Ni adjectif, ni adverbe
Et voici pour une série de billets intitulés : "les bonnes pratiques en sciences de la nature".
J'ai posté naguère un billet de blog où j'écrivais qu'il ne faut, dans les textes scientifiques (j'insiste : dans ces textes-là), ni adjectif, ni adverbe, parce que ces mots sont imprécis, voire sans sens ; je propose de toujours les remplacer par la réponse à la question « Combien ? ».
Il y a eu des lecteurs intéressés par l'idée, mais quelques uns ont contesté cette idée, disant que les adjectifs et les adverbes font partie de la langue française.
Oui, en français, je n'ai pas d'objection, mais lisons mieux : j'ai écrit "dans les textes scientifiques" !
De surcroît, aucun de mes contradicteurs n'a discuté vraiment la question dans le contexte des études scientifiques, et aucun n'a donné d'argument contre ma thèse. Je la maintiens donc absolument, et, rapporteur de manuscrits scientifiques, je m'évertuerai sans cesse à lutter contre ces scories de la pensée scientifique.
Pour autant, ce qui peut sembler une espèce de censure peut devenir un atout, et, au lieu d'interdire les adjectifs et les adverbes, je propose une voie bien plus brillante, plus positive, plus prometteuse même en termes de production scientifique : chaque fois que nous remplaçons un adjectif ou un adverbe, nous affinons la compréhension des phénomènes.
Chaque adjectif ou chaque adverbe que l'on détecte - à condition de l'éradiquer- est donc la possibilité d'améliorer le travail que l'on fait.
Oui, je crois que les adjectifs et les adverbes sont merveilleux... parce que ce sont des proies faciles, des possibilités rapides d'amélioration de nos travaux.
Autrement dit, j'aime beaucoup les adjectifs et les adverbes parce qu'ils me permettent à bon compte de produire de la meilleure science.