Une bûche de légumes, pour Noël
Une bûche de légumes
Il y a des questions qu'il vaut mieux bien analyser, avant de plonger dans une réponse. Et puis, ne gagnons-nous pas toujours à prendre un peu de hauteur, pour mieux voir le paysage ?
Aujourd'hui, la question qui m'est adressée est la suivante :
Je souhaiterais faire une bûche de légumes. Pour ce faire, j ai besoin d'utiliser un gélifiant qui me permette de réchauffer ma bûche, sans qu'elle ne s'effondre.
Immédiatement, j'avais la réponse, mais ma grande candeur me fait penser que ceux qui veulent la réponse accepteront un détour par le sommet où nous grimperons pour mieux embrasser le paysage, et non pas seulement "la" réponse, mais "des" réponses. Pas certain que j'aie raison de penser ainsi.
Qu'importe ! Après tout, je fais ce qu'il me plaît, et qui m'aime me suive.
Donc partons de légumes : ce sont des tissus végétaux, à savoir des assemblages de cellules, avec, donc, le liquide intracellulaire dispersé dans un réseau solide. C'est exactement un gel, selon la définition de l'Union internationale de chimie pure et appliquée !
Je le répète de façon plus simple : un légume, c'est un gel.
Mais un légume ne fait pas une bûche tout entière, et j'entrevois que mon correspondant pense à assembler plusieurs légumes: des carottes, des petits pois, des oignons, des asperges, que sais-je, en une pièce qui a la forme d'une bûche.
Et il faut donc une colle, un ciment, entre les différentes pièces.
Une colle ? Oui, une colle comestible, telle une solution de gélatine, que l'on utiliserait classiquement pour un bavarois, par exemple.
Mais les solutions de gélatine fondent à la chaleur, et notre correspondant souhait manifestement faire un bûche chaude. Il faut donc une colle qui tienne à la chaleur. De quelle nature peut-elle être ?
Observons que la gélatine est une protéine, et que nous pourrions chercher tout d'abord des protéines qui se lieraient sans se défaire à la chaleur... Mais n'est-ce pas le cas des protéines de l’œuf ? La solution est donc toute simple : on met dans un moule en forme de bûche les légumes, et l'on ajoute de l’œuf ; puis on cuit, pour faire prendre coaguler les protéines de l’œuf.
Et là, dans cette option, on peut faire de l’œuf battu, du jaune d’œuf pur, du blanc d’œuf pur... mais aussi de l'eau additionnée de protéines d’œuf si l'on dispose de cet ingrédient.
Et puis, il y a d'autres protéines : dans les viandes, les poissons, les crustacés, n'est-ce pas ? Broyons de la viande, du poisson ou des crustacés crus, puis, dans le procédé évoqué précédemment, remplaçons l’œuf par ces préparations, qui, comme quand on fait une terrine, feront le ciment voulu.
Là, nous étions au royaume des protéines, mais il y a d'autres polymères qui peuvent se lier et former un gel, où les morceaux de légumes seraient emprisonnés. Par exemple les polysaccharides.
Et c'est ainsi que la bûche pourrait tenir si l'on mettait les légumes dans une sauce blanche un peu épaisse.
Ou bien si l'on utilisait de l'agar-agar : cette fois, il faudrait dissoudre l'agar-agar (une poudre blanche, on la trouve en supermarché grâce aux propositions que j'ai faites il y a 40 ans, de la "cuisine moléculaire) dans une solution aqueuse (du jus de légume, par exemple), puis chauffer ; on coulerait cette solution autour des légumes, dans le moule, et l'on obtiendrait la gélification, au refroidissement. Et ce gel là tiendrait au réchauffement.
Mais il y a bien d'autres solutions : avec les alginates, avec des carraguénanes, etc.
Et j'ai encore bien des idées en réserve, mais inutile de faire trop long.
Bref, pour répondre à la question, il s'agit de faire un gel thermorésistant, et d'y placer les légumes.