La psychanalyse a-t-elle une place dans la psychiatrie du XXIème siècle ?
Article publié dans le Quotidien du Médecin, 6/05/2019.
Il y a un an, la tribune de 124 médecins dénonçant les fausses médecines et en particulier l’homéopathie faisait grand bruit[1]. Malgré les manœuvres d’intimidation de la part de syndicats d’homéopathes auprès de l’ordre des médecins, la bataille intellectuelle semble largement gagnée, et les pouvoirs publics s’acheminent inexorablement vers un déremboursement.
Tout ce bruit autour de l’homéopathie ferait presque oublier que bien d’autres fausses médecines perdurent en France, sont enseignées à l’université et donnent lieu à des pratiques parfois remboursées. Parmi elles, une curiosité bien française : la psychanalyse.
Comme l’homéopathie, la psychanalyse a des prétentions scientifiques (expliquer certains mécanismes du psychisme et des maladies) et médicales (capacité à soigner). Comme l’homéopathie, elle a largement fait la preuve de son échec sur les deux plans. Sur le plan scientifique, les hypothèses psychanalytiques sur les causes de l’autisme, de la schizophrénie, des troubles bipolaires, des phobies, des troubles obsessionnels ou même de l’homosexualité, se sont toutes avérées fausses. Plus généralement, les concepts spécifiques de la psychanalyse (complexe d’Œdipe, refoulement, stades psychosexuels oral-anal-génital, interprétation symbolique des mots, des rêves et des comportements) se sont révélés sans aucun pouvoir explicatif, et ont maintenant disparu de la psychologie scientifique moderne. La notion d’inconscient faisant aujourd’hui consensus est antérieure à Freud, et a été scientifiquement validée par la psychologie cognitive au cours des 40 dernières années[2]. Sur le plan médical, la cure psychanalytique ne montre pas d’efficacité supérieure au placebo pour la quasi-totalité des troubles mentaux. Ce constat, rendu public dès 2004 par l’Expertise collective de l’Inserm, n’a été que renforcé depuis par de nombreuses études et méta-analyses additionnelles.
Les conséquences néfastes de la prédominance de la psychanalyse en France sont innombrables : refus de diagnostics ou diagnostics fantaisistes fondés sur une classification unique au monde[3], prises en charge inadaptées et/ou retardées[4], mise en accusation injustifiée des mères[5], culpabilisation des victimes d’agression sexuelle[6], expertises judiciaires aberrantes[7]…
Face à ces constats, les défenseurs de la psychanalyse ont plusieurs lignes de défense :
- « La psychanalyse n’est pas évaluable ». En vérité, la méthodologie consistant à évaluer l’état des patients avant et après traitement, et à comparer différents groupes bénéficiant de différents traitements est totalement neutre vis-à-vis de la nature du traitement, qu’il s’agisse de psychanalyse ou de toute autre pratique[8].
- « Toutes les psychothérapies ont la même efficacité». Il s’agit d’un mythe. De nombreuses études ayant comparé directement les thérapies cognitives et comportementales à la psychanalyse ont montré la plus grande efficacité des premières (et jamais de la seconde) pour beaucoup de troubles psychiatriques.
- « Sans la psychanalyse, les patients auraient les psychotropes pour seul recours ». Ce faux dilemme passe sous silence l’existence de psychothérapies efficaces. C’est justement leur faible représentation dans l’offre de soins en santé mentale en France (à cause de la prédominance de la psychanalyse) qui entraine la surconsommation de psychotropes.
- « L’effet placebo, c’est déjà bien ». Mais au 21ème siècle, tout soin digne de ce nom doit avoir pour ambition de faire mieux que le placebo (sinon à quoi bon). Certaines psychothérapies y parviennent. Comme pour l’homéopathie, revendiquer l’effet placebo revient à avouer que le roi est nu.
- « La psychanalyse s’est modernisée». Elle s’appuierait maintenant sur les neurosciences et trouverait sa place au sein « d’approches intégratives ». En fait, la neuropsychanalyse est de la poudre aux yeux[9] et les approches intégratives ne sont qu’un paravent pour un patchwork incohérent.
- « La psychanalyse n’a pas pour but de guérir, la psychanalyse, c’est autre chose ». Conséquence des points précédents, certains psychanalystes se retranchent sur cette position excessivement modeste. Soit, mais il faut alors en tirer toutes les conséquences : dire clairement que la psychanalyse ne soigne pas les troubles mentaux, et l’évacuer d’urgence de tous les services hospitaliers, institutions médico-sociales et cabinets libéraux dans lesquels elle inspire encore les soins, aux frais de l’assurance-maladie.
La lutte contre les fausses médecines ne doit pas s’arrêter au cas, certes exemplaire, de l’homéopathie. Le champ de la santé mentale est le plus envahi par les fausses médecines, la psychanalyse n’étant que l’exemple le plus répandu en France. Comme pour l’homéopathie, les Français doivent pouvoir choisir la psychanalyse s’ils le souhaitent, à condition de pouvoir le faire libres et éclairés sur l’efficacité de cette pratique et sur les alternatives disponibles, et à leurs frais.
Franck Ramus, directeur de recherches au CNRS, professeur attaché de psychologie à l’ENS.
[1] https://fakemedecine.blogspot.com/2018/03/comment-agir-contre-les-fake-medecines.html
[2] Naccache, L. (2006). Le nouvel inconscient: Freud, le Christophe Colomb des neurosciences. Odile Jacob.
[3] http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/09/26/peut-il-y-avoir-une-exception-francaise-en-medecine_1765258_3232.html
[4] Le Mur, ou la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme : https://www.dailymotion.com/video/x16d4fv ; Colloque La psychiatrie et la psychologie fondées sur des preuves : https://colpsypreuves.sciencesconf.org/
[5] Maternophobie : https://www.dailymotion.com/video/x6fzn2t
[6] Le Phallus et le Néant : https://lephallusetleneant.com/
[7] https://blogs.mediapart.fr/pierre-laroche/blog/140114/le-lobbying-de-la-psychanalyse-sur-les-decisions-de-justice-familiale; https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Rachel
[8] https://psychologiescientifique.org/ressources/apsu/les-psychotherapies-sont-elles-evaluables/
[9] Neuropsychanalyse : https://scilogs.fr/ramus-meninges/quel-est-linteret-de-la-neuropsychanalyse/; https://scilogs.fr/ramus-meninges/neurofoutaises/
La psychanalyse doit être, en l'état des choses, purement et simplement banni de la pratique clinique. Tant qu'elle ne fait pas la preuve de son efficacité. (Et même si elle faisait la preuve de son efficacité, elle ne doit aucunement être immunisée de toutes les critiques épistémologiques qui lui sont adressées.)
Les considérations psychodynamiques anglo-saxonnes ont leur place à l'université dans le cadre de programmes de recherches. (Je défendrais même leur financement.)
Les délires freudiens et lacaniers peuvent avoir lieu chez les philosophes. Même s'il faudrait franchement pousser la philosophie analytique dans le monde académique français.
Mais Gérard Pommier? Out. Exit. Dehors.
@Franck Ramus: je me suis un peu calmé depuis que j'ai pris le large de ce blog après avoir craqué sur votre article sur les surdoués. J'espère que vous me "pardonnez".
Réclamer de "bannir la psychanalyse de la pratique clinique", déjà une énormité paradoxale et ridicule en soi.
Mais confondre psychanalyse et philosophie analytique : crédibilité / 20 ? 0.
"Réclamer de "bannir la psychanalyse de la pratique clinique", déjà une énormité paradoxale et ridicule en soi."
Veuillez exposer le paradoxe, je ne le vois absolument pas.
"Mais confondre psychanalyse et philosophie analytique"
Apparemment, vous ne savez pas lire.
Quel est l'intérêt de cet article ? La psychanalyse est à l'origine de la psychologie clinique, d'une partie de la sémiologie psychiatrique et de toute psychothérapie. Il ne peut exister de TCC sans l'apport de la psychanalyse en tant que modèle précurseur et fondateur du soin par la parole, par la rencontre et par l'expression subjective.
Présenter les dérives, les malentendus et les erreurs faites par certains analystes comme les principes fondateurs de l'ensemble de la psychanalyse est mensonger et calomnieux, et diffamant pour tous ceux que la psychanalyse a aidé, dans leur pratique et dans leur soin.
Le parallèle avec l'homéopathie est également un procédé grossier et fallacieux, c'est un faux dilemme : soit la psychanalyse marche, comme une pilule, soit non. Mais il y a bien d'autres options. C'est une clinique du sujet, elle a une infinité de ramifications (médiations, groupes, supervisions). Elle a pour but de libérer la pensée et la parole qui sont prises par des contraintes environnementales et par des jugements moraux culpabilisant.
Et bien évidemment, la psychanalyse "marche", elle aide réellement et humainement, sinon comment expliquer son succès ? Aurait-on affaire à un mouvement sectaire de lavage de cerveau de masse ? Qui perdure depuis plus d'un siècle ? C'est bien l'accusation latente qui plane dans les discours qui attaquent la psychanalyse.
Evaluer des dimensions de la vie psychique avec des petites échelles et des questionnaires ne pourra pas prendre en compte la dimension de la subjectivité, de l'inconscient. On ne peut pas rentrer la condition humaine dans des évaluations cognitives et comportementales objectivantes, et bien heureusement.
L'epistémologie scientiste est dans le déni de la part invisible de la vie psychique, du conflit fondamental, du développement psycho-affectif. Rejeter en bloc tout un courant philosophico-psychologique aussi riche que la psychanalyse est un bel exemple de clivage et de déni de la réalité.
Vous dites que la psychanalyse fait partie de l'histoire de la psychologie. Nous sommes d'accord. D'ailleurs, dans la plupart des manuels de psychologie étrangers, c'est bien ainsi qu'elle est présentée: un fait purement historique, exposé dans le premier chapitre et pas au-delà. Important pour la connaissance de l'histoire des idées, mais aujourd'hui dépassée.
