La méditation de pleine conscience est-elle forcément spirituelle/religieuse?

Suite à la publication de la note du CSEN sur la méditation de pleine conscience à l'école, un débat s'est engagé avec des personnes ayant divers points de vue.

Certaines personnes farouchement opposées à la méditation de pleine conscience (MPC) dans les écoles considèrent que cette pratique ne peut pas être laïque, qu’elle contient forcément des éléments religieux, allant parfois jusqu’à invoquer "un contenu bouddhiste soigneusement camouflé". Elles demandent des preuves du fait que les pratiques de MPC qui sont considérées dans la note du CSEN ne contiennent aucun élément religieux.

Le problème, c’est qu’il est impossible de prouver l'inexistence de quelque chose. C'est à ceux qui affirment que quelque chose existe (des contenus religieux dans des formations/pratiques validées scientifiquement) d'en apporter la preuve. Pour cela, la seule méthode est de consulter les manuels de ces différentes pratiques, qui contiennent tous les contenus qui sont enseignés aux formateurs et aux pratiquants, et d’y chercher exhaustivement tous les éléments qui pourraient être de nature spirituelle ou religieuse. Ces manuels sont disponibles dans le commerce ou sur internet.

Si vous souhaitez prouver ou simplement savoir s’il y a des contenus religieux dans ces pratiques, explorez-les donc, dites-nous en commentaire ci-dessous ce que vous avez trouvé (avec des citations et références précises et vérifiables), et ainsi on en aura le cœur net.

Bien évidemment, la question n’est pas de savoir s’il existe des contenus religieux dans certains programmes de méditation : il en existe, c’est sûr. La question est de savoir si tous en contiennent, en particulier ceux qui sont présentés comme des programmes non-religieux, qui ont des preuves d’efficacité, et qui sont donc des candidats possibles pour être utilisés dans des écoles publiques françaises.

Voici une liste non-exhaustive de sources à consulter (n’hésitez pas à proposer des ajouts, surtout en libre accès) :


Addendum du 12/12/2022 en réponse aux arguments postés sur un blog et collés ci-dessous.

De ce très long commentaire, j'extrais ce qui me paraissent être les deux arguments principaux, répétés sous diverses formes.

Ces interventions peuvent représenter “les enseignements originels du Bouddha” sous une forme laïque, une forme typiquement occidentale de bouddhisme socialement engagé et “rationalisé pour une clientèle laïque”

Peut-être, et alors ? Si un enseignant enseigne aux élèves qu’il ne faut pas tuer, on peut aussi considérer que cela représente l’enseignement originel des 10 commandements judéo-chrétiens. Cet enseignant est-il pour autant en train de diffuser subrepticement des concepts religieux à ses élèves ?

De même, si des concepts relativement banals et consensuels ont été auparavant formulés à leur manière par des bouddhistes (et d’autres courants de pensée d’ailleurs, comme le stoïcisme), faut-il pour autant les rejeter ou considérer qu’ils ne sont pas vraiment laïques ?

Les religions ont-elles le monopole de la focalisation de l’attention, de la conscience du corps, de la souffrance, des besoins fondamentaux, de l’empathie, et de la justice, au point qu’on devrait s’interdire de les enseigner dans un cadre laïque ?

Le fait qu’il soit possible de retraduire le manuel MBSR en termes bouddhistes (d’après un document non publié cité par Brown 2016) ne change rien au fait qu’il est formulé, communiqué et pratiqué en termes non-religieux.

La question n’est donc pas de savoir d’où ça vient, par où c’est passé, comment ça a été transformé et traduit, par qui, avec quelles intentions, etc. La question est de savoir ce qu’il en reste dans les pratiques susceptibles d’être utilisées dans des écoles françaises. Et ça, ça ne se teste pas en faisant de longues dissertations historiques et philosophiques et en empilant des centaines de citations des prédécesseurs qui ont disserté sur le sujet. Ça se teste en examinant les contenus que les promoteurs de la MPC se proposent de diffuser dans les écoles. C'est ce que plusieurs collègues et moi avons fait et que nous vous avons proposé de vérifier sur pièces.

Il existe des données qualitatives montrant que des individus « se sont frayé un chemin dans le bouddhisme après avoir été initiés à la pleine conscience par le biais d’un cours laïc », ou encore une « corrélation significative entre l’augmentation de la pleine conscience et la spiritualité »

Que faire de telles données tantôt anecdotiques, tantôt corrélationnelles ? Que des gens qui se sont spontanément orientés vers la méditation soient plus religieux ou soient plus susceptibles que d’autres d’être attirés par le bouddhisme, si ce fait était avéré, cela ne serait pas bien étonnant. La question est : est-ce que c’est la méditation qui a augmenté leur sensibilité spirituelle, ou est-ce que c’est leur sensibilité spirituelle qui les a attirés vers la méditation (puis le bouddhisme) ? Bref, il manque toujours le groupe contrôle, qui permettrait de contrôler le biais d’auto-sélection et d’évaluer l’effet causal de la méditation dans le parcours de vie des personnes.

Notons que les interventions universelles dans les écoles, précisément parce qu’elles s’adressent à tous les élèves et pas seulement à ceux qui sont attirés par la méditation, ne souffrent pas de ce biais de sélection, et sont donc en bien meilleure position pour répondre à la question correctement. Dans ces études en milieu scolaire, les élèves qui sont dans le groupe d’initiation à la MPC développent-ils plus de croyances religieuses, et s’orientent-ils plus vers le bouddhisme que les élèves du groupe contrôle ? Je n’ai vu aucune mention d’un tel résultat, mais c’est peut-être simplement parce que les études n’ont pas testé cette hypothèse. En tous cas, si un tel résultat était avéré, il serait beaucoup plus convaincant que toutes les anecdotes et corrélations du monde, et il faudrait assurément en tenir en compte et réviser l’affirmation selon laquelle ce programme de MPC n’a aucun effet religieux ni spirituel.

