Imprimantes 3D et cuisine note à note
L'avènement des imprimantes 3D va contribuer à développer la cuisine note à note.
Je pressens que les deux éléments de cette déclaration méritent d'être expliqués.
Commençons par la cuisine "note à note" puisqu'elle a l'antériorité : il s'agit de cuisine de synthèse, c'est-à-dire de construction de plats à partir de composés.
Cette pratique est tout à fait analogue à la musique de synthèse, où l'on construit des musiques à partir d'ondes sonores pures.
Et cette cuisine note à note, cette cuisine de synthèse, se développe maintenant, lentement mais sûrement, depuis 1994, avec des conférences, des livres, des articles, les concours internationaux, des formations, et cetera.
Progressivement, des commerçants vendent des produits pour créer les consistances, les couleurs, les odeurs, les saveurs, les sensations trigéminales, et cetera.
Et, de plus en plus, des recettes sont mises en ligne.
Pour les imprimantes 3D, d'autre part, il s'agit d'imprimantes analogues aux imprimantes de bureau, mais où la buse qui émet de l'encre sur du papier dépose plutôt un liquide un peu épais qui vient solidifier à mesure du dépôt, soit parce que sa composition est ainsi préparée, soit parce que des lasers viennent assurer une coagulation, par exemple.
Il y a les imprimantes 3D de différents types, et se développent dans le monde de nombreux groupes qui explorent le fonctionnement de ces systèmes.
Dans une imprimante 3D, les ingrédients ne sont pas des carottes, des navets, des viandes ou des poissons, mais bien des mélanges liquides susceptible d'être déposés par la buse mobile qui vient construire l'objet.
Ce liquide peut bien sûr être un légume broyé, amendé de protéines, ou d'autres agents gélifiants, mais ce peut être aussi toute autre composition.
Si l'on prépare ces compositions par des procédés culinaires classiques, on est très limité... et c'est là que la cuisine note à note trouve tout son intérêt : dans le liquide que l'on compose, on y met ce que l'on veut. Si l'on veut plus de protéines pour une consistance plus dure, alors on dissout dans le liquide plus de protéines ; si on veut une consistance plus molle, on en met moins. Si l'on veut une couleur bleue, alors on dissout un colorant bleu ; si l'on veut un composé à odeur de champignons, alors on utilise de l'octénone ou de l'octénol, qui ont des odeurs de champignons.
Et ainsi de suite : la cuisine note à note permet de composer à volonté le liquide que l'on déposera.
Et c'est ainsi que, par une évolution que je n'avais pas prévue, la cuisine note à note est appelée à se développer plus que je n'imaginais initialement.