Dire que l'homéopathie est un placebo n'est ni mensonger, ni calomnieux et diffamant pour tous ceux qui croient que l'homéopathie les a aidés, dans leur pratique et dans leur soin. C'est juste leur dire qu'ils se sont trompés. Il est toujours désagréable de voir ses croyances remises en cause, mais c'est parfois nécessaire. Idem pour la psychanalyse.
Ce discours illustre donc mon dernier point: vous renoncez à toute prétention thérapeutique, pour revendiquer "autre chose". Cela dit, même cet autre chose gagnerait à être évalué. Vous semblez présupposer que seule la psychanalyse propose de libérer la parole et de déculpabiliser, or les TCC le font aussi, comme bien d'autres approches de développement personnel. Mais ce n'est pas parce que l'on prétend "libérer la pensée et la parole" qu'on y parvient. Il est donc parfaitement légitime d'évaluer dans quelle mesure chaque approche y parvient vraiment.
Et bien évidemment, l'homéopathie "marche", sinon comment expliquer son succès ? Aurait-on affaire à un mouvement sectaire de lavage de cerveau de masse ? Qui perdure depuis plus d'un siècle ?
Vous voyez que finalement l'analogie avec l'homéopathie a toute sa pertinence.
Et par ailleurs il existe des mouvements sectaires de lavage de cerveau de masse qui perdurent avec succès depuis deux mille ans. Faut-il en conclure que les méthodes qu'ils préconisent, comme la prière, "marchent"?
Evaluer la vie psychique subjective est difficile, mais possible jusqu'à un certain point. C'est expliqué dans cet autre article.
Votre commentaire sous-entend que d'autres approches, notamment psychanalytique, seraient capable d'accéder de manière plus fiable à la vie psychique subjective. On en attend toujours des preuves.
La réalité est ce qu'elle est, indépendamment des courants philosophico-psychologiques et de ce que vous et moi pensons. La psychanalyse offre un modèle (même plusieurs) de la réalité (mentale), la psychologie cognitive en offre un autre. Tous les modèles sont faux mais certains décrivent la réalité mieux que d'autres. Sur ce plan de l'adéquation à la réalité, de la capacité du modèle à non seulement fournir des interprétations du passé (c'est facile et toujours possible) mais aussi des prédictions du futur qui se vérifient (dans une certaine mesure) et des leviers d'action efficaces, la psychanalyse reste à ce jour au niveau zéro. Sans doute du fait de son rejet de l'approche scientifique, qui est la seule approche connue permettant d'évaluer rationnellement les différents modèles de la réalité, de les départager, et de les améliorer pour qu'ils marchent toujours mieux.
Merci, Franck Ramus!
Par ailleurs, même s'il pourrait être utile de reréfléchir au concept de la "clinique du sujet", notamment pour objectiver l'étendue des problèmes éthiques dans la pratique psychiatrique (ce qui n'est pas rien), absolument rien n'impose de faire référence à la psychanalyse pour établir une "clinique du sujet".
On peut, par exemple, pratiquer de la phénoménologie appliquée non-psychanalytique. Rien ne l'exclut à priori.
On peut aussi écouter ce que Onfray a à dire quand il remet en cause la psychanalyse. Il préconise une "psychanalyse existentielle". Evidemment, difficile de savoir ce qu'il entend exactement par là, ni même si son idée est pertinente. Mais la réalité est que ce n'est en soi pas plus ridicule que la psychanalyse, et cela montre bien qu'on a pas besoin de chercher bien loin pour remettre en cause l'idée que la psychanalyse est la seule forme possible de "clinique du sujet".
"Rejeter en bloc tout un courant philosophico-psychologique aussi riche que la psychanalyse est un bel exemple de clivage et de déni de la réalité."
Clivage et déni de réalité... Pour ceux qui ne connaissent pas bien la novlangue psychanalytique, l'utilisation des termes "clivage" et "déni de réalité" insinue que Franck Ramus souffrirait d'une forme de psychopathologie, et que cela disqualifierait partiellement son discours scientifique.
Scoop: On peut être un malade mental sévère et être un scientifique compétent.
Réclamer de "bannir la psychanalyse de la pratique clinique", déjà une énormité paradoxale et ridicule en soi.
Mais confondre psychanalyse et philosophie analytique : crédibilité / 20 ? 0.
Partageons nous sources pour être chacun plus pertinents et plus forts face au lobbying intrusif de la psychanalyse et à la bêtise et la grande naïveté de nos décideurs d'ailleurs facilitée par la corruption.. Les seul(e)s à protéger la psychanalyse ont des intérêts commerciaux et idéologiques pour le faire.
https://www.youtube.com/watch?v=uHKxxjB3kps
Sophie Robert fait un travail exceptionnel. Je me suis complètement bidonné en regardant cette vidéo (que je connaissais déjà), et je me suis dit: si la psychanalyse est une science, c'est alors bien l'exemple type où on peut argumenter que la science est une construction sociale.
Cela dit, il y a des points où la psychanalyse n'est pas la seule en faute, notamment à 33:28: "De toutes façons, si un schizophrène est rétabli, c'est qu'il... on s'était trompé dans le diagnostic" (Marie-Carmen Castillo, Paris 8 au sujet de la perception des schizophrènes par la psychanalyse). Ce travers rhétorique n'est pas uniquement propre à la psychanalyse, mais bien présent en psychiatrie, et je crois qu'il pose des questions fondamentales sur l'épistémologie de la pratique clinique en médecine en général.
Il y a aussi des points où la psychanalyse a "raison". À 24:20: "L'observation clinique, finalement, puisque... il y avait un observateur et un observé, c'est comme dans la physique quantique, l'observateur influe sur l'observé. Et donc il y a un lien, alors ils ont un mot formidable, "transféro-contretransférentiel", euh... dans cette observation clinique." (Thomas Chazelle, Lyon, au sujet de la clinique psychanalytique). On y distingue clairement le bullshit quantique, ainsi que le language abscons dissimulant sous un vernis objectif des arrières pensées idéologiques sur la nature de la relation patient/médecin. Néanmoins, devant le niveau de haine parfois incommensurable que certains patients affichent vis-à-vis des praticiens, il convient d'appeler un chat un chat: la haine du thérapeute. Mais tomber dans le travers inverse et, par exemple, extrapoler que le contenu de la relation entre le patient et le médecin est révélateur du comportement du patient en dehors du monde médical, c'est également commettre une lourde faute. Il s'agit là encore d'épistémologie de la pratique clinique.
Mis à part ce type de points précis, le superbement utile documentaire de Sophie Robert dévoile bien la nature de l'obscurantisme psychanalytique.
Bonjour,
ah! enfin quelqu'un qui met les pieds dans le divan. Je ne sais plus qui a écrit "pour comprendre Freud, chaussez des testicules en guise de lunettes". Votre article en est une bonne conclusion.
L'éducation nationale vient de produire un Vademecum intitulé "Repérer et orienter les élèves en situation de souffrance psychique" en collaboration avec l'API (Association des Psychiatres de secteur infanto juvénile) et la SFPEADA (Société Française de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent et des Disciplines Associées). Lien au bas de la page suivante :
http://enseignants.se-unsa.org/Reperer-et-orienter-les-eleves-en-situation-de-souffrance-psychique-quel-role
On y lit en haut de la page 18 :
"On distingue en effet les troubles des apprentissages liés à une indisponibilité psychique en rapport avec une affection psychopathologique (dépression, anxiété…) et les troubles spécifiques des apprentissages liés à des anomalies du neurodéveloppement (troubles du langage oral, troubles du langage écrit, troubles des coordinations motrices, troubles du calcul, Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité…)."
La catégorie "Troubles des apprentissages", en supplément de celle de "Troubles spécifiques des apprentissages", n'est à ma connaissance pas reconnue par les deux grandes classifications internationales que sont la CIM et le DSM.
Si l'enfant est dépressif ou anxieux, ne s'agit-il pas plutôt d'un trouble anxieux ou d'un trouble de l'humeur ?
Cette dénomination n'est-elle pas le énième avatar d'une psychiatrie franco-française ?
Merci pour ce signalement, qui reflète de toute évidence un lobbying efficace de l'Education nationale par les psychiatres des CMPP et CMP.
En toute logique, la DGESCO aurait dû profiter d'avoir à sa disposition un Conseil scientifique de l'éducation nationale pour faire vérifier ce document par le groupe de travail Handicap et inclusion. Mais visiblement le réflexe n'est pas encore acquis.
@Franck Ramus: Je veux bien vous croire a ce sujet. Mais pouvez vous m'expliquer en quoi l'idee que des troubles de l'apprentissage puissent etre en rapport par exemple a une symptomatologie depressive serait infondee? Ou plutot operativement inadequat en terme d'intervention?
Je sais que je fais rhetoriquement a moitie l'ingenu, ici, dans mes propos. Mais j'aimerais vraiment mieux connaitre les tenants et les aboutissants de cette passe d'armes, et votre position en detail.
C'est une hypothèse possible, évidemment. Qu'on entend depuis 50 ans. La charge de la preuve revient à ceux qui l'avancent. Or il n'y a pas la moindre donnée publiée dans les revues scientifiques qui vienne la conforter. Je veux bien attendre 50 de plus au cas où.
J’imagine que ce type de document doit vous faire bondir...
https://www.chuv.ch/fileadmin/sites/dp/documents/dp-cepuspp-morisod-30aout2018.pdf
Mathilde Morisot Harari mentionne page 41 ou 42 les troubles de l’apprentissage.
Ce document ne traite pas uniquement de la dépression de l’enfant, mais plus généralement de troubles pedopsychiatriques.
Personnellement, compte tenu du massacre que la médecine a fait dans ma famille, je dois bien me rendre à l’evidence: ma gamine, c’est Schopenhauer, en pire, déguisée en petite de 10 ans. Haine du monde, haine de la médecine, haine de la science, haine de la morale, etc... nous gérons pas trop mal la situation, compte tenu du contexte. Elle n’est pas dépressive, car les choses vont plutôt bien dans sa vie. Mais il me semble assez clair toutefois qu’elle a intériorisé son impuissance à influer sur la réalité, et que cela nourrit en partie son refus de l’utilité des apprentissages.
