Couvrez ce nez que je ne saurais voir
Nos autorités ont-elles mesuré le bouleversement qu’elles allaient apporter à la langue et à la littérature françaises en rendant le masque obligatoire ?
L’expression « Ça se voit comme le nez au milieu du visage » ne sera plus comprise par les jeunes, qui diront « C’est caché comme le nez au milieu du visage ». On ne dira plus « Je me suis trouvé nez à nez avec Untel », mais « Je me suis trouvé masque à masque avec Untel ». Nous « casser le nez » ne nous arrivera plus. Quelle image remplacera celle-ci ? À l’imagination collective d’en trouver une !
Il va falloir réécrire une bonne part de la littérature. Par exemple, la tirade des nez de Cyrano de Bergerac. « Moi, Monsieur, si j’avais un tel nez, il faudrait sur le champ que je le dissimulasse derrière un masque! ». Ou encore « Pour qu’il ne soit pas transpercé par votre nez, portez un masque en béton armé ! »
Pascal, de nos jours, écrirait « Le nez de Cléopâtre s’il eût été masqué la face de la terre aurait changé ».
La tâche la plus difficile reviendra aux auteurs de romans policiers. Ils devront impérativement veiller, dans leurs derniers chapitres, à ce que le coupable se trouve à au moins un mètre de tout autre personnage du roman : il ne manquerait plus que ça, si ce coupable ajoutait à ses méfaits passés le méfait supplémentaire de contaminer celui qui vient de le démasquer !