Le doute et la science

 

Ce matin, on m'a envoyé un lien vers une vidéo navrante, montrant une table ronde prétendument consacrée à la science, mais qui partait d'un présupposé selon lequel la science aurait été caractérisé par le doute.

Cette idée, qui reste donc à explorer, était montrée sans aucune subtilité comme s'il y avait eu une équation science = doute.

Selon cette équation, la science (personnifiée ?) aurait douté de tout, de sorte que se serait posée la question -c'est la médiocre rhétorique du dragon chinois : on crée un problème qui n'existe pas, et on le pourfend pour montrer que l'on est très bien- de savoir comment faire pour penser qu'il y a de l'assuré, et comment répondre aux complotistes, pour qui un doute s'oppose à un autre doute.

Mais les sciences de la nature sont bien autre chose que des présupposés ! Ce sont des activités de recherche des mécanismes des phénomènes par une méthode où il y aune part de doute, certes, mais pas un doute au sens d'une réfutation systématique.

 

Les sciences de la nature

 

Allons y voir, en répétant, donc, que les sciences de la nature cherchent les mécanismes des phénomènes par une méthode qui commence par une identification des phénomènes que l'on explore. Là, pas de doute, mais, bien au contraire, la volonté le bien poser une question, de bien s'assurer de fait que l'on va étudier.
Donc certainement pas du doute.

Puis il y a une caractérisation quantitative, des mesures. Et là encore, c'est évidemment le contraire du doute, puisque l'on caractérise le phénomène. Mieux même, qu'on introduit des nombres, des nombres solides.

Bien sûr, un esprit faux pourrait faire observer (s'il était arrivé jusqu'à ce point de connaissance) que la valeur exacte d'une mesure est inaccessible, en raison des perturbations de mesure... Mais quand même, il ne faut pas exagérer : d'une part, la moyenne de plusieurs mesures est démontrée être un bon estimateur de la valeur cherchée, et, avec les perfectionnements des appareils de mesure, nous approchons sans cesse davantage de cette valeur... au point que certaines mesures se font avec un nombre de décimales ahurissant !

Sans compter que les sciences de la nature sont sans cesse dans la "validation" : nous craignons tant la présence du diable dans les détails que nous ne cessons de le pourchasser.
Bref, quand on mesure la rotondité de la Terre (par exemple), on sait où on en est, de nos certitudes. Pas de doute !

La troisième étape, la réunion des données quantitatives en équations, n'est pas une étape de doute, mais, au contraire, un affermissement : les équations trouvées ne sauraient s'appliquer à des données incohérentes.

Puis vient la construction d'une théorie, par regroupement des équations identifiées, et par induction : là le doute est hors sujet.

Mais c'est après, dans la recherche de conséquences théoriques et les test expérimentaux de ses conséquences que nous espérons des réfutation : ce n'est pas que nous doutions des théories, car nous savons nos théories insuffisantes.

Ailleurs j'ai dit que les théorie sont fausses, parce qu'elle le sont par principe, mais en réalité ce n'est pas parce qu'elles sont fausses qu'elles sont inutiles, et c'est simplement, comme à propos de la mesure, que nous cherchons les remplacer par de meilleures théories, plus fécondes.

Bien sûr, il y a toujours la place pour des découvertes extraordinaires sans quoi nous ne ferions pas notre métier. Oui, nous avons le sentiment que derrière tout ce que nous savons, il y a encore beaucoup à apprendre, à savoir, mais cela n'est pas du doute ; c'est plutôt de l'espoir.

Bref, poser la science comme le royaume du doute n'est pas une bonne façon d'expliquer ce qu'est la science. Les organisateurs et les participants à ce débat auraient donc bien fait de commencer par des explications telles que je viens de les donner : si l'on veut parler de sciences de la nature au public, il y a d'abord lieu de lui expliquer (puisqu'il l'ignore complètement) ce que sont ces activités et comment elles fonctionnent. Pour parler d'un objet, il faut connaître cet objet, non ?

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