Alors mon point de vue est le suivant: il ne me parait du tout inconcevable que la ´depression’ puisse être lié à un refus des apprentissages. Toutefois, effectivement, je ne peux que constater que cela ne repose pas sur des considérations scientifiques mais uniquement sur des considérations cliniques.
Cela étant, même dans l’hypothèse où le lien entre dépression et trouble de l’apprentissage était avéré, il me paraît douteux qu’inclure ce lien dans la nosographie des troubles de l’apprentissage puisse être d’une quelconque utilité thérapeutique.
Pour moi, la question n’est donc même pas de savoir si un tel lien existe ou pas. La question est plutôt « à quoi bon l’inclure dans la nosographie »?
Si c’est pour qu’elle se tape une psy qui lui demande si elle est maltraitée par ses parents, je sais qu’elle « sera dans le déni », et je sens venir gros comme une maison la thérapie magique aux antidépresseurs et les menaces/accusations que les services sociaux auront à notre endroit de « négliger la santé de notre enfant » avec les conséquences qui s’ensuivront. Ma mère étant psychiatre à l’ancienne, je suis plus qu’habitue à ce petit jeu de la tension morale permanente, qui dure maintenant depuis quelques décennies dans notre famille.
La question que je me pose est surtout: à quoi servirait de faire un tel lien dans la nosographie entre dépression et trouble de l’apprentissage? En terme de thérapeutique et de politique publique?
Je suis completement d'accord avec le Dr Ramus. Cela doit etre la premiere fois.
La psychanalyse est une escroquerie intellectuelle. Elle se base sur des theories fumeuses et, disons le clairement , parfaitement stupides.
C'est par contre un excellent moyen de se faire de l'argent sur le psyche de patients en souffrance.
Cette mascarade resulte a de lourdes pertes de chance dans la therapeutique.
Je suis toujours etonne de voir, en France, des "soignants" s'aureoler d'une aura medicale, alors qu'ils/elles ne sont que des psychanalystes, c'est a dire, pour moi (medecin) , des charlatans.
Ces gens sont souvent marques politiquement et religieusement.
Aux USA, ou je vis et travaille, la psychanalyse est morte depuis longtemps deja.
Et c'est tant mieux.
Après ma mise à la retraite, en 2011, j'ai eu recours à un comportementaliste car j'étais très gêné par mes acouphènes, qui ne me gênaient pas du tout quand j'étais en activité. Les "soins" donnés par ce comportementaliste n'ont eu aucun effet, pas plus sur moi que sur les autres personnes qu'il suivait avec moi, quelquefois en séances collectives de 4/5 personnes à 90 euros par personne... Mon problème d'acouphène a été résolu par la suite grace à une cure psychanalytique suivie avec une psychanalyste (de l'école psycho)
organique). En effet, grace à mon transfert affectif effectué sur cette psychanalyste, j'ai pu remonter jusqu'à ma petite enfance (jusqu'à la période d'allaitement) et découvrir en moi les failles affectives qui avaient fait qu'une
fois mis à la retraite (je vis seul) mes angoisses infantiles étaient remontées à la surface et que mon problèmes n'était pas mes acouphènes, mais des carences affectives sous jacentes. J'ai cessé alors totalement d'être gêné par mes acouphènes.. Je pense que le problème, avec la psychanalyse, c'est le fait qu'il faut trouver la personne avec laquelle un transfert est possible, et cela n'est pas évident. Je pense aussi que la psy comportementaliste ignore totalement le transfert, qui est le noyau de la découverte de Freud et qui est une des plus importantes découvertes de l'histoire car elle correspond à un mode de relation intersubjective extraordinaire sans relation de domination et de pouvoir. Au contraire, la psy comportementaliste opère dans le registre du pouvoir et de la domination, elle se situe dans une tradition stoïcienne totalement illusoire car l'être humain n'a pas la maîtrise de ses pensées. Certes la psychanalyse a ses moutons noirs, comme dans toutes les activités professionnelles, mais cela ne l'invalide pas à mes yeux. Ce sont des gens comme Hitler qui ont voulu l'interdire, qui ont même brulé les livres de Freud, et maintenant elle gêne beaucoup l'ultralibéralisme ambiant qui exige la rapidité et des sujets bien soumis. Elle est le fait culturel essentiel du XXème siècle, et elle le restera dans les siècles à venir...
Il ne vous aura fallu que qq lignes pour arriver a Hitler.
J'en ris encore.
Comme de la transference des acouphenes . Lol.
Comme quoi il y aura toujours des clients a flouzer, en psychanalyse comme en horoscopie , qui soit dit en passant est beaucoup plus ancienne et a beaucoup plus de succes .
De la a l'imposer dans la pratique clinique basee sur des etudes serieuses...
Il sera toujours difficile de nettoyer la mauvaise herbe quand elle nourrit l'ane et son paysan.
Il n'y a pas eu que Hitler. Tous les régimes autoritaires ont eu pour objectif de supprimer la psychanalyse car elle se fonde sur la libre parole du sujet que ces régimes veulent abolir.
Evidemment, ce rappel historique est très dur à entendre pour les comportementalistes...
Par ailleurs, il n'y a pas eu "transférence des acouphènes" ?? mais transfert affectif sur la personne de ma psychanalyste permettant de mettre en évidence que mon obsession acouphénique n'était que le reflet, le support, la résonnance d'angoisses infantiles ressurgies à l'occasion du vide existentiel de la retraite. Enfin, ma charmante psychanalyste (non lacanienne je précise) ma coûté beaucoup moins cher (70 euros/heure) que tous les psy cognififs, médecins, sophrologues etc qui interviennent sur le "marché" des acouphènes et qui prétendent vainement les guérir, mais dont l'action, devant l'inefficacité flagrante, consiste généralement à donner des médicaments (pour moi du rivotril, interdit depuis).
Je connaissais pas! Merci pour la découverte!
Mais je sais pas pourquoi, pendant cette vidéo, au moment du cannibalisme, je me suis mis à penser à Issei Sagawa, et je me dis alors que décidément la réalité est souvent plus dingue que la fiction.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Issei_Sagawa
Il existe peu de traitements efficaces pour les acouphènes. La TCC est l'un de ceux pour lesquels il existe des éléments de preuve d'efficacité, mais aussi des résultats contradictoires entre études, et de nombreuses questions ouvertes sur les pratiques spécifiques qui pourraient être efficaces et leurs limites. Voyez par exemple:
https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0194599814545325
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4202663/
https://www.researchgate.net/profile/Rilana_Cima/publication/260760355_Cognitive-Behavioral_Treatments_for_Tinnitus_A_Review_of_the_Literature/links/0a85e534d69c75ea11000000/Cognitive-Behavioral-Treatments-for-Tinnitus-A-Review-of-the-Literature.pdf
Votre expérience non concluante avec un thérapeute TCC n'est donc somme toute pas très surprenante, et ne permet pas de conclure quoi que ce soit sur l'efficacité des TCC pour d'autres troubles.
Si vous lisez ces articles, vous noterez que la psychanalyse n'est en aucun cas indiquée pour les acouphènes.
Les faits: vous avez eu des acouphènes à une période. Vous n'en avez plus (pour l'instant). Vous avez fait une analyse à une période concomitante. Vous concluez: post hoc, ergo propter hoc. Mais comme il est expliqué en long, en large et en travers sur ce blog et ailleurs, cela ne fournit aucune preuve que la cause de la disparition des acouphènes soit la psychanalyse. Cela serait même très étonnant. Mais évidemment il sera bien difficile de vous départir de cette croyance.
Merci pour ce "rappel historique", qui n'est en fait qu'un copier-coller d'une des légendes favorites des psychanalystes, propagée notamment par Elizabeth Roudinesco.
Les livres de Freud ont été brûlés par les nazis parce que leur auteur était juif, pas parce qu'ils contenaient de la psychanalyse, discipline qui a très bien survécu au IIIème Reich sous une forme "aryanisée" au sein de l'Institut Göring.
De même, la dictature militaire argentine s'est parfaitement accommodée de la psychanalyse, au point d'en faire le pays le plus psychanalytique du monde (où même les enfants racontent leurs états d'âme à un psychanalyste!).
Evidemment, ce rappel historique est très dur à entendre pour les psychanalystes...
Détails et sources:
http://onfray.over-blog.com/article-une-note-de-lecture-de-jacques-van-rillaer-58753592.html
Difficile de vérifier les allégations de « minier » (un pseudo sans doute) sur l’impuissance totale des comportementaliste et le traitement quasi miraculeux de la psychanalyse. Psychothérapeute depuis plus de 50 ans (10 ans psychanalyste, ensuite comportementaliste), ayant connaissance de personnes souffrant d’acouphènes, je me permets de douter de ce récit, encore que certains acouphènes peuvent disparaître spontanément.
Je rappelle que le mensonge est une pratique des plus courantes dans le Mouvement psychanalytique. Voir p.ex. : https://www.pseudo-sciences.org/Mensonges-lacaniens
Des livres de Freud ont été brûlés parce qu’il était Juif, pas parce qu’il était psychanalyste. La psychanalyse a continué à se pratiquer en Allemagne nazie, tout comme en Argentine à l’époque de la dictature. Voir sur ce point précis :
https://www.pseudo-sciences.org/Histoire-de-la-psychanalyse-en-Argentine-Une-reussite-singuliere
Quant à rester dans les siècles à venir, c’est tout simplement de la “wishful thinking”. Il n’y a plus qu’en France et en Argentine que la psychanalyse est encore fort prise au sérieux.
Voir au sujet de « La France freudienne » :
https://blogs.mediapart.fr/jacques-van-rillaer/blog/271119/la-france-freudienne
S. Freud, brillant neurologue (voir ses travaux sur les aphasies,...), est parti de RIEN pour comprendre et entreprendre de traiter des troubles ne correspondant à aucune pathologie "organique". Il est resté médecin et espérait l'apparition de substances pharmacologiques agissant sur ces troubles qu'il envisageait utilisables en même temps ou en dehors de toute analyse. Il est mort (1939) bien avant la découverte de la chlorpromazine (1951). Pour des raisons que j'ignore, des fanatiques ont hélas voulu A) exclure toute prise de psychotropes en cas d'analyse ou psychothérapie et B) étendre le champ de ces traitements à des affections telles que les pathologies du spectre de l'autisme ou les psychoses. Ces deux dérives fanatiques ont fait un tort énorme, surtout aux Patients mais aussi au jugement que "certains" portent aujourd'hui méchamment sur tout l' "héritage" de Freud.