 

Finalement, le problème avec tous ces exemples de méditation avec des éléments spirituels ou religieux, c’est qu’ils illustrent bien ce que l’on veut éviter dans les écoles françaises. Mais ils n’éclairent en rien ce qui pourrait se passer si l’on restreint la MPC dans les écoles aux programmes dûment validés et contrôlés, c'est-à-dire les seules conditions jugées éventuellement acceptables par la note du CSEN. L'erreur consiste à considérer qu'il n'y a qu'une pratique possible de la MPC, alors qu'il y a de toute évidence une diversité de pratiques. Les descriptions que l'on fait de certaines pratiques n'affectent pas ce que l'on peut penser des autres pratiques.

Pour chaque exemple donné de MPC contaminée par le bouddhisme, je dispose d'un témoignage* de personne totalement athée, formée intégralement à la MPC selon un programme non religieux, la pratiquant de manière non religieuse, et qui serait capable de la transmettre de la même manière. De tels exemples n'ont la valeur que d'exemples, mais ils ont au moins le mérite de montrer que c'est possible, ce qui ne transparait pas de l'accumulation d'exemples opposés.

Prenons donc la question différemment. Imaginez que vous soyez enseignant. Imaginez que vous soyez formé au programme MBCT, MBSR, ou encore Mindfulness in education, en stricte conformité avec le manuel, c’est-à-dire sans aucun élément spirituel ou bouddhiste apparent. Et que vous pratiquiez ce programme avec vos élèves, à nouveau en stricte conformité avec le manuel. Du point de vue de vos élèves, quels sont les éléments problématiques ? D’où va surgir le bouddhisme, s’il n’est pas dans le manuel et que vous ne l’y mettez pas vous-même ? En quoi les concepts de l’instant présent ou de compassion vont-ils évoquer des concepts religieux problématiques pour vos élèves, si vous n’en donnez pas vous-même une interprétation bouddhiste ?

Bref, j'en reviens à ma conclusion initiale: soit la MPC est irrémédiablement contaminée par des contenus religieux et ne peut être pratiquée que de manière religieuse ou spirituelle, auquel cas elle n'a rien à faire dans les écoles. Soit il existe une possibilité de pratiquer la MPC de manière exempte de tout élément spirituel ou religieux, auquel cas cette pratique particulière n'est pas fondamentalement incompatible avec l'école publique laïque, et on peut étudier la possibilité de l'utiliser dans les écoles françaises sous les conditions et avec toutes les réserves précisées dans la note du CSEN.


* Personnellement je ne pratique pas la méditation, je n'ai jamais été formé, et cela ne m'intéresse pas, donc je ne suis pas en mesure d'en témoigner. Pour savoir ce qui est transmis dans les formations de MPC dites laïques, je ne peux donc que m'appuyer sur la consultation des manuels et sur des témoignages de personnes en qui j'ai confiance.


11 commentaires pour “La méditation de pleine conscience est-elle forcément spirituelle/religieuse?”

  1. Henri Goffin Répondre | Permalink

    Bonjour.
    Il ne m'aura pas fallu aller très loin pour trouver un biais métaphysique dans les réferences que vous suggérez.
    Dès l'entame de la première référence: "MINDFULNESS TEACHER TRAINING " on trouve cette phrase:
    "the body is always in the present moment, it is only the mind that wanders to the past and the future". Nous voilà d'emblée plongés comme une évidence dans la dichotomie corps esprit qui, si je ne m'abuse, est le pilier de toute spiritualité.
    Je n'ai ni les compétences, ni le temps de me lancer dans une analyse exhaustive de toutes vos références, mais l'exemple que je donne me semble être une indication que dans ces questions, nous sommes encore loin d'un approche qu'on pourrait qualifier de scientifique. Loin de moi l'idée de qualifier la méditation de pleine conscience de charlatanisme. Certaines investigations scientifiques ont montré qu'il y avait bien des phénomènes objectivables en jeu. Mais mon impression est que nous en sommes encore au stade des naturalistes du 17/18-éme siècle qui, à côté d'observations rigoureuses, ne pouvaient pas encore se dégager de concepts tels que le principe vitaliste.

    Sincères salutations,
    Henri Goffin

    • Franck Ramus Répondre | Permalink

      En tant que chercheur en sciences cognitives, je ne suis évidemment pas plus dualiste que vous: je ne souscris pas à l'idée d'un esprit ou d'une âme indépendante du corps. Dans les sciences cognitives, on fait un postulat matérialiste: ce qu'on appelle l'esprit, c'est ce que fait le cerveau.

      Mais je n'ai pas la même lecture que vous de cette phrase, je n'y vois pas un biais métaphysique, en fait j'aurais très bien pu la prononcer. Dans cette phrase, le mot mind (esprit) s'interprète très bien à la manière des sciences cognitives. Et ce que dit cette phrase est littéralement vrai: le corps est coincé dans le présent, mais notre cerveau, quoique partie du corps, nous permet de nous souvenir du passé (mémoire) et de penser le futur (imagination, anticipation). On pourrait aussi bien remplacer le mot "esprit" par le mot "cerveau", ou "activité cérébrale", et cette phrase aurait le même sens. Mais utiliser le mot "esprit" (dans le sens mind, pas ghost) n'est pas un problème. C'est même le mot juste pour désigner l'activité mentale du cerveau, et c'est le mot qui est utilisé tout le temps en psychologie scientifique. La psychologie est la science de l'esprit humain.

      Si cette phrase évoquait la possibilité pour l'esprit de se détacher du corps et de se déplacer réellement dans des lieux où le corps n'est pas, comme le racontent des légendes bouddhistes, alors je suis parfaitement d'accord que ce serait clairement spirituel, religieux, et magique, et que ce manuel serait alors indésirable pour les écoles françaises. Mais ce n'est pas le cas. Et s'il y avait le moindre doute sur le sens à donner à cette phrase, le contexte est là pour éliminer toute ambigüité: il indique clairement que notre esprit a tendance à s'égarer facilement dans nos souvenirs et dans notre imagination (ce qui est difficilement contestable), et que la pratique de MPC consiste à le ramener au présent et au corps. Bref, cette phrase dit quelque chose de totalement banal sur les tendances de notre esprit et sur la nature de la pratique.

