait historique, que Krishna (personnage mythologique s'il en est) est bien né à Mathura (d'un cheveu noir de Vishnou).)
Le seul point de contact entre ces deux monde me semble etre le suivant.:Croire en Dieu n'est pas une croyance therorique mais une experience. Dire que celui qui la vit est superieur a celui qui ne la vit pas est faux; c'est une particularite et une difference. Oui, cette experience se partage. Je vous retourne la question: Comment pouvez vous juger de l'experience du croyant des lors que vous la regarder de l'exterieur et ne l'avez pas vecue? Vous appliquer votre propre jugement pour votre vie a vous, oui, bien sur; mais le rendre ainsi universel, en fin de compte, n'y a t il pas la une intolerance criante face a l'autre dans sa difference?
1) Je ne juge pas de l'expérience du croyant.
2) Il est vrai que certains croyants disent éprouver (ou avoir éprouvé à un moment) une expérience particulière de la foi, ou de la divinité. Mais pas tous (ne généralisez pas non plus).
3) Ce type d'expérience subjective est un sujet de recherche actif en psychologie.
4) En tout état de cause, il est important de garder à l'esprit que les sensations que nous donnent certaines expériences subjectives ne correspondent pas nécessairement à quelque chose de réel. Par exemple, de nombreuses illusions visuelles vous donnent des expériences subjectives qui sont des représentations erronées de la réalité. Ou encore, certaines personnes disent entendre des voix, les attribuent parfois à une divinité, cela n'implique pas que ces voix soient réelles.
"Pour resumer un peu facilement, quand on est de droite on est critique par rapport aux conclusions du GIEC et quand on est de gauche on est d’accord."