Ces jugements superficiels sont aussi désolants que les dérives des intégristes obtus.
Vous répétez ici la légende freudienne. Freud n'est pas parti de rien, il s'est appuyé (sans les citer) sur les travaux de ses prédécesseurs, dont par exemple Pierre Janet qui avait déjà publié avant Freud toute une somme sur les processus inconscients: Janet, P. (1889). L’ automatisme psychologique. Paris: F. Alcan.
Freud a aussi travaillé avec d'éminents neurologues (comme Charcot) qui lui ont permis de démarrer.
Puis il a abandonné la méthode scientifique et s'est mis à inventer des théories, et à tenter de les soutenir à l'aide d'anecdotes et de données inventées.
Les leitmotivs de votre article : controle, efficacité, médicamentation, visibilité, technicité.
Vous n'aimez pas ce qui vous échappe. C'est vrai, ce peut être angoissant.
Un petit anxiolytique peut- être? Où un anti-dépresseur ? Nous avons un questionnaire très performant si vous voulez ? Des études statistiques nous ont révélé que nous étions vraiment efficaces. Où alors un stage 'comment garder confiance en soi" en 10 demi-journées qui peuvent être prises en charge par votre temps de formation individuel.
- Ha, non il n'y a pas d'autres solutions. Au regard de vos symptômes, c'est vraiment ce qu'il vous faut. Faites moi confiance je sais de quoi je parle.....Nous avons des résultats fiables et qui vous garantissent une guérison dans 99,9 % des cas.....
Franchement Monsieur Ramus. Avez vous vraiment pensé à tout ?
Oui, oui c''est de la dérision. C'est un phénomène de résistance très efficace contre l'absurdité. Ou un petit antidepresseur...... ou un stage de ......
« Les leitmotivs de votre article : controle, efficacité, médicamentation, visibilité, technicité. »
Je ne vois pas un seul instant où vous avez pu percevoir cela. Commençons par « contrôle »... Où voyez-vous que Franck Ramus prône le contrôle? Et le contrôle de quoi par qui???
Je pensais que la guéguerre psychanalyses ,comportementalistes (rééducateurs de l’éducation vécue et de ses conséquences sur le comportement immaitrisable par le sujet ?) , psychiatres uniquement dispensateurs de formules chimiques etc.. était en voie d'extinction 🙂 chacun , à notre époque ,se nourrissant des apports des uns et des autres pour le mieux être de leurs patients..et bien ici il semble que non?? que les frontières du "c'est moi qui ait raison "soient étanches ?bientôt dans la lignée alors certains diront que les troubles mentaux n’existent pas puisque ce sont des croyances :)) (puisque certains par ex disent là à quelqu'un que la disparition de son trouble est douteuse après les soins dans un cadre psychanalytique, que c'est un croyance 🙂 alors qu'il est tout de même le mieux placé pour parler de son expérience vécue !, que les traumatismes infantiles graves du point de vue du vécu de l'enfant n'ont pas de conséquences psychiques et physiques ? qu'il n'est pas nécessaire de les faire revenir en mémoire pour les reconnaitre et les revivre différemment pour en atténuer les conséquences? que la parole accompagnée qui devient possible, révelatrice, ne peut pas être soignante dans une relation thérapeutique? ..il existe ,fort heureusement à mon sens , des médecins psychiatres ,qui ont vécu eux mêmes une psychanalyse ,ce qui leur donne le droit d'en parler (en connaissance de cause puisque c'est le seul et unique moyen de pouvoir parler de ses conditions de mise en place et de ses effets) de la pratiquer s'ils estiment que c'est approprié pour soigner tel patient qui est suffisamment solide pour en traverser l’épreuve ,qui peut également avoir recours à la médication qui allège et soulage temporairement des symptômes ou faire appel à d'autres soins plus comportementaux s'il estime que les soins des racines des symptômes ne sont pas indispensables pour tel patient,ou seraient trop difficiles ou trop à risque de décompensation avec tel autre ,ou que ce traitement de surface peut suffire a améliorer suffisamment la vie quotidienne , ou que lui même ne se sent pas apte a accompagner tel autre patient dans un traitement psychique en profondeur notamment à en supporter les effets même transitoires relationnels potentiellement violents ou forts pendant le traitement, et qu'il doit bien évidemment tenir compte de cet aspect avant de s'engager avec un patient ...bref je ne parlerais même pas des études confortant la mise en évidence des effets de la parole en équivalence de molécules médicamenteuses sur la santé physique ,ou même de l'effet de sons musicaux ou même des effets d’état de mise en méditation ...bref il me semblerait honnête et bénéfique que chacun parle de ce qu'il connait ,de sa propre expérience et cherche à se nourrir positivement et en ouverture d'esprit de l’expérience des autres ,il me semblerait judicieux de parler de la psychanalyse contemporaine qu'a la condition indispensable de l'avoir soi même vécue avec un professionnel psychanalyste expérimenté et non sectaire :)) et à se souvenir que toute expérience humaine est forcement imparfaite et perfectible, ce qui ne veut pas dire disqualifiable ..(.à moins que l'on en soit soi même à croire que sa propre qualité repose sur la disqualification d'autres ce qui ,dans ce cas ,aurait une source personnelle qui,je le pense, mériterait d'être découverte et approfondie :))))))))))
Tellement de points à aborder qu'il est impossible de répondre à tout dans le contexte d'un seul commentaire.
"À moins que l'on en soit soi même à croire que sa propre qualité repose sur la disqualification d'autres ce qui ,dans ce cas ,aurait une source personnelle qui,je le pense, mériterait d'être découverte et approfondie."
Pas du tout. Cela ne fonctionne pas comme cela. La qualité d'une assertion dépend de son rapport au réel, qu'on détermine par l'expérimentation scientifique et autres données factuelles.
Maintenant, le rapport conflictuel sur les sujets médicaux ne date pas d'hier et ne disparaîtra pas demain. On pourrait éventuellement chercher à atténuer les effets de ces conflits de personnes, mais pour l'instant, ce n'est que difficilement à l'agenda.
La raison en est que les questions de vérité sont intimement liées aux questions de prise en charge thérapeutique, et que les conséquences qui en résultent peuvent être catastrophiques.
"Les traumatismes infantiles graves du point de vue du vécu de l'enfant n'ont pas de conséquences psychiques et physiques ?"
Personne ne nie cela. Et il y a des traumatismes qui ne sont pas des "traumatismes infantiles".
S'il y a un point précis que vous voulez voir traiter, mentionnez-le. Afin qu'on ne se disperse pas.
Au sujet des trauma infantiles (je préfère qu'on parle du concept de maltraitance que du concept de trauma infantile, mais bon...), il semble que l'approche scientifique du sujet se développe petit à petit:
https://www.youtube.com/watch?v=vPxojH-9vnw
Il me semblait pertinent de vous signaler cette présentation.
Oui on pourrait citer l'effet psychologique benefique des animaux domestiques. Et bien d'autres.
Ca n'en fait jamais qu'un epiphenomene, au mieux.
Et certainement pas une recommendation therapeutique valable, systemique et protocollable.
Le propre de la science est d'etre reproductible et mesurable.
La psychanalyse est une secte pour le profit et "seuls ceux qui la vivent peuvent en parler", comme vous dites. Ce qui n'a aucun sens et valide le diagnostique du Dr Ramus.
"Sur le plan scientifique, les hypothèses psychanalytiques sur les causes de l’autisme, de la schizophrénie, des troubles bipolaires, des phobies, des troubles obsessionnels ou même de l’homosexualité, se sont toutes avérées fausses."
Je vous laisse les petites étiquettes, moi je suis le patient et en tant que patient je me pose une question, c'est de savoir comment vous expliquez que j'en sois arrivé à me prendre pour Dieu en 2013, savoir en quoi vos explications seraient plus sérieuses que les leurs. Parce que c'est de moi dont il est question en bout de course quand même au delà de vos querelles de clochers, de moi et de ma santé mentale. Par conséquent quand je vous vois vous chamailler comme des gosses, je me pose des questions.
Dans votre cas particulier, impossible bien sûr de dire quelle combinaison de facteurs génétiques, de substances toxiques (cannabis par exemple), de pathologie neurologique (épilepsie du lobe temporal par exemple) et d'expériences vécues est à l'origine d'un épisode psychotique avec croyance délirante. Mais on sait déjà tout de même beaucoup de choses fiables sur les multiples causes générales de ces troubles.
Par exemple, sur la genèse de croyances délirantes, voici quelques éléments: http://uf-mi.u-bordeaux.fr/ter-2016/rodriguez-azilinon/theorieDelusion.php
Je tombe aujourd'hui seulement sur votre article, et je tiens à vous dire merci. Ma fille a été suivie depuis toute petite par une psychiatre et une psychothérapeute (psychanalytiques toutes les deux, mais ce n'est jamais mentionné dans les CMPP) pour des angoisses nocturnes, puis des troubles du comportement, il a fallu une hospitalisation due à un épisode mélancolique gravissime pour que le diagnostic soit enfin posé: elle est autiste (de haut niveau, certes, mais autiste); ces thérapeutes me reprochaient - de ne pas avoir désiré ma fille (je suis transplantée rénale, j'ai du me battre et prendre des risques qu'elle vienne au monde - plus désirée, on fait pas!!) - d'être trop froide (je suis totalement méditerranéenne, mes amis me surnomment la mama italienne) - d'être trop fusionnelle avec ma fille (froide ET fusionnelle, il faut le faire). Je suis convaincue que la psychanalyse est LA grande escroquerie du XXème siècle, et qu'elle a causé énormément de ravages; elle devrait être interdite, et il est scandaleux qu'elle soit encore présente dans de nombreux hôpitaux psychiatriques (dont Ste Anne!!); mais n'exagérions rien quand même, la psychanalyse est bénéfique pour 2 catégories de personnes : les psychanalystes et leur banquier. Merci encore pour cet article que je vais m'empresser de partager le plus possible
Merci pour votre témoignage. L'idéal serait de le recopier sur la page qui leur est consacrée:
https://scilogs.fr/ramus-meninges/enfants-differents-temoignages/
Et hier encore, magnifique hagiologie de Lacan sur France culture. Comment un grand media d etat, avec toute la credibilité qui est la sienne, peut il encore assurer la promotion des inanités de ce miroir aux alouettes d'un autre siecle?