      La citation dans son contexte:

      Developing awareness of body sensations; the body is always in the present moment, it is only the mind that wanders to the past and the future. Cultivating resting in present moment awareness and allowing everything to simply be as it is- without trying to fix, turn away, judge, want, like or dislike brings us in direct contact with the present moment and interrupts the incessant, often aimless wandering mind.

  2. Free Binder Répondre | Permalink

    Monsieur Ramus,

    Merci pour ce billet qui m'est directement destiné.

    Après m’avoir qualifié sur Twitter de « blogger anonyme » et de « militant » qui tenterait d’ « instrumentaliser » la note du CSEN en « ergotant » sur des détails et en intentant un « procès en laïcité », vous vous êtes finalement décidé à poursuivre cet échange de manière plus sereine par blog interposé.

    Mes remarques initiales portaient principalement sur l‘état de l’art concernant les effets positifs de la méditation de pleine conscience chez l’adulte et l’enfant dont votre note se fait l’écho. Pour synthétiser notre divergence de points de vue à ce sujet et comme vous l’avez vous-même suggéré : là où on peut voir le verre à moitié vide, vous préférez l’envisager à moitié plein. D’où le choix de certains termes et omissions qui ont pu retenir l’attention de plusieurs de vos lecteurs attentifs. Vous n’y accordez pas de crédit, tant pis.

    En parallèle à certains propos (auxquelles je n’ai pas pris part) sur les risques d’effets indésirables et de dérives sectaires, la discussion sur Twitter s’est ensuite tournée quelque peu maladroitement vers la question de l’existence ou non d’une dimension « spirituelle/religieuse » intrinsèque à la pratique méditative (de type MBI/MBSR/MBCT), et donc de sa compatibilité avec le principe de laïcité. Rappelons ici la polémique initiée en France notamment par la LDH et sa lettre ouverte, suivie d’une tribune des acteurs concernés publiée dans le journal Le Monde.

    En effet, la note du CSEN indique que « les pratiques de pleine conscience se sont développées depuis plusieurs décennies sous des formes non religieuses ou spirituelles » et que « le risque […] d’entorse à la laïcité […] devrait en principe être écarté » dans la mesure où l’ « efficacité prouvée » des programmes proposés en classe peut être garantie. Lors de votre intervention dans le journal L’Express qui a suivi la publication de la note, vous ajoutez que « les pratiques évaluées par la recherche et qui ont fait la preuve de leur efficacité n’ont plus aucun élément religieux ou spirituel [et] sont donc compatibles avec l’école publique ». Sur votre blog, vous sous-entendez encore que « les pratiques de MPC qui sont considérées dans la note du CSEN ne contiennent aucun élément religieux ».

    Contrairement à ce que vous avancez dans vos tweets et dans votre dernier billet (au titre trompeur), je n’ai pour ma part pas formulé que « cette pratique ne peut pas être laïque » ou qu’ « elle contient forcément des éléments religieux ». Je vous invite à relire nos échanges et surtout mes 2 questions restées sans véritables réponses :

    Sur quelle(s) base(s) se fondent ces allégations qui ne sont soutenues par aucune référence bibliographique dans la note ? Quel est le consensus scientifique à l’endroit du caractère laïque de ces pratiques ?

    Vous avez alors rappelé qu’ « il est impossible de prouver l’inexistence de quelque chose » en m‘enjoignant au contraire d’« apporter la preuve » de mes « allégations » et de « prouver [l’existence de] contenus religieux ». Ce que vous interprétez comme un raisonnement erroné n’est en réalité qu’une question triviale (à laquelle votre procédé permet d’esquiver la réponse) : dans la mesure où la note du CSEN n’en fait pas mention, quels sont les ouvrages et articles scientifiques inclus dans la revue de la littérature qui permettent d‘affirmer que la méditation de pleine conscience est compatible avec le principe de laïcité ?

    C’est une semaine plus tard, suite à la reprise de la discussion sur Twitter et à la publication de votre dernier billet de blog, que m’apparaissent des éléments de réponse : pour évaluer dans quelle mesure ces interventions ne contiennent « aucun élément religieux », votre méthode (« la seule méthode ») semble avoir consisté à « éplucher les manuels pour savoir s’il reste quelque chose [de spirituel/religieux] dans ces programmes », c’est-à-dire à « consulter les manuels de ces différentes pratiques, qui contiennent tous les contenus qui sont enseignés aux formateurs et aux pratiquants, et d’y chercher exhaustivement tous les éléments qui pourraient être de nature spirituelle ou religieuse ». Comme « le protocole n’a rien de religieux », que « les manuels [pratiques] ne montrent rien de religieux » et qu’il n’y a d’ailleurs « pas besoin d’être expert pour le mettre en évidence » (cf. propos d’une de vos collaboratrices), vous avez conclu que les interventions « pratiquées conformément au protocole » et dont l’ « efficacité [est] prouvée » ne constituent aucune entrave à la laïcité.

    Vous n’avez ainsi, semble-t-il, pas jugé nécessaire d’effectuer une revue de la littérature secondaire sur la question, ou du moins d’en communiquer publiquement les points saillants. Pour preuve également, la reprise dans votre billet de blog de cette citation d’un extrait d’article relayé par mes soins (cf. un contenu bouddhiste soigneusement camouflé). Après avoir sous-entendu que j’aurais « trouvé un auteur qui partage mon opinion » pour conforter un biais de confirmation, vous avez déclaré qu’ « aucun élément factuel, aucune citation, aucune référence n’est fournie à l’appui de ce qui est affirmé ». Je vous ai alors transmis les 4 pages de notes bibliographiques de l’article soumis en référence.

    Avez-vous parcouru cet article ou vous êtes-vous contenté d’en mentionner cet extrait pour illustrer ce que « certaines personnes farouchement opposées à la méditation de pleine conscience [vont] parfois jusqu’à invoquer » ? L’auteure de cette citation – docteure de Harvard, professeure en sciences des religions et spécialiste des questions de neutralité religieuse en lien avec la pratique de la méditation de pleine conscience dans le cadre scolaire – fait partie d’une communauté de chercheurs travaillant spécifiquement sur ces questions aux frontières entre l’anthropologie, la psychologie, la sociologie et les sciences des religions (pour ne citer que ces quelques exemples).

