Je vous écris de Palo Alto
J'écris de Palo Alto, où j'ai le bonheur d'être dans le jury du prix Google pour la science et la technologie (c'est là ma terminologie ; eux, c'est Google Science Fair). Mon bonheur n'est pas d'être au soleil de Californie... car je suis à l'ombre, dans une pièce. Ce n'est pas d'être sur le campus de Google, parce que rien ne ressemble plus à un campus qu'un autre campus, et, de toute façon, il y a beaucoup de secret dans les travaux de la société. Ce n'est pas d'être dans un jury, parce que cela me prend du temps pour la recherche scientifique.
Non, le bonheur, c'est celui de rencontrer des jeunes si fêlé de science et de technologie qu'ils en viennent à faire des choses remarquables. Par exemple, l'un d'eux a pris les images du ciel nocturne, et a chercher à distinguer des quasars qui seraient des doublons, en vertu d'effets de lentille gravitationnelle. Un autre a produit des chaussettes connectées, qui détectent quand quelqu'un qui a la maladie d'Alzheimer se lève la nuit et risque de vagabonder. Un autre a produit un système de purification de l'eau à base de dioxyde de titane et de graphène. Et ainsi de suite. Leur âge : de 13 (oui, 13!) ans à 18 ans. Ils promettent !
La difficulté : il n'y a pas de prix pour tout le monde, et il faut choisir, sachant que ceux qui ne seront pas élus seront forcément un peu déçu. Mais il y a la possibilité de les encourager.
A discuter, aussi : la question des "concours". De même que la vertu est sa propre récompense, le travail scientifique doit-il se faire en vue d'un prix dans une compétition ? Nous allons gommer cet aspect.
Ah, que la science est une belle activité, en tout cas !