Pour un chercheur au CNRS, ne pas connaître les tests d'efficacités effectués depuis le début du siècle par les chercheurs-analystes, aux Etats-Unis, puis en Allemagne, en Scandinavie, en Angleterre, et, surtout à partir des années 2000, en France et en Italie (en une succession de protocoles de plus en plus rigoureux, aujourd'hui au niveau des standards internationaux et qui tous indiquent une efficacité réelle de la psychanalyse), c'est un comble.
Je ne ferai pas l'affront à l'auteur de lui rappeler scolairement l'immense bibliographie à disposition, y compris pour la France.
Quant au rapport Inserm sur lequel il se fonde, il est aujourd'hui très daté. 15 ans, dans le champ scientifique, c'est beaucoup. Monsieur Ramus devrait le savoir.
Ce rapport ne concluait d'ailleurs pas à l'inefficacité de la psychanalyse, mais à l'absence de preuve sur son efficacité, compte tenu du peu de méthodes alors jugés fiables.
Ce qui n'est pas la même chose. Mais il faut le sens des nuances.
Aujourd'hui, l'Inserm aurait de tout autre conclusion.
Mais des erreurs factuelles ponctuelles se glissent également dans ce post, puisque déjà en 2004, l'Inserm conclut par exemple à une efficacité supérieure au placebo et égale aux TCC dans le cas des troubles de la personnalité. cf p. 528 du rapport.
C'est peut-être dérangeant, mais c'est ainsi.
Quant aux autres troubles, l'efficacité est réelle également, bien que, au vu de la littérature sélectionnée, inférieure à celle d'autres thérapies.
Il n'y a bien que dans l'interprétation de M. Ramus qu'une efficacité moindre que dans les thérapies qu'il défend idéologiquement équivaut à une efficacité nulle.
C'est que son raisonnement manque du discernement "clinique". M. Ramus n'a jamais reçu de patients ni en tant que psychologue ni en tant que médecin ; aussi pense-t-il que tout se ramène à une question de chiffres et les chiffres sont tellement faciles à sélectionner et à interpréter comme on veut...
Bref, le champ de la recherche est beaucoup plus compliqué que ce que l'auteur veut bien nous faire croire.
Etonnant pour scientifique de présenter un état de la situation sans réflexivité critique, sans même avoir une idée de ce qu'il connaît et ne connaît pas.
Lol. Le rapport de l'Inserm est tellement favorable à la psychanalyse que les psychanalyses ont mené un virulent combat contre ce rapport et ont obtenu du uinistre de la Santé de l’époque, Monsieur Douste-Blazy qu'il retire le rapport du site Internet du ministère (voir le célèbre meeting de la Mutualité, le 5 février 2005). Cela a d'ailleurs entrainé la démission du directeur général de la Santé, William Dab. Cela a fait scandale. Science, la très sérieuse revue internationale de langue anglaise, se fit l’écho du scandale sous le titre on ne peut plus évocateur de « French Psychoflap » et a dénoncé
une décision qui a provoqué la « consternation de nombreux scientifiques ».
C'est marrant de voir les méthodes des psychanalystes contre leurs opposants: la censure, l'intimidation judiciaire, la diffamation (Jacques Bénesteau taxé d'antisémite parce qu'il a publié un livre en 2002 démontant le freudisme). Ils sont incapable de répondre sur le fond
"ne pas connaître les tests d'efficacités effectués depuis le début du siècle par les chercheurs-analystes, aux Etats-Unis, puis en Allemagne, en Scandinavie, en Angleterre, et, surtout à partir des années 2000, en France et en Italie" Lol. C'est plutôt l'inverse. La psychanalyse est de plus en plus discrédité à tel point que dans tous les pays que vous citez c'est devenu ultra minoritaire et l'immense majorité des universitaires de ces pays considèrent la psychanalyse comme relevant des pseudo sciences.
Non seulement la psychanalyse n'a pas prouvé son efficacité mais en plus, la plupart des vérités de la psychanalyse ont été démontés notamment par exemple sur l'autisme. On sait aujourd'hui que c'est pas de la faute de la mère.
Pourquoi la psychanalyse est considéré comme une pseudo science par tous les scientifiques au monde si son efficacité est prouvé ???? Je veux dire il n'y a qu'en France et en Argentine où la psychanalyse reste dominante (au Brésil et en Belgique, la psychanalyse garde une certaine influence bien que moindre. Et dans le reste des pays, la psychanalyse n'a plus aucune crédibilité).
Sur l'efficacité de la psychanalyse, elle est absolument pas prouvée:
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0272735811001863?via%3Dihub
(Et chose amusante, on sait pratiquement parfaitement prédite le résultat des études sur l'efficacité de la psychanalyse en fonction de l'allégeance du chercheur: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1525087/ Ce papier montre bien la réticence de la profession psychanalytique à reconnaître la valeur de la recherche formelle et des données factuelles dans le développement de ce travail. Ce qui est guère étonnant vu le caractère anti scientifique de la psychanalyse).
La psychanalyse ne peut pas être efficace étant donné qu'elle est basé sur des présupposés faux (qui eux ont été démontés de manière scientifique). Et le fait que les psychanalyses invoquent le fait que leurs thérapies sont efficaces sur le long terme en dit long sur l'efficacité de leurs thérapies. En effet, il est bien plus difficile de prouver ou non l'efficacité sur le long terme d'une thérapie. Ce qui permis aux psychanalystes d'utiliser leurs études allant dans leurs sens pour prétendre qu'il est prouvé que c'est efficace à long terme (sauf que que les études en question sont pratiquement toujours le fait de partisans de la psychanalyse et sont de qualité méthodologique plus que douteuse, sont souvent le fait d'échantillons petits).
Une chose qui montre bien le caractère peu scientifique de la psychanalyse c'est toutes les écoles de psychanalyse qui existent. Elles se font la guerre. Bien sûr en sciences, il est pas rare de voir apparaitre différents courants se disputer entre eux mais ce qu'il y a de particulier avec la psychanalyse c'est que pas mal de ces écoles sont surtout le fait de "gourous" qui se disputent entre eux non pas tant pour des désaccords scientifiques mais pour des désaccords liés à leurs personnalités.
Cher Jacques,
Le rapport de l'Inserm était une commande publique (et de la société civile) tout à fait louable ; mais il a donné lieu à des controverses scientifiques ; notamment du fait que ses conclusions faisaient un grand saut (non scientifiquement justifié), entre les résultats obtenus et leur interprétation insuffisamment précautionneuses.
Tout cela n'est plus resitué aujourd'hui, par ceux qui instrumentalisent ce rapport (e. g. les tenants des thérapies cognitivo-comportementales), dont Ramus fait partie, bien que - comble - il soit de formation scientifique.
Je trouve personnellement cela choquant. D'autant qu'il désinforme par là même de jeunes étudiants en psychologie, à l'Association pour la psychologie scientifique à l'université, lesquels s'appuient sur ses post de blog biaisés pour penser.
La démarche scientifique, c'est la pondération, le sens des nuances, et le débat contradictoire.
Je ne vous renvoie pas aux excellentes critiques de certains chercheurs analystes (Perron, Thurin, Maleval). Vous ne les liriez peut-être pas.
Je vous engage seulement à lire la réponse que leur fait Cialdella dans un article de L'encephal, qui critique leur critique et défend le rapport de l'Inserm. Cialdella est psychiatre et spécialiste des méta-analyses.
Soit Ramus ne connaît pas ce texte et c'est préoccupant (cela démontre sa non compétence en matière de recherche sur l'évaluation des psychothérapies, en tout cas). Soit il le connaît et c'est pire : il passe outre, tout simplement, pour désinformer le public, utiliser son autorité pour assoir des positions personnelles (non celles qui font consensus aujourd'hui dans le champ scientifique).
Le texte de Cialdella est à l'inverse d'une grande honnêté intellectuelle, dont Ramus et d'autres devraient je crois s'inspirer :
Cialdella, P. Réponse à Perron et al. concernant leur texte : « Quelques remarques méthodologiques à propos du rapport Inserm Psychothérapie. Trois approches évaluées », dans L’Encéphale (2007), n° 33, 783-790
Suite aux critiques, il reconnaît les nombreux biais et limites de l'expertise.
Il rappelle entre autres avec honnêteté, resituant le niveau de preuve de l’expertise à son juste niveau, que « les comparaisons indirectes d’efficacité absolue sont sans valeur probante », « étant faussées par des conditions expérimentales parfois très différentes » et qu’il y a justement « abus des comparaisons indirectes » dans le rapport de l’Inserm, ce qui fragilise de beaucoup ses conclusions (p. 787-789).
Il conclut, au vu des ECRs comparants directement les deux approches :
« [L]’examen des études ou [méta-analyse] de comparaisons directes TP-TCC ne montre pas de supériorité écrasante des TCC […]. [L]es différences entre TCC et TP sont faibles, dépassant rarement un ES [effect-size] de 0,20 » (p. 788-789).
Il voit même dans les très faibles différences trouvées entre types de thérapies un argument pour invalider la critique de partialité de l’étude (faite par les analystes) : comment une expertise aboutissant à quasi-égaliser l’efficacité de la psychanalyse vis à vis de celle des TCC pourrait-elle être suspectée de biais d’allégeance ?