    ***

    Pour répondre enfin à votre « question de savoir si tous [les programmes de méditation] contiennent [des contenus religieux], en particulier ceux qui sont présentés comme des programmes non-religieux, qui ont des preuves d’efficacité », amenons à notre connaissance (1) qu’il ne semble pas y avoir de consensus scientifique à ce sujet mais (2) que certains auteurs défendent bel et bien l‘existence d’un caractère profondément bouddhiste/spirituel/religieux/hybride à la pratique moderne de la méditation de pleine conscience :

    « Les discussions académiques concernant les racines bouddhistes des interventions et programmes basés sur la pleine conscience ne permettent pas de dégager de consensus scientifique quant au degré de continuité entre les enseignements bouddhistes et les pratiques contemporaines de la pleine conscience. Selon les approches [académiques], ces interventions peuvent représenter “les enseignements originels du Bouddha” sous une forme laïque (Cullen, 2011), une forme typiquement occidentale de bouddhisme socialement engagé et “rationalisé pour une clientèle laïque” (Seager, 1999 ; Wilson, 2014) ou encore un “bouddhisme furtif” pouvant dissimuler un éventuel agenda religieux (Brown, 2016). Un autre récit commun décrit les interventions MBSR et les formes contemporaines de la pratique de la pleine conscience connexes comme des techniques thérapeutiques privatisées et dé-éthicisées qui ne ressemblent à aucune forme authentique de pratique du bouddhisme (Plank, 2011 ; Purser et Loy, 2013 ; Purser et Milillo, 2015 ; Shonin, Van Gordon et Griffiths, 2013).

    De même, il apparaît compliqué d’intégrer ces formes contemporaines d’entraînement à la pleine conscience dans les matrices conceptuelles caractéristiques de la période d’après-Lumières qui dichotomisent la “religion” et la “laïcité” en catégories binaires distinctes. Alors que la littérature scientifique présente souvent ces pratiques comme axiomatiquement laïques (Baer, 2015 ; Didonna, 2009 ; Lutz [relecteur de la note du CSEN, ndlr.] et al., 2008 ; Sun, 2014), certains chercheurs affirment au contraire qu’elles possèdent un contenu typiquement religieux (Brown, 2016 ; Purser, 2015). D’autres l’envisagent carrément comme un dépassement du modèle binaire à travers une sacralisation du séculier (Arat, 2017), un (ré-)enchantement du monde naturel (Braun, 2017) ou des formes culturelles hybrides ouvertes tant aux interprétations religieuses que laïques (Frisk, 2012). […] Une image complète du programme MBSR en tant que tradition contemporaine unique de pratique de la méditation n’est possible que grâce à la combinaison de perspectives de recherche textuelle, historique, ethnographique et sociale. » – Source (traduction) : Husgafvel, 2019.

    En parcourant l’article transmis durant notre échange puis en se penchant sur cette abondante littérature (que le bref panorama ci-dessus ne fait qu’effleurer), nous apprenons par exemple qu’un auteur se base sur un travail ethnographique de terrain (notamment dans le cadre d’une étude longitudinale) pour expliquer que « l’affirmation selon laquelle la pleine conscience est laïque parce qu’elle est scientifiquement validée a été la stratégie dominante des promoteurs, défenseurs et praticiens de la pleine conscience. […] Ainsi, en associant la pleine conscience à la science, deux choses sont implicitement véhiculées : sa légitimité (l’approbation sociale) et son opposition à la “religion”. Ce raisonnement soutient que parce que la pratique est testée empiriquement, elle n’est donc pas religieuse » (Rahmani, 2020).
    Certains défenseurs et promoteurs de la pleine conscience soutiennent d’autre part que « la pratique peut et doit être complètement décontextualisée de son cadre religieux/bouddhiste et à la place recontextualisée dans des normes laïques et des paradigmes scientifiques », [avec pour] objectif sous-jacent de rendre la pratique plus “accessible” au public non bouddhiste » (Baer, 2015, Crane et al., 2017, cités par Rahmani, 2020).
    Enfin, « une ligne de raisonnement omniprésente, couramment utilisée par des enseignants tels que Jon Kabat-Zinn, soutient que ce qui fonde la technique qu’ils enseignent n’est pas le bouddhisme mais “l’essence” des enseignements du Bouddha, qui est “universelle” et compatible avec la science ».

    En choisissant au contraire de recontextualiser ces stratégies discursives (Rahmani les répertorie au nombre de 5 : science, scientisme et neuroscientisme, académisation, rhétorique de l’universalité, discours bouddhiste sur la souffrance et santé mentale et résilience), ces auteurs indiquent qu’ « au niveau discursif et idéologique, ce (re)cadrage de la pleine conscience dans un récit scientifique, comme moyen de légitimer la pratique et de la positionner sous un auvent séculier, pourrait être décrit au mieux comme du scientisme [qui] se caractérise par une tendance à “étendre les idées, les méthodes, les pratiques et les attitudes scientifiques aux questions d’intérêt social et politique humain” (Olson, 2008). De telles dispositions sous-tendent les efforts scientifiques du mouvement de la pleine conscience et se retrouvent également dans le discours de ses praticiens ».
    Ailleurs, il est montré comment des stratégies rhétoriques (rhétorique de l’expérience, méditation comme « outil », « enseignements purs du Bouddha » et rhétorique de l’ « ici et maintenant ») peuvent fonctionner pour « dissimuler les éléments religieux » d’un cours de méditation Vipassana (Rahmani, 2017).

