La science n’est pas du dogme !

Récemment, dans une soutenance, le candidat représentait des descriptions de systèmes colloïdaux telles que celle-ci :

Là, ce n'était pas "à la hauteur" ! J'aurais largement préféré celle-là :

Mais, là encore, je n'aurais pas été satisfait, parce que l'image est trompeuse. Notamment, les tailles respectives des gouttelettes de matière grasse et des protéines ne sont pas bien indiquées : dans une mayonnaise, les gouttes d'huile ont un diamètre compris entre un centième et un dixième de millimètre, alors que les protéines ont une centaine de nanomètres de longueur seulement.

Par exemple, également, les phospholipides, dont les molécules sont représentées par une grosse tête et une petite queue... ont en réalité une tête faite d'un "petit" groupe phosphate, et d'une queue hydrocarbonée à une vingtaine d'atomes de carbone. Pourquoi fait-on alors cette représentation ? Réponse : parce que c'est le champ, qui est ainsi représenté, la possibilité d'interactions. Et puis, sait-on assez que cette représentation ne montre pas que le système est dynamique : des molécules de phospholipides quittent les micelles, y arrivent ; des molécules d'eau peuvent même aller au centre des micelles !

L'exemple que j'ai pris correspond à ce que je cherche à faire comprendre à nos étudiants de Master, et cela s'assortit de l'histoire (vraie) suivante : quand j'ai commencé mes travaux, on disait que les émulsions de type mayonnaise étaient "stabilisées" par les phospholipides... mais j'ai montré que les protéines étaient plus importantes, notamment en faisant des "geoffroys", des émulsions à partir de blanc d'oeuf et d'huile.

Bref, notre candidat allait trop vite, passait trop vite sur mille détails essentiels, considérait comme acquis des idées que je crois loin d'être établies. Surtout, la science questionne les représentations. C'est en pensant à des phénomènes dynamiques, par exemple, que l'on peut s'interroger sur les possibles effets de cette dynamique ; sans quoi, on reste dans le dogme de la représentations simpliste.

Bien sûr, notre candidat était inventif, dynamique, et il faisait un très bon travail de technologie... mais un travail de technologie, et pas un travail scientifique comme il l'ambitionnait.

Pour cela, il aurait fallu être moins sûr de soi, éviter des "démontrer", des "hors de doute que", sans compter que tous les adjectifs et adverbes auraient dû être remplacés par la réponse à la question "combien ?".

 

Non, la science n'est pas du dogme !

Publier un commentaire