Pour autant, malgré la faible fiabilité des résultats et leur tout aussi faible significativité scientifique, la conclusion – et c’est l’objet de son article – est qu’il faut non pas abandonner l’évaluation des psychothérapies, mais au contraire prendre acte de ces biais et limites pour l’améliorer. Il en appelle à la mise en place de nouveaux essais contrôlés randomisés (avec comparaisons directes) et à l’élaboration de méta-analyses plus fiables – notamment du côté des psychothérapies psychodynamiques, de fait en retard par rapport aux TCC sur ces questions. Il pointe pour finir qu’il « faudrait aussi procéder à des études naturalistes, qui restent indispensables, pour mieux apprécier la généralisabilité des résultats obtenus dans les études [randomisées] » (p. 789).
C'est ce qui a eu lieu depuis ; je vous épargne une revue de la littérature (que manifestement vous ne connaissez pas, ni Ramus, puisque vous ne vous y référez pas mais me renvoyez à un seul article, non représentatif des recherches) ; ces études démontrent depuis 20 ans que l'efficacité globale moyenne de la psychanalyse est égale à celles des TCC, y compris par type de troubles :
Essais contrôlés randomisés :
Troubles de l’anxiété
efficacité équivalente des TCC et des thérapies psychodynamique
Keefe, J. R., Chambless, D. L., Barber, J. P., & Milrod, B. L. (2019). Treatment of anxiety and mood comorbidities in cognitive-behavioral and psychodynamic therapies for panic disorder. Journal of Psychiatric Research.
comparé traitement antidépresseurs : thérapie psychodynamique : légèrement mieux)
Ferrero A, Piero` A, Fassina S, et al. A 12-month comparison of brief psychody- namic psychotherapy and pharmacotherapy treatment in subjects with generalized anxiety disorders in a community setting. Eur Psychiatry 2007;22: 530–9.
Borderline
Doering, S., Horz, S., Rentrop, M., Fischer-Kern, M., Schuster, P., Benecke, C., Buchheim, A., Martius, P., & Buchheim, P. (2010). Transference-focused psychotherapy v. treatment by community psychotherapists for borderline personality disorder: randomised controlled trial. British Journal of Psychiatry, 196, 389-395.
Supérieur au traitement usuel
Bateman, A., & Fonagy, P. (2009). Randomized controlled trial of outpatient mentalization-based treatment versus structured clinical management for borderline personality disorder. American Journal of Psychiatry, 166, 1355-1364.
Supérieur au traitement TCC (DBT)
Clarkin JF, Levy KN, Lenzenweger MF, et al. Evaluating three treatments for borderline personality disorder: a multiwave study. Am J Psychiatry 2007;164:922–8.
Levy, K. N., Meehan, K. B., Clarkin, J. F., Kernberg, O. F., Kelly, K. M., Reynoso, J. S., & Weber, M. 2006. Change in attachment patterns and reflective function in a randomized control trial of transference-focused psychotherapy for borderline personality disorder. Journal of Clinical and Consulting Psychology, 74, 1027-1040.
Bateman A, Fonagy P. 8-year follow-up of patients treated for borderline personality disorder: mentalization-based treatment versus treatment as usual. Am J Psychiatry 2008;165:631–8.
McMain, S. F., Links, P. S., Gnam, W. H., Guimond, T., Cardish, R. J., Korman, L., & Streiner, D. L. (2009). A randomized trial of dialectical behavior therapy versus general psychiatric management for borderline personality disorder. American Journal of Psychiatry, 166, 1365-1374.
Clarkin, J. F., Levy, K., N., Lenzenweger, M. F., & Kernberg, O. F. (2007). Evaluating three treatments for borderline personality disorder: A multiwave study. American Journal of Psychiatry, 164, 922--8.
Dépression post-partum
Cooper, P. J., Murray, L., Wilson, A., & Romaniuk, H. (2003). Controlled trial of the short- and long-term effect of psychological treatment of post-partum depression. I. Impact on maternal mood. British Journal of Psychiatry 182, 412-419.
Dépression sévère
FONAGY (PETER), ROST (Felicitas), CARLYLE (Jo-Anne), MCPHERSON (Susan), THOMAS (Rachel), FEARON (Pasco), Golderg (David) et Taylor (David), « Pragmatic randomized controlled trial of long-term psychoanalytic psychotherapy for treatment-resistant depression: the Tavistock Adult Depression Study (TADS) », dans World Psychiatry, n° 14, 2015, p. 312-321.
Dépression sévère à modéré (comparé à traitement fluoxetine)
Salminen JK, Karisson H, Hietala J, et al. Short-term psychodynamic psycho- therapy and fluoxetine in major depressive disorder: a randomized compara- tive study. Psychother Psychosom 2008;77:351–7.
Dépression (taux de rechute fort de toutes les thérapies à court terme)
Taylor, D. (2008). Psychoanalytic and psychodynamic therapies for depression: the evidence base. Advances in Psychiatric Treatment, 14, 401-413.
Blatt, S. J., and C. D. Zuroff. 2005. “Empirical Evaluation of the Assumptions in Identifying Evidence Based Treatments in Mental Health.” Clinical Psychology Review 25 (4): 459–486.
Attaques de panique (comparé à TCC : mieux psychodynamique)
Milrod, B., Leon, A. C., Busch, F., Rudden, M., Schwalberg, M., Clarkin, J., Aronson, A., Singer, M., Turchin, W., Klass, E. T., Graf, E., Teres, & J. J., Shear, M. K. (2007). A randomized controlled clinical trial of psychoanalytic psychotherapy for panic disorder. American Journal of Psychiatry, 164, 265-272.
Troubles du stress pst-traumatique (comparé à désensibilisation et hypnothérapie : égale efficacité)
Brom D, Kleber RJ, Defares PB. Brief psychotherapy for postraumatic stress disorders. J Consult Clin Psychol 1989;57:607–12.
Problèmes de rapport mère/enfant
Salomonsson, B., & Sandell, B. (2011). A randomized controlled trial of mother-infant psychoanalytic treatment: I. outcomes on self-report questionnaires and external ratings. Infant Mental Health Journal, 32, 207-231.
troubles de la personnalité (ancienne névrose)
Town, J.M., Abbass, A., Hardy, G. (2011). Short-term psychodynamic psychotherapy for personality disorder: A critical review of randomized controlled trials. Journal of Personality Disorders, 25(6): 723-740
Svartberg, M., Stiles, T. C., & Seltzer, M. H. (2004). Randomized controlled trial of the effectiveness of short-term dynamic psychotherapy and cognitive therapy for Cluster C personality disorders. American Journal of Psychiatry, 161, 810-817.
Dépendance à l’acool (TPB plus efficace que TCC)
Sandahl C, Herlittz K, Ahlin G, Ro ̈nnberg S. Time-limited group therapy for moderately alcohol dependent patients: a randomised controlled trial. Psy- chother Res 1998;8:361–78.
Bachar E, Latzer Y, Kreitler S, et al. Empirical comparison of two psychological therapies. Self psychology and cognitive orientation in the treatment of anorexia and bulimia. J Psychother Pract Res 1999;8:115–28.
Boulimie précisément (égalité TCC et TPB)
Garner DM, Rockert W, Davis R, et al. Comparison of cognitive-behavioral and supportive-expressive therapy for bulimia nervosa. Am J Psychiatry 1993;150: 37–46.
Anorexie (supérieur à groupe contrôle)
Gowers S, Norton K, Halek C, et al. Outcome of outpatient psychotherapy in a random allocation treatment study of anorexia nervosa. Int J Eat Disord 1994;15:165–77.
QUANT AUX DERNIERE META ANALYSES : elle disent la même chose : efficacité globale moyenne égale ainsi que par type de trouble :
META ANALYSES
Toutes pathologies confondues
Kivlighan, D. M., Goldberg, S. B., Abbas, M., Pace, B. T., Yulish, N. E., Thomas, J. G., … Wampold, B. E. (2015). The enduring effects of psychodynamic treatments vis-à-vis alternative treatments: A multilevel longitudinal meta-analysis. Clinical Psychology Review, 40, 1–14.
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STEINERT (Christiane), Munder (Thomas), Rabung (Sven), Hoyer (Jürgen), Leichsenring (Falk), « Psychodynamic Therapy: As Efficacious as Other Empirically Supported Treatments? A Meta-Analysis Testing Equivalence of Outcomes », dans Am J Psychiatry. 2017 Oct 1;174(10):943-953.
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troubles somatiques
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Dépression
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Leichsenring, F. (2001). Comparative effects of short-term psychodynamic psychotherapy and cognitive-behavioral therapy in depression: A meta-analytic approach. Clinical Psychology Review, 21, 401–419.
Dépression majeure
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Troubles de l’anxiété
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Troubles de la personnalité
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Stress post-traumatic
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Troubles alcooliques
Imel, Z.E., Wampold, B.E., Miller, S.D., & Fleming, R.R. (2008). Distinctions without a differ- ence: Direct comparisons of psychotherapies for alcohol use disorders. Psychology of
Addictive Behaviors, 22(4), 533–543.
Concernant les résultat post traitement et après coup
Keefe, J.R., McCarthy, K.S., Dinger, U., Zilcha-Mano, S., & Barber, J.P. (2014). A meta- analytic review of psychodynamic therapies for anxiety disorders. Clinical Psychology Review, 34(4), 309–323
Troubles psychiques complexes
Leichsenring, F., Rabung, S. (2011). Long-term psychodynamic psychotherapy in complex mental disorders: Update of a meta-analysis. The British Journal of Psychiatry, 199(1): 15-22.
Il est toujours aisé de trouver dans la littérature scientifique des études (et même parfois des méta-analyses) qui confortent une opinion préconçue. Cela a même un nom: le cherry-picking (sélection à la main d'études parce qu'elles sont favorables). Par exemple, vous avez oublié de citer la méta-analyse de Smit et al. (2012) qui évidemment ne tire pas votre conclusion préférée.
Notez que les homéopathes en sont tout aussi capables que vous, et en ont usé et abusé au cours du débat de l'année passée. Mais ils n'ont pas convaincu.
En effet, il ne suffit pas de balancer des listes de références qui donnent la réponse attendue pour convaincre. Le travail du scientifique, c'est de lire les études, d'en apprécier la méthodologie, les effectifs, les biais de sélection, la précision de la mesure, les statistiques, etc., pour ainsi être mesure d'apprécier si les données rapportées valident ou non les conclusions données dans le titre et l'abstract. Bien souvent, la réponse est non.