    Tous ces propos soutiennent l’idée que « le désir de minimiser les dimensions culturelles, religieuses et surnaturelles du bouddhisme au prix de la glorification de sa prétendue rationalité » – décrit même par certains comme une « appropriation culturelle », voire une « colonisation » des idées orientales (Plank, 2011, cité dans Husgafvel, 2016) – est une « entreprise moderne qui continue de recevoir le soutien des milieux bouddhistes (mais pas tous) et scientifiques » (Farias & Rahmani, 2020). Ce discours serait en réalité « enraciné dans les mouvements de réforme bouddhistes qui se sont développés à la fin du XIXe siècle comme une résistance au colonialisme, à l’impérialisme et à la missionarisation des pays d’Asie du Sud-Est par les nations européennes » (McMahan, 2008, cité par Rahmani, 2020 et Husgafvel, 2018). Un retour en arrière qui nous apprend par exemple que « Goenka (1924–2013) était l’un des célèbres professeurs de méditation dont les stratégies rhétoriques pour dissocier la méditation Vipassana de la catégorie “religion” ont contribué à établir et à promouvoir ces tendances à l’échelle mondiale ».

    Force est de constater que le processus de légitimisation et de sécularisation des pratiques contemplatives originairement basées sur le bouddhisme est l’une des questions les plus débattues dans ce domaine (Dodson-Lavelle, 2013).

    Brown (2016) indique quant à elle que la pleine conscience peut être « conceptualisée, communiquée et pratiquée de manière à transmettre explicitement ou implicitement des significations religieuses et/ou à faciliter des expériences religieuses et spirituelles ». D’où l’exploration de « trois modèles principaux » : l’alternance codique (code-switching) – ce premier modèle étant divisé en sous-mécanismes tels que MBSR Program Concept, Systematic Communication of Core Buddhist Beliefs, Teacher Training, Graduate Resources, Stealth Buddhism, etc. ; l’indoctrination inattentionnelle (unintentional indoctrination) et ; les effets religieux et spirituels (Religious and Spiritual Effects).

    Pour reprendre ce dernier modèle, l’auteure mentionne l’existence de données qualitatives montrant que des individus « se sont frayé un chemin dans le bouddhisme après avoir été initiés à la pleine conscience par le biais d’un cours laïc », par ailleurs souvent considéré par les formateurs comme « ouvrant une porte sur le bouddhisme » (Taylor, 2013). D’autres études confirment une association entre la pleine conscience laïque et une religiosité accrue, dont celle menée par des psychologues via des entretiens approfondis avec des méditants bouddhistes : la plupart d’entre-eux avaient essayé la méditation pour la gestion du stress avant que celle-ci ne devienne « leur porte d’entrée vers un intérêt ultérieur pour le bouddhisme » (Lomas et al., 2014).

    Une autre enquête quantitative auprès de participants à des cours MBSR (dispensés par des instructeurs officiels) a révélé une « corrélation significative entre l’augmentation de la pleine conscience et la spiritualité » (Greeson et al., 2011 et 2015). L’étude conclut que « les avantages pour la santé mentale de la pleine conscience laïque peuvent être attribués à l’augmentation des expériences spirituelles quotidiennes ».
    D’autres recherches plus modestes rapportent également des associations entre la MBSR et l’augmentation des scores sur l’échelle de la spiritualité (Astin, 1997 ; Carmody & Kristeller, 2008). S’intéressant aux participants à une retraite de méditation Vipassana, un auteur rapporte « une relation statistiquement significative entre l’orientation religieuse et la durée de la pratique[,] les méditants à plus long terme étant moins susceptibles d’être des “non” religieux ou des monothéistes et plus susceptibles de s’identifier comme bouddhistes ou avec “toutes” les religions » (Shapiro, 1992).

    Mentionnons aussi les propos de cet instructeur MBSR indiquant qu’ « une conséquence naturelle du mouvement de la pleine conscience est qu’il y a davantage de candidats qui pourraient vouloir s’impliquer dans une formation plus rigoureuse dans les diverses traditions bouddhistes » (Wilks et al., 2015). Ou encore ce pédiatre et professeur de pleine conscience expliquant le rôle important joué par les programmes développés dans les écoles publiques : « une grande partie des avantages ne sont pas immédiats, évidents ou concrets. Il s’agit en grande partie de planter des graines, et je vois parfois les fleurs fleurir plusieurs mois plus tard. Les programmes scolaires préparent les jeunes à être “ouverts et intéressés à explorer plus profondément la pleine conscience” lorsqu’on leur donne des occasions en dehors du contexte scolaire. Ainsi, les programmes scolaires peuvent être des moyens habiles et des moyens d’ouvrir davantage de “portes du dharma” » (Dzung Vo, 2013).

    D’autres instructeurs MBSR certifiés de la première heure expliquent aussi comment cette pratique, grâce à un enseignement systématique des quatre fondements du bouddhisme [tels que définis par le Satipaṭṭhāna Sutta] et à ses applications dans la vie quotidienne, peut avoir un impact profond sur de nombreux participants (Cullen, 2011 cité par Brown, 2016). Par exemple, le balayage corporel (ou body scan), « conçu pour systématiquement, région par région, cultiver la conscience du corps – le premier fondement de la pleine conscience ». La méditation assise commence par la « prise de conscience de la respiration » puis un « élargissement systématique du champ de la conscience pour inclure les quatre fondements de la pleine conscience », pour favoriser « une compréhension du non-soi, de l’impermanence et de la réalité de la souffrance », dissiper « l’avidité, la haine et l’illusion » et conduire « automatiquement » à « l’illumination ». Le MBSR contiendrait également « des éléments de tous les brahma vihāras [bonté de cœur, compassion, joie sympathique, équanimité] parfaitement intégrés », ce qui fait dire à l’auteur qu’il s’agit d’une « nouvelle “lignée” du bouddhisme, une formulation typiquement “américaine”, bien que non moins bouddhiste, du Dharma ».

    D’après Kabat-Zinn, les participants sont invités à « plonger directement dans l’expérience de dukkha dans toutes ses manifestations sans jamais mentionner dukkha ; […] sans jamais mentionner l’étiologie classique, et pourtant en étant capable […] d’explorer, empiriquement, une voie possible pour le faire (la pratique de la méditation de pleine conscience au sens large, incluant la position éthique de śīla, le fondement du samadhi et, bien sûr, prajñā, la sagesse – l’octuple noble chemin) sans jamais avoir à mentionner les Quatre Nobles Vérités, l’Octuple Noble Sentier, ou śīla, samadhi ou prajñā. De cette façon, le Dharma peut se révéler par une culture habile et ardente ». Bien que présentée comme « laïque », le MBSR révèlerait alors « chacune des Quatre Nobles Vérités du Bouddhisme » en cultivant le « Noble Sentier Octuple vers la cessation de la souffrance [et en] visant à maintenir l’attention de manière particulière, […] à une “compréhension ultime” qui “transcend même la dualité sujet-objet conventionnelle” » (Kabat-Zinn, 2003 et 2011, cité par Brown, 2016).