En particulier, les méta-analyses peuvent donner des résultats différents selon qu'elles se restreignent aux études ayant la meilleure qualité méthodologique ou qu'elles raflent tout. Celle de Smit et al. illustre ce qui se passe lorqu'on élimine les études de faible qualité. Les mêmes considérations ont conduit la HAS à rejeter les études financées par Boiron et manquant de groupe contrôle adéquat.
Enfin, il faut savoir que les psychothérapies d'inspiration psychodynamique évaluées dans les études internationales sont bien souvent plus proches de TCC que de la cure lacanienne (ou même freudienne) encore si répandue en France.
Smit, Y., Huibers, M. J. H., Ioannidis, J. P. A., van Dyck, R., van Tilburg, W., & Arntz, A. (2012). The effectiveness of long-term psychoanalytic psychotherapy—A meta-analysis of randomized controlled trials. Clinical Psychology Review, 32(2), 81–92. https://doi.org/10.1016/j.cpr.2011.11.003
Bonjour,
A vous la charge de la preuve, si vous pensez que ma liste est du cherry picking : vous devez m'amener un nombre au moins équivalent, sinon supérieur d'ECRs et méta-analyse allant dans le sens d'une supériorité fiable et significative des TCC sur les autres thérapies.
Sinon, vous pouvez être suspecté de faire 1 cherry picking contre 44 cherry-picking (de ma part). En ce sens, vous seriez juste un moins bon cueilleur.
Idem pour votre critique de l'analyse en détail des méthodologies d'ECRs et de méta-analyse ; faire cette critique à la cantonade ne vous dispense pas de démontrer que vous avez saisi tous les enjeux de la seule étude que vous citez à l'appui de votre argumentation. Je n'en vois nulle part la preuve.
Enfin, permettez-moi de trouver (et je pense toute personne honnête et de bonne foi) très fallacieuse votre comparaison entre la psychanalyse et l'homéopathie !
Comment un chercheur au CNRS comme vous peut-il se laisser aller à penser des choses pareilles, sans vergogne ? Vous croyez vraiment que la psychanalyse est aussi "vide" (dans sa théorie comme dans ses effets cliniques) que l'homéopathie ?
Si c'est le cas, je m'alarme de votre connaissance des sujets dont vous parlez avec pourtant une si calme autorité.
L'homéopathie est fondée sur une théorie qui n'a jamais été démontrée : la mémoire de l'eau. Cela revient à dire qu'elle prétend tirer un pouvoir curatif de doses infinitésimales de principes actifs, c'est-à-dire de "rien".
En d'autres termes, on prétend que l'eau sucrée soigne diverses maladies. Les multiples tests cliniques ont eu raison de cette prétention : l'homéopathie a l'effet de l'effet placebo. Dont acte.
La psychanalyse est fondée sur plus de 100 ans de modélisation de la vie psychique ; c'est un ensemble certes bariolé, en chantier permanent (comme l'ethnologie, l'anthropologie, l'histoire, la sociologie et toutes les SHS), mais qui au final propose un modèle psychodynamique, humain, du fonctionnement psychique, dans sa globalité, et sa complexité (j'écarte ici toute les caricatures possibles qu'on peut en faire et qui sont parfois faîtes par certains auto-proclamés psychanalystes).
Ce modèle a permis de grandes avancées dans la compréhension de l'humain et aussi de ses problèmes. On peut supposer que c'est pour cette seule raison qu'il a peu à peu investi toutes les sciences humaines, puis tous les métiers traitant de l'humain.
Il revient aujourd'hui sur le devant de la scène, car les psychothérapies sont sorties du modèle focalisé sur les syndrômes, avec le DSM pour guide. On pense en termes bio-psycho-social. On intègre la qualité de vie. On sait qu'on peut aller très mal sans avoir de symptôme et inversement aller bien avec des symptômes résiduels.
Se focaliser sur les symptômes, c'était la perspective dominante dans les années 1980-2000, âge d'or des TCC.
Aujourd'hui, la matrice en santé mentale, c'est : une part d'aspects somatiques, une part de conditions sociales et une part de fonctionnement psychologique.
Ce fonctionnement psychologique on peut le lire de deux manières aujourd'hui coexistantes :
- comme issu de modules neuro-cognitifs ou neuro-comportementaux à re-conditionner pour atteindre à une partie des troubles ;
- ou comme une vie psychique psychodynamique exprimable et accessible à un autre (toute l'histoire de vie ; tout ce qui fait la singularité de chacun), à travers laquelle on peut également atteindre à une partie des troubles.
Une phobie sociale, par exemple, peut être traitée en donnant la parole ; on saisit alors que la rencontre avec l'autre (pour le patient) mobilise un certain nombre d'enjeux psychiques dont le patient n'avait pas conscience, qui lui rendent cette rencontre insupportable (angoisse de décevoir, peur de ne pas être à la hauteur, aliénation dans la volonté de l'autre) ; travailler autour de ces problématiques, en explorant comment elle se sont nouées (la plupart du temps, dans l'enfance, en relations aux premiers autres qui ont présidé à la psychisation et à la socialisation de la personne), comment elle ont été traitées par le patient au cours de sa vie (en les endiguant, en les calmant, par auto-médication ou grâce aux aléas de la vie), et comment, au moment des troubles, elles sont passées à l'état de reviviscence (déclenchement), lui permet d'en savoir un peu plus sur lui-même, de connaître ses ressources et ses points de fragilité. Il repart alors avec un syndrome allégé voire disparu, grâce à une méthode qui nécessite tact, écoute, empathie, exploration des différentes strates de la vie psychique et interventions réflexives appropriées (ensuite intégrées par le patient, ce qui le rend plus auto-réflexif dans sa vie, c'est-à-dire plus autonome).
Le même patient pris de panique à l'idée de rencontrer les gensi, chez un thérapeute cognitivo-comportementaliste, aura un soin différent. On ne lui demandera pas dans quoi s'enracine son angoisse, toute son histoire de vie et la genèse de son rapport à l'autre ; on ne pensera pas que cela ait un lien avec l'enfance et que le patient puisse entrer dans des "processus de changement" en explorant sa mémoire. On partira du principe qu'il s'agit d'une distorsion cognitive actuelle (neuro-fondée) entraînant un comportement inadapté ; le patient aura droit à une alliance thérapeutique jouant sur l'effet d'autorité (supposé) d'un savoir efficace dans e réel (nombre de séance, protocole, prix, planning) ; il aura des exercices à la maison. En séance le thérapeute parlera plus que lui, pour lui donner des conseils, des rationalisations, le pousser à corriger ses distorsions cognitives (un ensemble de techniques pourront y aider) ; des exercices comportementaux seront là à l'appui. Et dans les cas favorables, la distorsion cognitive sera maîtrisée par le patient et les comportement relativement corrigés.
Il s'agit là de deux éthiques et techniques du soin. Elles conviennent chacune mieux à certains, moins à d'autres.
Dans les deux cas, les modèles, aujourd'hui evidence based, ont des résultats non significativement différents en termes thérapeutiques (cette thèse, dans le débat ouvert ici, est à 44 contre 1 en tout cas).
Je respecte les deux modèles (car je pense que c'est aux patients de choisir entre thérapies empiriquement validées - certains patients n'étant pas à l'aise avec la verbalisation et au contraire demandeurs d'exercices et de prescriptions), même si, pour ma part, je trouverais violent dans ma pratique de considérer qu'il n'y a qu'un syndrome a amenuiser, sans prendre en compte la globalité de la vie psychique, somatique et social du patient. J'aurais clairement l'impression de faire taire un patient, d'abolie la dimension du sens (pour lui) de son symptôme et d'adopter une approche trop technicienne. C'est mon point de vue.
Bien que je ne pourrai jamais aller voir un TCCiste ni les pratiquer moi-même, je ne caricature pas pour les thérapeutes cognitivo-comportementaux ; je ne les accuse pas de dressage inhumain, car cela est faux. Aujourd'hui depuis les 3e et 4e générations de TCC qui - après avoir été très laborantines - ont beaucoup pris à l'approche clinique psychodynamique (écoute, tact, alliance), laquelle a essaimé aussi dans les psychothérapies humanistes (rogersiennes) et intégratives (emphatisant les facteurs communs) ; NB : rappelons que l'inventeur des TCC 3e génération est Beck, qui a été toute sa vie avant un psychanalyste. De ce fait, il y a autant d'humanité des deux côté, d'éthique ; il y a simplement deux conceptions différentes du soin. Et même cela est à nuancer, car beaucoup d'études depuis longtemps montrent qu'en réalité, les TCCistes sont beaucoup moins protocolaires dans le soin qu'ils administrent que ce qui est annoncé sur le papier ; ils s'adaptent, depuis qu'ils sont devenus cliniciens ; ils découvrent les vertus de la souplesse.
Puisque je ne caricature pas les TCC, j'aimerais que dans le débat, en conséquence, un scientifique (qui plus est !) ne caricature pas la psychanalyse en en faisant l'équivalent de l'homéopathie. NB : pour rappel, l'homéopathie a été testée absolument inefficace ; la psychanalyse, quant à elle, a été testée historiquement supérieure au groupe contrôle, supérieure au placebo et globalement aussi efficace que les autres approches sérieuses depuis les années 2000.
Merci pour cet échange.
Merci beaucoup M. Schneider pour cette brillante réponse pleine de probité et d'honnêteté intellectuelle.
Nous avons besoin de personnes comme vous qui effectuent un véritable travail et qui se soucient des patients plutôt que de s'attaquer bêtement à ce que certains (notamment des TTCistes ou psychologues scientifiques) qualifient absurdement de "business" de la psychanalyse.
M'intéressant à Auguste Comte depuis de nombreuses années, j'ai fini par comprendre que l'ascension et la chute de la psychanalyse s'expliquaient parfaitement, et simplement, à l'aide des deux célèbres "inventions" du philosophe positiviste : la loi des trois états et la classification des sciences. A la condition toutefois de "désocculter" les derniers développements que Comte a donnés à sa doctrine dans son œuvre finale, le "Système de politique positive" -- et d'en tirer des conséquences qui, 150 ans après lui, s'imposent.
Je parle de "désocculter" parce que :
-- la dernière édition, qui date de 1929, de l'ouvrage capital qu'est la "Politique positive" (1851-4) n'est toujours pas épuisée !
-- on ne dit pratiquement jamais que Comte y propose une théorie du cerveau incroyablement moderne, dans laquelle il postule la prépondérance de l'affectivité sur l'intelligence, et l'existence d'instincts "altruistes" (c'est lui qui forge le terme) innés. Voir http://confucius.chez.com/clotilde/articles/psychoac.xml
-- on dit encore moins qu'à la suite de cela Comte prévoit la naissance d'une nouvelle science, de l'individu, qu'il place au sommet de sa classification, au-dessus de la sociologie, et qu'il baptise simplement "morale".
Une conclusion évidente que Comte, étonnamment, n'a point tirée est que cette nouvelle science allait devoir, comme les précédentes, obéir à la loi des trois états, et donc passer, dans un premier temps par une phase "métaphysique" avant que de passer à l'état proprement scientifique !
On aura deviné qu'à mes yeux c'est la psychanalyse qui aura eu l'honneur d'incarner cette phase "métaphysique" de la morale.
Il restait, m'a-t-il semblé, à s'assurer que la loi des trois états elle-même était quelque chose de scientifiquement acceptable, c'est-à-dire capable d'apparaître à tout le moins plausible au vu de nos avancées actuelles ou prévisibles en sciences cognitives. Et il m'a semblé que oui !
Il me semble en effet que nous sommes à la veille d'une nouvelle révolution copernicienne -- qui consistera à reconnaître que le langage humain doit descendre du trône où plus de deux mille ans de philosophie l'ont placé. Nous commençons à comprendre que la sélection darwinienne ne l'a élu que parce qu'il était avant tout un bel instrument de domination. Il peut certes à l'occasion nous éclairer, mais il est bien plus efficace pour mystifier -- pour ajouter à la domination par la force physique la domination par la persuasion !
Bien sûr que l'état théologique est fondé sur le Verbe (Jean l'évangéliste n'en fait pas mystère). Mais sur ce plan, l'âge métaphysique est son digne successeur : les concepts remplacent les divinités. La science n'apparaît que lorsque les mots (qu'il faut bien continuer à utiliser) sont définitivement liés à des référents (concrets ou abstraits) réels ou ramenables au réel.
La psychanalyse est-elle métaphysique en ce sens là ? Je crois que oui. Le meilleur exemple qui me vient à l'esprit est le fameux concept psychanalytique d'inconscient. Au départ il s'agit d'un adjectif sur lequel il n'y a rien à redire. Mais la psychanalyse en fait subrepticement un substantif. Et là on rentre dans la croyance ! (Voir http://rendrecomte.blogspot.com/2017/07/la-loi-des-trois-etats-bientot.html)
Le terme d’"inconscient", que Freud utilise certes, est pour lui un nom pour désigner plus rapidement l’ensemble des processus non conscient ; c’est un raccourci ; mais Freud ne lui donne jamais une dimension de réalité en tant que telle (l’Inconscient) ; ce qui est réel, ce sont les processus en eux-mêmes.
Et plusieurs fois dans son oeuvre il tente de rectifier les dérives (croyances substantialistes) en rappelant la nature adjectival du terme :
- « Nous avons maintenant trois termes techniques, les adjectifs : conscient, préconscient, inconscient, au moyen desquels nous nous tirons d’affaire dans la description des phénomènes animiques »
S. Freud, Nouvelle suite des leçons d’introduction à la psychanalyse (1932), dans S. Freud, Œuvres complètes, t. XIX, Paris, Puf, 1995, p. 154.
- « les processus psychiques dits inconscients »
S. Freud, Some elementary lessons in psycho-analysis (1938), dans S. Freud, Œuvres complètes, t. XX, Paris, Puf, 2010, p. 314.
- "Nous avons donc attribué trois qualités aux processus psychiques : ils sont ou bien conscients, ou bien préconscients, ou bien inconscients. La distinction entre les trois classes de contenus qui sont dotés de ces qualités n’est ni absolu ni permamente »
S. Freud, Abrégé de psychanalyse (1938), dans S. Freud, Œuvres complètes, t. XX, Paris, Puf, 2010, p. 250.
- « Nous nous disons que ce qui différencie une représentation consciente d’une représentation préconsciente et celle-ci d’une représentation inconsciente, ne peut être rien d’autre qu’une modification, peut-être aussi une répartition, de l’énergie psychique. Nous parlons d’investissements et de surinvestissements, mais au-delà de ces mots manquent toute connaissance, et même toute amorce d’une hypothèse de travail utilisable »
L’Homme Moïse et la religion monothéiste (1939), dans S. Freud, Œuvres complètes, t. XX, op. cit., p. 176-177.
Ensuite, la vulgarisation, les facilités de langage, aboutissent à des réification ; c'est la pente métaphysique du langage.
Mais Freud et Breuer et dès 1895 en sont très avertis ; vous leur faite mauvais procès :
"On tombe par trop facilement dans l’habitude de pensée consistant à supposer, derrière un substantif, une substance, à comprendre peu à peu, sous les mots « Bewusstsein », conscience, une chose. […] [I]l se forme effectivement avec le temps une représentation dans laquelle la métaphore est oubliée et avec laquelle on procède facilement à des manipulations comme avec une représentation réelle. La mythologie est alors toute prête"
Etudes sur l’hystérie, dans S. Freud, Œuvres complètes, t. II, op. cit., p. 252.
Merci pour ces intéressantes précisions.
Vous démontrez que les pères fondateurs ont été conscients de la tendance, du risque métaphysique. Dont acte. Resterait à prouver que ce dont ils ont été les fondateurs -- le corps de doctrine, le phénomène historique qu'a été la psychanalyse -- n'a pas été essentiellement métaphysique et n'a pas tenu le rôle que je lui assigne d'étape transitoire entre la théologie et la science.
Une telle interprétation fait-elle un "mauvais procès" à la psychanalyse ? Elle a au moins l'avantage de lui attribuer un rôle de nécessité historique...
Certains des propos tenus ici sont strictement faux. D'autres sont formulés d'un certains point de vue. Outre le caractère diffamatoire, peut-être attaquable au tribunal, certains propos tenus sont assez démonstratifs de la non-mise à jour des connaissances sur la psychanalyse de cet auteur qui jouit de sa position pour convaincre du bien fondé de son avis. En 2020, tenir certains propos comme cela est un signe clair d'amateurisme et de sérieux biais dans le travail de recherche sur la psychanalyse. Bien sûr, auprès des personnes qui ne connaissent pas bien non-plus, le style très affirmé et en apparence professionnel peut produire un effet de séduction mais honnêtement, c'est indigne d'un chercheur d'avancer certaines choses, sans vérifier leur exactitude ni si des choses ont évolué. Mais je n'hésiterai pas à citer au mot près certains propos afin de soutenir un vrai travail de réflexion sur ce genre de position à présent très courante qui consiste à déformer la réalité et de la faire passer par la vérité sur la réalité.
Je ne vous félicite pas pour ce genre de propos à charge, bien éloigné de la réalité du terrain et des pratiques cliniques actuelles.
Que de mots pour ne donner aucun argument!
C'est bien depuis que la psychanalyse a disparue de la psychiatrie que ce domaine se trouve en crise et a recours à des méthodes d'un autre temps (contentions, isolement...). Quand on ne sait plus écouter la subjectivité d'un patient, on ne peut que recourir à des procédés brutaux. La révolte de la psychiatrie de Mathieu Bellahsen est bien plus intéressante que la vôtre.
La psychanalyse n'a pas disparu de la psychiatrie en France, loin de là! Je rencontre suffisamment d'internes en psychiatrie pour constater que, même si la psychanalyse n'est pas enseignée en tant que telle à la faculté de médecine, elle est largement présente dans les séminaires et dans les stages d'internat, et son déclin est d'une lenteur extrême. Surtout en pédopsychiatrie où elle est dominante, mais pas seulement.
Au-delà de cette erreur factuelle, vous faites l'hypothèse d'un lien de causalité entre absence de psychanalyse et méthodes brutales en psychiatrie, mais vous n'apportez aucun élément de preuve. Il conviendrait 1) déjà d'établir qu'il existe une telle corrélation; 2) que si corrélation il y a, elle reflète bien un lien de causalité. On est loin du compte.
A mon sens, la corrélation elle-même est loin d'être établie. Les méthodes brutales en psychiatrie existent depuis longtemps, et la psychanalyse ne les a pas fait disparaitre. Au contraire, je ne compte plus les témoignages sur ces services plein de soignants imbibés de psychanalyse, qui croient savoir écouter la subjectivité des patients, mais qui sont incapables de gérer les symptômes, et se retrouvent du coup à utiliser les méthodes brutales que vous réprouvez, contention ou prescription forcée de psychotropes.
Et la comparaison entre la psychiatrie française et celle pratiquée dans d'autres pays n'est pas flatteuse pour nous. Par exemple, les pays moins imbibés de psychanalyse que le nôtre consomment aussi généralement moins de psychotropes.
Bref, c'est peu dire que votre affirmation mériterait d'être étayée par de solides données factuelles avant qu'on puisse la prendre au sérieux.
La psychanalyse ayant été démontré efficace (et globalement aussi efficace que les autres approches psychothérapeutiques) par des ECRS et des méta-analyse, je ne comprends même pas le titre de votre article.
Vos posts de blog sont là pour aguicher le lecteur, pas pour l'informer.
Si la psychanalyse est scientifiquement prouvée comme efficace (cf plus haut), pourquoi vous poser la question de sa place dans la psychiatrie du XXIe siècle ?
Voudriez vous qu'une théorie et une pratique qui ont fait leurs preuves soient écartées des dispositifs de soin et ne puissent pas servir aux patients ?
Au nom de quelles raisons anti-scientifiques (idéologiques ?)