    Les guides officiels à l’intention des instructeurs MBSR fournissent encore davantage de détails : « la séquence de cours fournit une “pleine expression” de “l’essence du dhamma”, y compris les “4 nobles vérités, les 4 fondements de la pleine conscience et les 3 marques d’existence”. La première page [du document], “Le cœur du Dhamma”, énumère les principales doctrines bouddhistes, citant leurs sources dans les textes sacrés bouddhistes : “I. Quatre Nobles Vérités (Dhammacakkappavattana Sutta)”, commençant par “Souffrance/Stress” et culminant avec le Chemin octuple vers la liberté, “II. Trois Marques d’Existence (Anattalakkhana Sutta)… Souffrance, Impermanence, Absence de Soi” et “III. Quatre fondements de la pleine conscience”, y compris la pleine conscience du “souffle”, des “postures du corps”, des “enseignements (Dharmas)” et des “7 facteurs d’éveil”. La deuxième page, “Central Elements of MBSR: The Essence of the Dhamma”, commence par une note explicative : “sans nommer explicitement les 4 nobles vérités, les 4 fondements de la pleine conscience et les 3 marques d’existence, ces enseignements sont intégrés dans les cours MBSR et maintenus dans un champ d’amour bienveillant. MBSR est une expression complète des 4 nobles vérités : la souffrance, ses causes et le chemin vers la liberté”. Par exemple, “la classe 1 contient la 1ère noble vérité et les marques de l’existence… La souffrance, l’impermanence et la nature désintéressée évoquée par le scan corporel [body scan]… La classe 4 commence à enquêter sur les causes du stress/souffrance (2e noble vérité)… La classe 5 pointe vers la 3e noble vérité… Les classes 6 à 8 puisent dans la 4e Noble Vérité, le chemin octuple. » (Brown, 2016).
    Enfin, le programme CBCT serait quant à lui fortement inspiré des traditions bouddhistes Mahāyāna du Tibet, son format et sa séquence suivant de près la « méthode de cause à effet en 7 points », à savoir l’ « une des méthodes les plus connues pour cultiver la compassion dans la tradition Mahāyāna », tout en « omettant les références “religieuses” explicites à la réincarnation ou au karma ». Le CBCT incorpore également des éléments issus de l’idée d’ « Égaliser et intervertir soi et les autres » (Equalizing and Exchanging Self with Others) », une autre méthode bouddhiste tibétaine bien connue pour cultiver la compassion (Negi, 2009, cité par Dodson-Lavelle).

    Être convaincu des avantages de la pleine conscience pourrait ainsi conduire à une confusion involontaire entre le bouddhisme et des idéaux considérés comme universels – « les idéaux bouddhistes, à la différence des lois naturelles, [étant] des “artefacts culturels” qui reflètent des normes culturelles particulières » (Purser, 2015). « Bien que prétendant cultiver des capacités humaines générales et promouvoir des valeurs universellement partagées, les MBI offrent des diagnostics et des prescriptions culturellement et religieusement spécifiques […]. Par exemple, l’objectif d’atténuer le désir et de cultiver l’équanimité reflète un affect idéal culturellement spécifique qui valorise “les émotions à faible excitation comme le calme” » (Lindahl, 2015). Un autre exemple est le rôle accordé à la valeur de la compassion, « présentée comme universelle et donc laïque » (Dodson-Lavelle, 2015; Ozawa-de Silva, 2015).
    D’après les auteurs, « prendre la bonté et l’universalité de la compassion comme une évidence obscurcit la spécificité culturelle et religieuse de : (1) la façon dont la compassion est définie dans les traditions bouddhistes, (2) la logique qui relie la pleine conscience à la compassion, et (3) les compréhensions contradictoires de la compassion ». En effet, « bien que de nombreux bouddhistes et chrétiens s’accordent à identifier la compassion comme une valeur fondamentale, les deux traditions définissent le terme de manière si différente qu’il est trompeur de l’identifier comme une valeur universelle. […] Croire que l’on a une vision claire de la réalité peut dissimuler des constructions culturelles cachées et favoriser [une certaine manière de] voir et interpréter la réalité plutôt qu’une autre. Ce raisonnement peut justifier le maintien d’une vision du monde culturellement spécifique comme supérieure aux autres. Ce n’est pas seulement une position culturellement arrogante ; c’est précisément une attitude religieuse — une prétention à une compréhension particulière de la cause et de la solution des problèmes ultimes qui tourmentent l’humanité » (Brown, 2013).

    En conclusion, ces études incitent à s‘éloigner des approches binaires (« religieux versus laïque ») pour envisager plutôt l’existence d’un continuum sur l’échelle de la « spiritualité/religiosité » des individus. Elles invitent également à placer le curseur sur les rapports dynamiques qui s'opèrent entre le contenu des programmes, les intervenants et le patient. Relevons finalement que leur objectif n’est pas de décourager le grand public à s’engager dans la pratique de la méditation ni de s’opposer à l’application de ces interventions comme traitement thérapeutique complémentaire, mais bien de présenter les programmes et les hypothèses qui se cachent sous les discours du mouvement. Ce faisant, elles constituent un appel à la prise en compte des questions d’ordre éthique et de transparence dans les débats entourant l’introduction de la pleine conscience à l’école.

    Il aurait été souhaitable que le regard du CSEN offre davantage de hauteur sur cette question et que son argumentaire ne se limite pas, comme nous le suggère le cadre conceptuel général brièvement esquissé ci-dessus, à la reprise des principaux codes rhétoriques adoptés par les promoteurs de la pleine conscience. En faisant siens ces éléments de langage, en fondant la légitimité d’une pratique et son opposition à la « religion » ou à la « spiritualité » du seul fait de sa validité empirique, le CSEN court le risque de se figer dans une posture décontextualisée teintée de scientisme et d’alimenter le scepticisme et la méfiance portés à l’encontre des défenseurs du mouvement. Pour éviter cette situation, la consultation de la littérature secondaire et son compte rendu auprès du grand public peuvent être une première étape.
    « Ce n’est pas une question scientifique sur laquelle le CSEN peut se prononcer », comme on a pu l’entendre sur d’autres sujets, aurait aussi pu constituer une position alternative plus prudente.

    En espérant que ma réponse soit à la hauteur de l’enjeu et de l’esprit d’ouverture dont vous faites preuve.

    ____________________

    Liste non-exhaustive de références (pour la plupart disponibles en ligne) à l’origine des propos rapportés ci-dessus. On y trouve aussi un état de l’art :

    BROWN, C. G., “Can “Secular” Mindfulness Be Separated from Religion?”, in : Purser, R., Forbes, D., Burke, A. (eds) Handbook of Mindfulness. Culture, Context, and Social Engagement, Mindfulness in Behavioral Health, Springer, 2016, pp. 75–94.

    BROWN, C. G., “Ethics, Transparency, and Diversity in Mindfulness Programs”, in : Practitioner’s Guide to Ethics and Mindfulness-Based Interventions, Mindfulness in Behavioral Health, Springer, 2013, pp. 45–85.

    BROWN, C. G., Debating Yoga and Mindfulness in Public Schools: Reforming Secular Education or Reestablishing Religion?, University of North Carolina Press, 2019.

    RAHMANI, M. S., “Secular Rhetoric as a Legitimating Strategy for Mindfulness Meditation”, in : S. Newcombe & K. O’Brien- Kop, eds. Routledge Handbook of Yoga and Meditation Studies, 2020, pp. 255–270.

    RAHMANI, M. S., Drifting through Samsara: Tacit Conversion and Disengagement in Goenka’s Vipassana Movement, Oxford Academic, New York, 2021.

    RAHMANI, M. S., “Is Mindfulness a Religion for Unbelievers?”, in : NSRN Blog, 2020 (voir aussi ce projet de recherche).

    FARIAS, M., RAHMANI, M., “The alchemy of meditation: Turning religion into science and science into religion”, in : Mutual Enrichment between Psychology and Theology, ed. RR Manning, 2020.

    BRAZIER, D., “Mindfulness: Traditional and Utilitarian”, in : Purser, R., Forbes, D., Burke, A. (eds) Handbook of Mindfulness. Culture, Context, and Social Engagement, Mindfulness in Behavioral Health, Springer, 2016, pp. 63–74.

    BRAZIER, D., “Mindfulness as Ethical Foundation”, in : Stanley, S., Purser, R., Singh, N. (eds) Handbook of Ethical Foundations of Mindfulness. Mindfulness in Behavioral Health, Springer, 2018, pp. 51–65.
    R. Sharf, L. Monteiro, R. Purser, …

    YouTube :
    - C. G. Brown, “Why are Public-School Yoga and Mindfulness Popular and Controversial?”, Contemplative Sciences Center UVA (University of Viriginia), 2019.
    - R. Sharf, The “work” of religion and its role in the assessment of mindfulness practices, Davis Center for Mind and Brain research summit, 2015.

    • Taki Répondre | Permalink

      Globalement, je ne vois pas de réponse à la question posé par M. Ramus (qui me parait une base saine ) :
      "La question est de savoir si tous en contiennent, en particulier ceux qui sont présentés comme des programmes non-religieux, qui ont des preuves d’efficacité"

      À moins bien sûr que vous montriez que MBSR indique à la fois être non religieux, et que MBSR soit sélectionnée par l'éducation nationale dans la liste des ressources à utiliser pour la méditation en pleine conscience. Auquel cas bien évidemment il faut l'en ôter !
      Une critique de passage que vous trouveriez problématiques dans les sources indiquées me paraitrais une bonne pratique et une vrai contribution.

      Car ce que je ressent de votre post (et je peux me tromper) c'est une version paradoxalement religieuse de la science : le bouddhisme ayant propagé (si ce n'est crée) la méditation en pleine conscience, celle-ci reste irrémédiablement bouddhiste. Je ne crois pas à ce "droit d'auteur religieux" et j'y suis parfaitement opposé.

      L'utilisation et la provenance religieuse n'ont pas d'importance en science. Des substances sacrée peuvent être utilisée pour des découvertes, celle-ci ne sont pas intrinsèquement religieuse. Si j'utilise une partie de rite religieux (se laver les narines à l'eau plusieurs fois par jour, purification faisant partie des ablutions dans l'islam) pour des raisons de santé, ma pratique peux être tout à fait non religieuse.

      • Free Binder Répondre | Permalink

        Merci pour votre réaction (j’attends toujours celle de M. Ramus).
        - Avez-vous lu l’intégralité de ma réponse ? La question de la provenance religieuse n’en couvre qu’une partie.
        - Oui, j’ai bien relevé quelques extraits du manuel mentionné par F. Ramus dans ma réponse complète, à lire sur mon blog (adresse en lien ci-dessus).
        - Oui, certains auteurs estiment que la pratique de la MPC (MBSR, MBCT, etc.) est de nature religieuse. C’est bien ce type de programme que certains tentent d’insérer à l’école.
        - A minima, il n’y pas de consensus à ce sujet et c’était le rôle du CSEN de communiquer cet état de fait.
        - Vous estimez donc que la validation scientifique de ses effets (et encore, quand on gratte un peu...) est suffisante pour garantir sa compatibilité avec la laïcité ? Et c’est moi qui aurait une posture scientiste ?
        - Vous ne voyez pas de réponse à la question de M. Ramus car celle-ci est mal posée. Le titre de son billet aurait tout aussi pu être : « la MPC est-elle forcément laïque ? »

    • Franck Ramus Répondre | Permalink

      J'ai répondu ci-dessus. Je me suis efforcé de faire abstraction de la personnalisation inutile du débat (d'autant plus déplacée pour un auteur caché derrière son anonymat), et des divers commentaires désobligeants, pour me concentrer sur les arguments. Pas facile, toutefois, de les identifier au milieu de cet invraisemblable mille-feuille argumentatif. J'ai fait de mon mieux. Si vous pensez que j'ai raté un argument vraiment essentiel, merci de le formuler de manière explicite et concise, sans le noyer sous des tonnes de citations et de digressions.

  3. cresus Répondre | Permalink

    Laique dans l'education nationale veut dire maconnique. Jules Ferry en sait qq chose. Il est assez hilarant de voir ces freres et soeurs (et entre deux) qui venerent Lucifer entre eux et en utilisant les enfants a leurs projets malefiques, se retourner et projeter leur haine des humains dans leurs accusations de religiosite.
    La pire des religions, la plus contraire a la nature profonde de l'homme est bien celle de la Bete. Elle se cache derriere la raison mais c'est bien une religion ouvertement malefique. Ne nous y trompons pas.
    Laissez les enfants tranquilles.

    • Franck Ramus Répondre | Permalink

      Ce message ne contenant pas d'insulte, je le laisse, pour illustrer un peu la diversité des points de vue et réactions...

  4. cresus Répondre | Permalink

    Le probleme essentiel etant que cette religion avance masquee, par infiltration, en secret. Par cooptation supremaciste. Jules Ferry etant le parfait exemple de ces colonialistes racistes.
    Les enfants ne meritent pas cette soumission a un culte supremaciste secret. L'insulte est la. Une insulte a la science et a l'intelligence. Une insulte a la spiritualite egalement.
    Que la Bete se montre. Nous connaissons deja l'agenda totalitaire et genocidaire.
    La Bete est en train d'etre exposee pour ce qu'elle est. Elle ne comprend pas qu'elle va mourrir.
    Et ses disciples avec.
    La Bete est infiltree elle meme. Le piege mortel est tendu.

  5. Mohamed Issa Répondre | Permalink

    Primo, il semble curieux d'invoquer l'"efficacité" pour justifier l'usage de la MPC à l’école. Je vous laisse imaginer tout ce qui pourrait être justifié au nom de l'efficacité. Un prof ou un établissement peut justifier l'usage de la violence par son "efficacité" à discipliner les élèves. C’est d’ailleurs la justification que donne les parents en scolarisant leurs enfants dans des écoles intégristes adeptes de la maltraitance: c’est efficace!

    Deux, comme l'explique très bien Free binder, citant le pape de la MPC: “l’essence” des enseignements du Bouddha, qui est “universelle” est compatible avec la science ». Il invoque clairement la filiation religieuse mais comme universelle, et ce processus de légitimation et de sécularisation des pratiques contemplatives originairement basées sur le bouddhisme est utilisé par toutes les religions pour passer le barrage de la raison dans leur prosélytisme: tel prêcheur chrétien vous dira que l’Evangile a inventé les droits de l’homme (on se demande pourquoi il y a eu l’Inquisition, le nazisme et encore l’extrême droite et Poutine actuellement), tel autre imam vous dira que l’islam a inventé les sciences (on se demande pourquoi il y si peu production scientifique dans le monde musulman et autant d’ennemis de la raison).

    Le prosélyte est comme le politique: il flatte la pensée du moment pour mieux désarmer la raison du public visé. C’est pourquoi le bouddhisme (comme les autres religions) ne tient pas le même discours selon qu’il s’adresse à des occidentaux ou des orientaux. En Birmanie les moines bouddhistes prêchent la violence et participent aux massacres des minorités. En Inde les Yogis prêchent la haine et la violence contre les Chrétiens et les Musulmans, conformément à l’intégrisme Hindou qui a pris le pouvoir. On se demande pourquoi la MPC et le Yoga ne leur sont d’aucun secours pour les pacifier!

    Il faut le dire clairement, la MPC, tout comme le Yoga, ne sont que des outils de prosélytisme, plus ou moins affiché, profitant de la naïveté du public pour cacher son caractère religieux intrinsèque. Car nul besoin de Mpc pour méditer, vous l’avez toujours fait allongé sur le sable ou sur l’herbe en contemplant le ciel, ou chaudement blotti contre une personne que vous aimez, ou durant un bon déjeuner en famille dehors par un beau jour ensoleillé. Nul besoin de logorrhée spi pour se reconnecter avec son corps, tout le monde le fait naturellement, il faut juste en recréer les conditions: s’arrêter de temps en temps, lire un bon livre, aller se promener, avoir une vie sociale, et bien d’autres pratiques qui existent déjà dans notre culture. Les religions profitent simplement de nos difficultés ou perte de repères naturelles pour nous promettre la liberté en nous mettant des menottes de gourou.

    Aussi dans un pays qui a fait de la laïcité une norme farouche à l’école, une technique religieuse avouée ou masquée, efficace ou pas, n'a rien à faire à l'école : pourquoi cette spiritualité là et pas les autres ? La prière musulmane est très bonne pour le dos et la santé, le silence d’une église est très reposant. Mais on peut faire de la gym sans prier, et trouver le silence partout. Pourquoi enfermer les enfants dans une nouvelle religion, une nouvelle dépendance, de nouveaux gourous, à l’encontre même de la mission de l’école qui est de leur apprendre à être autonomes avec leurs corps et leur pensée, conformément à l’héritage précieux des Lumières que nous continuons d’enrichir sans cesse, bien plus précieux que toutes ces religions caméléons mais figées dans un passé ou une idole sacralisés. L’usage privé est bien sûr du ressort de chacun. Mais l’éducation nationale, l’état n’a pas à réintroduire une pratique religieuse par la fenêtre alors qu’il lutte de toutes ses forces contre les autres.

    • Franck Ramus Répondre | Permalink

      Cf. la réponse ci-dessus.

      Je précise tout de même que la note du CSEN ne tente en aucun cas de "justifier l'usage de la MPC à l’école", et certainement pas par le seul argument de l'efficacité. Mais la capacité de cette pratique à atteindre les buts qu'elle se donne est évidemment un élément incontournable du sujet, qui n'avait pas été examiné de manière suffisamment complète et rigoureuse jusque-là.

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